Marius Seck : «Comment la danse Youza a changé ma vie…»

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En 2011, il avait créé la polémique avec la fameuse danse «Youza» pour ensuite tomber brusquement dans l’anonymat. En panne d’inspiration ou carrément en retrait de la scène ? Marius Seck sort de sa réserve pour expliquer ce repli. Son avenir est, entre autres, une question qu’il aborde dans cet entretien.

Que devient Marius Seck, on n’a plus entendu parler de vous depuis 2011, année à laquelle votre danse «Youza» était en vogue ?

Dieu merci, je suis toujours là, même si ce n’est plus l’engouement de 2011. Il m’arrive d’exprimer souvent mon art à travers des finales de football et autres rencontres. Il n’y a pas longtemps, j’ai enflammé le stade Ngalandou Diouf lorsque l’Asc Gouye Beuneu jouait sa finale zonale. J’ai été consacré «Meilleur supporter» par le mouvement Navétanes rufisquois cette année. Je mène une vie normale et je m’occupe de mon travail. C’est vrai qu’on ne m’a pas entendu depuis un bon moment, mais sachez que tout se passe bien et que je suis toujours là, même si certains l’ignorent. C’est mon père qui m’appelait «Youza». Il avait un frère qui vivait aux Etat-Unis, lorsqu’il séjournait dans le pays, les proches et parents l’appelaient «Youzba», c’est ainsi que mon père me surnomma «Youza». C’est cela l’historique de l’appellation «Youza».

Evoluez-vous toujours dans le milieu de la danse ?

J’y suis toujours et d’ailleurs je prépare quelque chose que je vais sortir sous peu. Pour des raisons personnelles, je n’avais pas voulu poursuivre ma carrière après le succès de 2011, mais je vais revenir avec force surtout avec le projet que je suis en train de mûrir. Je travaille avec mon ami Cora, un très grand batteur de tam-tams qui accompagne de grands artistes comme Coumba Gawlo Seck et Momo Dieng. Je ne veux pas, pour le moment, dévoiler notre projet, mais sachez que la petite sœur de «Youza» arrive avec d’autres créations de danse. Ce sera un opus de 10 titres sur lesquelles on travaille et je prie pour que ce projet qui me tient à cœur aboutisse.

Qu’est-ce qui explique que vous soyez brusquement retombé dans l’anonymat ?

C’était pour des raisons familiales que je suis resté tout ce temps dans l’anonymat. Avec le succès de 2011, ma mère ne voulait pas que je continue dans cette voie. Elle ne voulait pas que l’art prenne le dessus sur mon métier, mais lorsqu’elle s’est rendu compte que cela faisait partie de moi, elle m’a accordé sa bénédiction. Comme je vous l’ai dit tantôt, les gens peuvent attendre le grand retour de «Youza» et je m’y attèle.

Etes-vous en mal d’inspiration ?

Dieu merci, l’inspiration est là et j’avoue que je suis plus qu’inspiré que jamais. Si je ne suis pas au boulot, je passe tout mon temps à répéter avec Cora, mon ami batteur. Au-delà, je participe aux concerts de Momo Dieng et des soirées dansantes du jeune artiste de Bargny Fall Ndiaye. J’investi aussi les stades lors des grands rassemblements pour apporter l’ambiance.

«Youza» avait à l’époque fait fureur et les chanteurs et danseurs comme Ndèye Guèye et Ameth Thiou en avaient réclamé la paternité. Pouvez-vous revenir sur cette polémique qui a enflammé le monde de la danse ?

