Algérie : les imams, en conflit avec le ministère, menacent de paralyser les mosquées

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Réclamant une revalorisation de leur statut et de leurs avantages, les imams menacent d’organiser, dans les prochains jours, un rassemblement national sous le slogan « turbans blancs en mouvement ». Un appel à la mobilisation qui a fait réagir le ministre des Affaires religieuses, accusant des « forces obscures » de vouloir « parasiter un dialogue constructif ».

« La balle est dans le camp du ministre. Il doit assumer ses responsabilités », a déclaré à Jeune Afrique Djelloul Hadjimi, Secrétaire général (SG) de la coordination nationale des imams. Points de discorde : la révision du statut particulier de l’imam, et une demande de revalorisation salariale.

« Le statut particulier de l’imam relève du régime de la fonction publique. Je ne peux pas promettre ce que je n’ai pas », a répondu Mohamed Aïssa, ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, jeudi 13 décembre dans une déclaration publique. « Le ministre s’est engagé en 2015 à revoir le statut particulier de l’imam. Nous disposons d’un procès-verbal dans ce sens », réplique Djelloul Hadjimi, qui s’interroge : « Pourquoi ce recul maintenant ? »

Dialogue de sourds

Le syndicat des imams réclame aussi diverses primes, un logement de fonction, un véhicule de service, des promotions aux grades supérieurs, plus de sécurité dans l’exercice de ce métier et la dépénalisation des actes et prêches des imams. Djelloul Hadjimi certifie que le département des Affaires religieuses a convié à plusieurs reprises le syndicat des imams à des séances de dialogue, sans apporter de réponses concrètes à leurs revendications.

« Nous ne voulons pas d’un dialogue sans résultats. Hier encore [mercredi 12 décembre], nous avons reçu une autre invitation à discuter. Avant même de donner notre réponse, nous avons été surpris d’être accusés par le ministère de fermer la porte à la concertation », ajoute Djelloul Hadjimi.

Un salaire « plus important qu’un enseignant »

« Le salaire moyen d’un imam est de 40 000 dinars [environ 300 euros]. Il dispose ainsi d’un revenu plus important qu’un enseignant de l’Éducation nationale, s’il l’on comptabilise les primes pouvant atteindre jusqu’à 60 % de sa rémunération mensuelle », confie à Jeune Afrique un inspecteur central au niveau du département des Affaires religieuses, sous couvert d’anonymat. « La situation financière du pays ne permet pas d’augmenter les salaires », tranche-t-il.

Le 10 décembre dernier, la coordination nationale des imams, qui revendique 200 000 membres, a révélé avoir sollicité, par écrit, l’arbitrage de la présidence de la République et du Premier ministère. Sans succès.

Le bras de fer qui dure depuis des mois ne semble pas prêt de connaître son épilogue. « C’est ce qui nous pousse à sortir dans la rue pour manifester pacifiquement », peste le SG de la coordination nationale des imams. « Contre les actions de rue et la logique de confrontation, j’oppose ma responsabilité de commis de l’État. Les lois de la République seront appliquées », a opposé jeudi le ministre.

Auteur : Jeune Afrique 

 

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