Les récits et les images effroyables des urgences italiennes

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Des médecins couverts des pieds à la tête, des patients intubés: les images qui sortent des urgences italiennes effrayent, mais les urgentistes et les patients veulent briser le silence pour ainsi alerter la population sur les dangers du virus.

“Les cris d’un type à côté de moi qui s’est réveillé intubé et qui a demandé à être libéré. Le sang séché sur mes cheveux. Le tube qui pénètre dans votre gorge et dont vous ne pouvez pas vous passer, même si vous n’avez qu’une envie, c’est de l’arracher. La soif, car les liquides dont vous avez besoin arrivent par les veines, mais votre bouche est si sèche que cela vous empêche de dormir”. Voici le témoignage glaçant d’une femme qui a été admise dans un hôpital de Milan pour se soigner du Covid-19.

Aux urgences, les patients sont couchés sur le ventre. C’est la procédure habituelle pour tous ceux qui souffrent d’une grave pneumonie à l’abdomen. Grâce à cette position, la circulation sanguine dans les poumons devient plus fluide et le passage de l’oxygène s’améliore. Tout le mucus se déplace également vers l’avant du corps, où il peut être aspiré plus facilement. Les vésicules pulmonaires du dos s’ouvrent à nouveau, ce qui permet aux poumons de reprendre plus facilement l’oxygène.

© via REUTERS

Mais malgré les explications, les images restent impressionnantes. Pour l’urgentiste Daniele Macchini, il ne faut pas plaisanter avec ce virus. Il parle même d’une véritable “guerre”. “Dois-je me taire?”, déclare-t-il au Corriere Della Sera. “J’y ai longtemps réfléchi et le silence serait irresponsable. Je ne veux pas semer la panique, mais la population ne se rend pas compte à quel point la situation est grave. Les gens ont besoin de voir de leurs propres yeux en quoi consistent les dangers du Covid-19″.

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“Nous sommes en crise et nous avons été obligés de repenser complétement l’organisation de notre hôpital”, explique-t-il. “Les services ont été lentement vidés, certains traitements ont été interrompus ou reportés. Le service des urgences a été réaménagé pour y mettre plus de lits”.

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“Tous ces couloirs vides à l’hôpital, c’est comme si nous étions en guerre. C’est surréaliste. Personne ne s’attendait à ce que le virus prenne une telle ampleur, pas même moi. Il y a une semaine, j’étais inquiet en découvrant le premier cas de contamination. Quand j’y pense aujourd’hui, c’est ridicule. Vu le nombre de patients, la situation actuelle est dramatique”, s’exclame l’urgentiste.

“Nous continuons la bataille jour et nuit et nous manquons de lit. Les patients atteints du coronavirus se répartissent dans tous les étages à un rythme impressionnant. Les patients souffrent tous de double pneumonie. Dites-moi quel virus de la grippe peut faire que l’état du patient se dégénère aussi rapidement?”.

“Beaucoup de gens veulent se rassurer en disant qu’ils n’ont pas peur et ils s’énervent parce que leur routine est perturbée mais l’épidémie est là. Il n’y a plus de chirurgiens, plus d’urologues ou d’orthopédistes. Nous sommes tous des médecins mobilisés pour mener une lutte désespérée contre un tsunami. Tous les jours, quinze à vingt patients arrivent à l’hôpital avec le virus. Les symptômes sont toujours les mêmes: fièvre, toux, problèmes respiratoires”.

Contrôle de la température des voyageurs à la frontière entre l’Autriche et l’Italie.

Contrôle de la température des voyageurs à la frontière entre l’Autriche et l’Italie. © AP

“Donc oui, vous devez limiter vos déplacements pour l’instant mais c’est temporaire. Ayez pitié pour ces personnes âgées que vous pourriez contaminer avec un comportement imprudent”, supplie l’urgentiste.

En Italie, le bilan s’élève à 9.172 cas de contaminations et 463 décès. Le gouvernement italien a placé tout le pays en quarantaine, ce qui signifie que les habitants du pays ne sont autorisés à se déplacer que pour leur travail ou pour des cas d’urgence.

© EPA

7sur7.be

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