LE « DROIT DE CUISSAGE » À L’ÉCOLE, UN FLÉAU EN AFRIQUE DE L’OUEST

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L’Afrique de l’Ouest est l’une des régions les plus touchées par les violences de genre en milieu scolaire – Parmi celles-ci notamment, les agressions sexuelles subies par les filles à l’école

«Menace du bic rouge», «Droit de cuissage», «Prime de brousse» ou «MST (moyennes sexuellement transmissibles)»… Des expressions qu’on utilise au Mali, en Côte d’Ivoire ou au Togo pour désigner les relations sexuelles entre des élèves et leurs enseignants. Il s’agit souvent d’adolescentes qui cèdent aux avances des adultes pour de bonnes notes, une bonne moyenne ou tout simplement, le paiement des frais de scolarité.

Le harcèlement sexuel 
Il est difficile de déterminer l’ampleur des abus sexuels commis sur les filles dans les établissements scolaires, puisqu’il n’existe pas de données chiffrées et très peu de signalements. Mais pour la coordinatrice de Plan International au Togo, Déborah Ankou, il s’agit de pratiques répandues qui touchent parfois des filles de moins de 12 ans. «Certains enseignants harcèlent les petites filles en leur disant tous les jours qu’elles sont belles, avec des remarques à caractère sexuel très embarrassantes», explique-t-elle à Géopolis.

Les causes de ce phénomène
Si la violence liée au genre en milieu scolaire (VGMS) est un phénomène mondial, elle est plus présente dans des pays fragiles ou touchés par un conflit. Mais les causes fondamentales de ce problème sont notamment sociales et culturelles. «On continue de croire que la fille c’est une chose, la chose de l’homme. En plus, l’enseignant est considéré comme le détenteur de la connaissance et certains abusent de leur position d’autorité et exploitent les élèves», précise Déborah Ankou.

Les conséquences des abus
Harcèlement, attouchements, viols, chantage… Ces pratiques courantes en milieu scolaire se multiplient en Afrique de l’Ouest, mais personne n’ose en parler.

Pour beaucoup de parents, «c’est un honneur» que leur fille soit avec un enseignant, et le «droit de cuissage» devient «normal». Mais ces pratiques ont des conséquences graves sur l’éducation des filles et mènent à l’échec, voire à l’abandon de la scolarité. «Les élèves n’arrivent plus à travailler ou à se concentrer, on leur fait alors croire qu’elles n’ont pas de compétences pour l’école» se désole la représentante de Plan International.

La lutte contre ce fléau
Plusieurs actions ont été menées par l’organisation au Togo, au Sénégal et au Cameroun pour alerter sur le phénomène. Les premiers résultats sont probants.

«Après la campagne de sensibilisation, une fille de 13 ans a compris qu’elle avait été violée par son enseignant et a l’a dit à son père. Avant, les enfants ne comprenaient même pas qu’ils étaient abusés», affirme Déborah Ankou qui rappelle que le fait de briser le tabou et de comprendre le phénomène est un premier pas dans la lutte contre les violences à l’école.

 

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