Covid-19, confréries, différence entre prêcheurs… : les confidences de Oustaz Maodo Faye 

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La pandémie du coronavirus continue d’occuper l’essentiel de l’actualité. En effet, de plus en plus de personnes doutent de l’existence de la maladie malgré l’augmentation des cas positifs et les décès liés à la Covid-19. La faute est imputée à une mauvaise communication de l’Etat, mais Oustaz Maodo Faye ne partage pas cet avis même s’il reconnait qu’il y des failles. A l’en croire, c’est plutôt une question de mentalité, c’est comme la propreté, c’est un état d’esprit. Il estime qu’au début, l’Etat du Sénégal aurait dû essayer d’atteindre le plus de personnes en allant au niveau des quartiers, en faisant du porte à porte s’il le faut pour sensibiliser les populations. En plus, le corps médical devait être mis au devant de la scène. En effet, le gouvernement pouvait envoyer des délégations composées de médecins dans les différents foyers religieux du pays afin de les sensibiliser. Ainsi, il considère que si, malgré les nombreux morts en Chine, en Espagne et même au Sénégal, il y a des gens qui continuent à nier l’existence de la maladie, c’est que ce sont simplement des nihilistes.

Sur un autre registre, Oustaz Maodo Faye est revenu, dans cet entretien, sur la pratique religieuse au Sénégal pour dire que nous vivons un islam confrérique. Des personnes ont introduit l’islam dans notre pays, d’autres l’ont vulgarisé et après l’arrivée du colon, d’autres lui ont opposé une résitance farouche à l’instar de Cheikhoul Khadim, Seydi Hadj Malick, entre autres. Ce qui a eu une conséquence sur notre façon de vivre, notre foi. Ce qui n’entache en rien notre foi en Dieu car nous respectons les 5 piliers de l’islam. En conquérant l’Afrique, le colon nous a vendu son intellectualité et a laissé sa langue, l’arabe nous a laissé l’islam et sa culture et tout cela s’est combiné à nos us et coutumes. Car, n’oublions pas que les Sénégalais étaient des ceddo. Ces trois éléments font de nous des hybrides. Ainsi, certains croient autant en Dieu qu’aux gris-gris. Et ça, c’est du chirk, parce qu’à la fin, le gris-gris risque de prendre la place Dieu. Toutefois, les divergences de point de vue sur la religion ne sont pas seulement l’apanage des Sénégalais. En effet, quand le Prophète Mohamed (SAS) s’est éteint, c’était un lundi, il a été inhumé le mardi, mais il y a eu des problèmes politiques, des querelles de succession. D’ailleurs il y a même des différences dans l’interprétation du Noble Coran qui est une œuvre parfaite. Même la prière est sujette à des contradictions. Donc, cet état de fait ne date pas d’aujourd’hui. Ce qu’il faut retenir, c’est que cela ne touche pas les principes fondamentaux de l’islam comme l’unicité de Dieu, la Kaaba qui se trouve à la Mecque, le Prophète Mohamed (PSL) qui est l’Envoyé de Dieu… Ainsi, ce sont ces-mêmes désaccords qu’on observe dans la pratique de l’islam au Sénégal.

Sur la recrudescence des meurtres, Oustaz Maodo Faye indique que c’est Satan qui est dans ses œuvres. Quand quelqu’un tue son proche, il n’est plus lui-même au moment de passer à l’acte. C’est dit dans le Coran à la sourate Yassin. C’est pour cette raison que le Prophète (PSL) recommande, quand on est en colère de s’asseoir si on est debout, de s’allonger si on est assis ou alors de faire la petite ablution, prier deux rakkas (prosternations) et de sortir. Parce que la colère est la meilleure alliée de Satan qui a juré de perdre les humains aux quatre coins du monde. Quid du cas Bara Touré, du nom de l’homme qui a égorgé ses deux enfants à Touba et qui a imploré la Miséricorde divine pour son acte ? Oustaz Faye indique qu’Allah (SWT) peut pardonner tous les péchés sauf l’association. Et sur l’affaire Bara Touré, il n’en sait que ce qui est relaté dans la presse. Toutefois, il rappelle que quiconque ôte volontairement la vie de son prochain, est voué à vivre éternellement en Enfer.

Par ailleurs, Oustaz Maodo Faye s’est exprimé sur la différence dans la manière de prêcher des Oustaz Iran Ndao, Alioune Sall, Ahmed Khalifa Niasse, Taïb Socé, entre autres. A l’en croire, il existe une grande différence entre ces derniers parce qu’il y a ce qu’on appelle la communication à variable géométrique. De ce qu’il a appris à l’ISIC d’où il est sorti, Oustaz Faye indique que communiquer n’est pas informer, le communiquant cherche à avoir un feed-back (retour). Ainsi, chacun communique selon son tempérament. Oustaz Alioune Sall est par exemple un pédagogue qui sait interpréter les versets coraniques parce que le Coran, on doit l’interpréter en fonction du temps et du milieu. Le problème qui se pose avec les Oustaz, indique-t-il, c’est que quand on apprend d’une seule école, on ne maîtrise pas forcément les autres. Par exemple celui qui se réfère uniquement à l’imam Malik aura du mal à être d’accord avec un collègue qui a appris avec une autre école. Ahmed Khalifa Niasse quant à lui a sa propre façon de lire et d’interpréter. Avec lui, soit on n’a pas encore atteint son niveau soit on n’a pas appris de la même école. Parce qu’il estime qu’il est très délicat d’aborder certaines de ses déclarations. Toutefois, Oustaz Faye reconnait qu’il ne maîtrise pas toutes les écoles, du coup il ne peut pas réfuter ses arguments. Quoi qu’il en soit, il faut, selon lui, pouvoir donner à chaque fois des références comme le Coran ou des Hadiths.

Sur la réouverture des mosquées, Oustaz Maodo Faye dit être à la fois pour et contre. A l’en croire, il faut d’abord savoir le rôle de la mosquée, est-ce qu’elle sert juste pour la prière ? A Médine, c’est dans les mosquées que le Prophète (PSL) réglait beaucoup de problèmes, il y discutait avec les fidèles. La mission première de la mosquée, c’est l’éducation. Quand l’imam fait son prêche, c’est pour que les gens apprennent leur religion. « Je l’ai dit ici, un quartier qui dispose déjà d’une mosquée n’a pas besoin d’en avoir un autre. Il vaudrait mieux construire une école à la place. L’islam recommande de bâtir des écoles avant de construire des mosquées. Car c’est des écoles que sortent les imams qui font le prêche dans les mosquées. Les mosquées sont des maisons de Dieu, mais au Sénégal, on dit souvent que telle mosquée appartient à tel. On n’a pas le droit de diriger la prière dans certaines mosquées », a-t-il dit. Pourquoi autant de divergences parmi les musulmans, Oustaz Faye dit avoir une fois posé la question à Tariq Ramadan. L’islamologue lui a répondu que l’islam n’a pas de problème, ce sont les musulmans qui en ont.

Ainsi, il estime que l’Etat a fait une erreur en fermant les mosquées. Pour lui, le chef de l’Etat Macky Sall aurait dû appeler les imams et leur demander de s’organiser. Toutefois, il indique que ceux qui ont pris l’option de fermer aussi ont eu raison de le faire s’ils craignent que la maladie se propage. Car il n’est pas dit qu’on doit uniquement prier à la mosquée.

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