Exclusif : Sidy Diagne Pdg de Excaf solde ses comptes

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Rendez-vous est pris à son bureau XXL à Excaf aux Hlm. «Le bureau du père Ben Bass Diagne». Un espace où le clinquant cohabite avec des objets baroques comme ce tableau de la Joconde. C’est un homme apaisé, qui reçoit loin des tourments de gestionnaire qui pendant deux ans a su faire des calculs d’épicier pour trouver la bonne formule face aux multiples équations à mille inconnues qui ont escorté sa gestion. Aujourd’hui, Excaf respire un gros coup, même si La boite avec ses entités (Dtv, Rdv, Soxna Fm, Dunya Fm…) n’est pas encore sortie de l’auberge. Mais Sidy a dû trimer pour traverser cette nuit noire qui a failli engloutir ses 4 immeubles mis sous hypothèque.

Le Successeur de Ben Bass Diagne sort également de sa réserve pour solder ses comptes avec La Ligue Pro et les Chinois de Startimes. Les soucis de la Télévision numérique terrestre (Tnt) et la qualité loin de satisfaire les clients sénégalais ont été abordés dans cet entretien avec igfm

Après deux ans de galère, vous venez dernièrement de payer les salaires des travailleurs, est-ce que c’est un ouf de soulagement pour vous ?

Evidemment, c’est un ouf de soulagement pour nous déjà au niveau de la Direction générale. Parce que nous savions qu’il y avait beaucoup de sacrifices des employés qui nous ont accompagné en croyant que nous sommes capables de réussir ce projet. Il y avait beaucoup de souffrance chez eux. Et la première opportunité qu’on avait de régulariser, nous avons tenu à leur rendre hommage en leur payant l’intégralité des arriérés de salaires. Donc ça nous permet nous mêmes de nous acquitter de notre devoir. Parce que payer les salaires, c’est un devoir pour tout chef d’entreprise. Mais je voudrais en profiter pour remercier l’ensemble des employés pour tout ce sacrifice. Nous les avons également exhortés à retrousser les manches et se mobiliser pour finir cette dernière ligne droite qui nous permettrait de libérer ce projet et en répondant à la confiance placée en nous par l’Etat du Sénégal.

2ans, c’est long comment les travailleurs ont vécu ces durs moments sans salaires ?

C’est vrai que nous avions des retards de salaires de trois quatre à cinq mois, mais nous étions toujours là à l’écoute des besoins et des attentes des agents. Je pense qu’aucun salarié n’a eu à solliciter par rapport à un problème ponctuel qu’il avait dans sa vie de tous les jours qu’on n’a pas su répondre favorablement. Evidemment nous ne pouvions pas combiner, assurer le développement convenable de la Télévision numérique terrestre (Tnt) et respecter nos engagements à l’interne, mais nous avons avec nous des gens qui sont conscients des enjeux, conscients des ambitions que nous avons pour pérenniser l’entreprise, conscients qu’ils font partie de la famille du groupe Excaf et que nous nous devons assistance et nous devons serrer les coudes.

 

Est-ce qu’il vous est arrivé de rentrer chez vous et de perdre le sommeil à cause de salaires impayés ?

C’est le lot de tous les chefs d’entreprise. Que vous payez les salaires à la fin du mois ou pas, vous veillez à ce que l’entreprise fonctionne normalement et qu’i y ait une certaine symbiose au sein de l’entreprise. Même si par moments nous avons traversé des moments extrêmement difficiles. Même si nos nuits ont été longues, nous avions où nous allions. Nous savions que le bout du tunnel était très proche. Aujourd’hui je ne peux pas dire que nous sommes sortis de l’auberge et que les problèmes sont derrière nous. Mais le plus grand défi que nous avons c’est de consolider les acquis (…) Nous avons nous mêmes appris de nos erreurs et nous concentrer sur ce que nous savons faire le plus.

 

Vous êtes le successeur de votre père Ben Bass Diagne, est-ce qu’à un moment donné vous n’avez pas douté de vos capacités à manager ce groupe ?

Nous sommes en perpétuel doute. C’est en cela que nous nous remettons en question, c’est en cela que nous avançons, c’est en cela que nous sollicitons chaque jour ces prières. Nous avons été formés dans une famille où le sacerdoce commun c’est le travail et nous voulons que la société qu’il a créée en 1972 cela fait 46 ans soit la première au Sénégal. Mais cette ambition passe par beaucoup d’apprentissage.

 

Qu’avez-vous ressenti quand on a saisi vos quatre immeubles ?

Pour qu’on saisisse nos quatre immeubles, il a fallu d’abord qu’on les mette sous hypothèque. Pour prouver que nous pouvons aujourd’hui en tant que Sénégalais réussir de grands projets et tous les biens que nous a laissé notre défunt père, nous l’avons laissé en hypothèque parce que nous croyons en ce pays. Au moment où nous faisons ce projet de la Tnt, c’est nous qui avions proposé à l’Etat que c’était possible de réussir le projet de la Tnt sans bourse déliée pour aucun contribuable sénégalais. La seule condition que nous avions demandé à l’Etat, c’est qu’il protège le projet…Jusqu’ici nous avons rempli notre part du contrat. Sur les 40milliards que nécessite le financement du projet, nous avons intégralement contribué à 100 % sur le financement. Nous n’avons pas reçu de subventions ni l’aide de l’Etat.

