Halima Gadji alias Marème Dial: «j’ai une fille, mais le mariage n’est pas une priorité malgré les prétendants»

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Par son allure de délurée, sa mine enjouée, sa bouille attachante, son sex-appeal, elle crève l’écran. Halima Gadji alias Marème Dial, est l’une des actrices du moment. Son rôle dans «Maîtresse d’un homme marié» a fini d’asseoir sa notoriété. Toutefois, son aisance devant la caméra et sa faculté à fasciner son auditoire n’ont pas toujours été aussi évidentes. Derrière le masque de la joyeuse drille, se cache une réalité autrement plus sombre… Celle d’une enfant blessée, d’une adolescente effarouchée, d’une jeune fille stigmatisée, cataloguée bonne à rien depuis le saut du berceau. Aujourd’hui, malgré son succès qui sonne comme une revanche sur son histoire, Halima a du mal à se départir de ses douloureux souvenirs. Seulement, comme une seconde peau, elle en a fait une arme solide pour sortir la tête de l’eau, aller au delà de ses limites, devenir cette femme forte, droite dans ses bottes. D’ailleurs, ce jour-là, dans ce resto très cosy des Almadies, elle en portait sous un jean moulant, surplombé d’un manteau en Wax. Casque de cheveux à la tête, maquillage soft, bouche en cœur, elle porte à ses lèvres, de temps à autre, sa tasse de café. Sa bonne humeur, son sourire et ses fous rires sont presque contagieux. Et c’est parti pour un tour ! Rassurez-vous, elle ne démarre pas au quart de tour, comme Marème Dial l’aurait fait face à Cheikh Diagne ou Lala Piém Ndiaye. Face à l’Obs, on passera de la séquence émotion à la franche rigolade. Le tout sur fond de mélodrame. Micro ouvert, elle se dévoile comme jamais
Qui se cache derrière le personnage de Marème Dial ?

Mon nom est Halimatou Gadji. Ma mère est maroco-algérienne et mon père est sénégalais. Je suis née à Dakar, où j’ai grandi et fait mes humanités entre Rebeuss et les Sicap. Toutefois, je tiens mes origines à Linguère, Dahra Djoloff, particulièrement au village de Nguet. Je vais sur mes 30 ans bientôt. J’ai arrêté mes études en classe de 5esecondaire.

Pourquoi les avoir arrêtées si tôt ?

(Elle fronce les sourcils, semble moins enjouée). Si cela ne tenait qu’à moi, j’aurais arrêté bien plus tôt, en classe de CM2. Mais, puisque cela ne dépendait pas de moi, j’ai dû me coltiner l’école jusqu’au collège en classe de 5e. Il faut dire que mon parcours scolaire et mon enfance de manière générale, n’ont pas été de tout repos. Par rapport à mon handicap, j’ai été marginalisée. C’est à l’école que j’ai réellement sentie que j’étais différente, car je bégaie. Les enseignants avaient du mal à me comprendre et pour me faire parler, j’étais battue. Au delà de ces souffrances physiques, j’étais confrontée à la violence morale. J’entendais à tout bout de champs que j’étais bonne à rien, nullarde. Cela a fait naître en moi un profond dégoût, si bien qu’aller à l’école m’était devenu un supplice. J’y allais à contre cœur, ne supportant plus les injures et les moqueries, n’y voyant plus ma place. J’ai redoublé à deux reprises, avant de jeter définitivement l’éponge. Dans un coin de ma tête, je rêvais d’être actrice. J’ai décidé de tenter le coup et c’est ainsi que j’ai commencé à fréquenter les castings, à 14 ans.

Qu’avez-vous vécu de traumatisant pour vous inciter à hypothéquer votre avenir ?

J’ai vécu énormément de choses qui m’ont poussé à laisser tomber les bancs. Toutes ces choses m’aideront à me battre et prouver à ces gens qui ne donnaient pas cher de moi, que je suis une personne forte. Je me suis battue pour en arriver là. Je me rappelle qu’en classe de CM2, à la remise des carnets de notes, mon maître a demandé à ma mère, de me retenir à la maison et m’apprendre à faire la cuisine et le ménage. Une fois grande, de me donner en mariage, car je ne servais absolument à rien.

Non seulement, je ne parle pas, mais je suis inintelligente. Je devais avoir entre 11 et 12 ans et cela a soulevé un énorme scandale à la maison. Ma mère était tellement déçue de moi, désemparée que cela m’a fait commettre ma première tentative de suicide. Elle se demandait ce qu’elle allait bien pouvoir faire de moi. Je l’inquiétais par rapport à mon handicap, car j’étais arrivée à un stade où on se demandait si je ne souffrais pas du spectre de l’autisme. Je la voyais souffrir à cause de moi et j’ai préféré ne plus être de ce monde, pour la libérer de ce poids. J’ai attendu un soir avant d’aller au lit, je suis entrée dans les toilettes, me suis mise devant le miroir. Je me suis insultée, auto-mutilée en me griffant et me tapant dessus. En larmes, j’ai ouvert la boite à pharmacie, avalé tout ce que j’ai trouvé, comprimés, sirops et autres. Ensuite, j’ai embrassé ma mère comme si c’était la dernière fois (elle éclate de rire). Le lendemain, ma mère m’a réveillée et je n’avais rien, à part des maux de ventre et une constipation. Pendant une semaine, j’en ai souffert, pissant un liquide bleu. Personne au sein de ma famille, n’a su ce qui s’était passé jusqu’à ce que les symptômes disparaissent. J’ai remis ça, à l’âge de 15 ans, puis de 17 ans, par noyade. Je me suis rendue à Gorée, après une énième prise de tête. Je suis montée sur un pont avec mon maillot de bain et j’ai plongé tête baissée, après avoir pleuré un bon coup. Je m’étais mise en tête qu’on allait me repêcher et que je serais à mon avantage avec mon deux-pièces (elle rit à gorge déployée).

 

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