 

«Saer Seck m’a déçu… »

Qu’est-ce qui vous oppose à Startimes ?

Aujourd’hui en tant que société rien ne nous oppose à Startimes. Il est clair que nous sommes dans un état de droit et c’est aujourd’hui le Cnra (Conseil national de régulation e l’audiovisuel) qui est le régulateur de l’audiovisuel qui a déclaré Startimes illégal au Sénégal. Ce n’est pas une question entre Excaf et Startimes mais l’Etat a ses lois, ses règlements et tout autre opérateur qui désire investir au Sénégal se doit de respecter les lois de ce pays.

 

Mais Babacar Diagne le Président du Cnra s’en lave les mains estimant que ces deux structures privées ?

Je n’ai pas la même lecture. Je ne suis pas d’accord qu’on puisse assimiler la Ligue professionnelle a une entité privée. La ligue pro est une association qui est délégataire d’une mission de service public. Donc le contrat entre Startimes et la ligue professionnelle doit respecter les règles établies par le Sénégal. Je suis quand même déçu de certains propos qui ont été tenus là-bas, mais il faut que la loi reste égale à tout le monde. Nous ne sommes pas opposés qu’il y ait des gens qui interviennent dans l’audiovisuel au Sénégal pour peu qu’ils respectent les lois. Aujourd’hui nous avons fait un investissement assez important pour pouvoir accepter que des gens foulent nos lois et règlements sous prétexte qu’ils ont signé avec la ligue professionnelle  et qu’on leur doit de donner de facto l’autorisation d’exercer. Je pense que c’est plutôt l’inverse. Je crois qu’il y a un minimum à respecter.

 

Saer Seck qui vous égratigne au passage disant que vous n’avez pas mis un centime sur le foot sénégalais ?

Il est quand même difficile pour un président comme lui d’accepter la légèreté dont il a fait montre en signant ce contrat, sans prendre au moins le minimum de garantie. J’ai vu qu’il s’est transformé en directeur des relations publiques de Startimes pour démarcher l’ensemble des autorités pour que ces dernières accordent une autorisation à Startimes. Je trouve que c’est dommage qu’on en arrive à ce que des dirigeants oublient que la loi c’est la loi quelque soit par ailleurs des intérêts crypto-personnels ou d’ordre général qu’on peut avoir. Etre le patron du football local sénégalais et tenir ces propos me semble déplacé et inapproprié.

 

Où est-ce que vous êtes prêts à aller pour régler ce différend face à Startimes ?

Nous avons fait ce que nous devrions faire. Aujourd’hui, une autorité qui déclare qu’une structure est illégale qui est quand même le patron de l’audiovisuel affirmant que Startimes est illégal, je pense que ça devrait suffire à classer un dossier ou à ce que les autorités prennent des décisions pour mettre fin à cette illégalité. Que l’Autorité de régulation de l’audiovisuel public (Artp) également demande à ce que Startimes puisse se conformer en produisant une convention ou un cahier de charges devrait suffire même à la Ligue.

 

«Pourquoi, la Tnt ne couvre pas Kolda et Sédhiou»

3 ans après le déploiement de la Tnt quel bilan peut-on en faire ?

Aujourd’hui nous n’avons pas totalement terminé le projet. Parce qu’il reste des sites à couvrir. Il y a certaines régions comme Kolda et Sédhiou où nous n’avons pas encore installé les équipements qu’il fallait. Nous avons traversé deux années très difficiles qui ne nous permettaient pas de conjuguer l’installation et la mise en place effective. Mais aujourd’hui nous sommes dans la dernière ligne droite. Je pense que l’Etat compte faire un basculement de la région de Dakar pour entamer la fin du projet. C’est en cela que nous nous préparons, assurer une bonne couverture en qualité des villes ciblées, fournir un nombre de décodeurs suffisants pour que cette transition puisse se faire le plus efficacement possible.

Est-ce que vous pouvez donner des garanties à vos clients qui se plaignent de la qualité de la Tnt, quand est-ce que les soucis techniques prendront fin ?

 

En fait ce qu’il faut savoir, c’est que la Tnt est une nouvelle technologie pour le Sénégalais. Aujourd’hui nous avons une bonne couverture du signal dans toutes les régions où le signal de la Tnt est disponible. Une qualité qu’on peut qualifier de 100%, mais chaque maison a sa particularité. Aujourd’hui nous avons environ 100 techniciens qui sont à la disposition des Sénégalais pour les assister dans l’installation des antennes, des décodeurs et tout ça gratuitement. Parce que quelqu’un ne peut pas avoir un bon signal et que son voisin se plaigne et le problème c’est chez le voisin et ça nous sommes conscients.

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