C’est vrai que cette polémique avait défrayé la chronique à l’époque. C’est lors d’une manifestation culturelle du foyer du lycée de Bargny que Ndèye Guèye m’a vu danser le «Youza». Par la suite, je l’ai écouté dire dans une émission que c’est à Rufisque qu’elle a vu un malade mental danser cette danse. Elle en a voulu faire sa propriété, mais cela n’a pas prospéré. C’est le cas de Ameth Thiou, dans un clip de l’artiste Mame Ngor Diazaka, Ndèye Guèye et lui ont esquissé ses pas de danse. C’est finalement Mame Ngor Diazaka qui a éclairé la lanterne de l’opinion. Tous ses danseurs ont voulu me chiper ma danse, mais ils n’ont pas réussi. «Youza» reste ma propriété. C’est au retour d’un chantier que j’ai été inspiré par des amis maçons. C’est à partir de la façon dont ils jeté le ciment de leurs truelles sur le toit que cette danse est née. Une fois à la maison, les batteurs avaient commencé leur répétition et je me suis levé pour imiter ces mêmes gestes des maçons et mon ami Cora m’a dit qu’il y avait une harmonie entre le rythme et la façon dont je gesticulais mes bras avec ma truelle. C’est à partir de là que cette danse est née. Marius Seck est issu d’une famille de griots et ma propre mère battait le tam-tam. Finalement tout le monde a su que cette danse est ma propriété. Je rends grâce à Dieu.

Qu’est-ce que cette danse vous a rapporté ?

Elle m’a rapporté beaucoup de chose. Au-delà du succès, les sollicitations pour des prestations fusaient de partout. Mon cercle de sympathisants s’est élargi et dans la rue, les gens ne cessaient de scander «Yuza». J’ai eu de nouvelles connaissances. Toutes les filles voulaient que je sois leur ami. Il m’a également permis de flirter avec le showbiz, mais aussi de gagner quelque chose pour entretenir ma famille, surtout ma mère. J’ai acquis de l’expérience à travers ce succès et cela m’a aussi permis d’avoir assez de ressorts pour peser sur la vie. C’est une danse qui a changé ma vie à l’époque.

Justement on dit que Youssou Ndour vous a aussi offert de l’argent ?

Voila un homme d’une générosité inégalable qui comprend le sens du soutien qu’il faut apporter à un jeune artiste. Je le remercie au passage. Lors d’une soirée, je pense que c’était la Nuit du Ciment, il m’a offert  une enveloppe de 500 000 FCfa, en plus du cachet que les cimentiers m’avaient payé. Quelques temps après, il m’a invité à une autre soirée au Cices. Cette fois, il m’a encore offert une enveloppe de 3 500 000 FCfa et m’a présenté au public. Il m’avait agréablement soutenu à l’époque et je ne cesse de le remercier.

La carrière des danseurs est généralement éphémère. Croyez-vous qu’après toutes ces années, vous avez toujours les clés qui vous permettent de rebondir et de tenir tête aux plus jeunes ?

Ce que j’ai dans les pieds, si je le réveille, ce sera la fin du monde pour te dire. Ce, à quoi j’assiste aujourd’hui, c’est tout sauf de la danse. Les jeunes ne dansent plus en harmonie avec le rythme. Ils agencent mal leurs clés et leurs finitions ne riment pas avec la musique. J’ai la danse dans le sang et les gens vont le découvrir bientôt. Comme je vous l’ai annoncé tantôt, je prépare quelque chose avec mon ami Cora. La petite sœur de «Youza» est en chemin.

Comment étiez-vous vu dans le quartier après votre succès ?

A l’époque, j’étais le chouchou des populations de Bargny. Dans mon quartier Missira Diamalaye et partout dans la localité, j’étais perçu comme un grand artiste. Tout le monde me voulait à ses côtés. Chacun me donnait des conseils et des encouragements. C’était une passion pour moi. Tout ce que je recherchais, c’était de faire plaisir aux gens. Que les gens décompressent après le passage de «Youza», c’est cette satisfaction morale qui m’a beaucoup motivé.

Ne vous arrivait-il pas de faire l’objet de railleries dans la rue ?

Nous sommes au Sénégal, les railleries ne manquent pas. Je n’ai jamais cédé à ses railleries, surtout chez les filles. Certains peuvent se moquer de toi, mais mon ambition était simplement de faire plaisir à tout le monde.

Quelle activité exercez-vous en ce moment ?

Je suis dans la plomberie. Je suis un plombier de métier, je reviens comme ça d’un chantier à Dakar. C’est un métier que j’exerce depuis longtemps. C’est lorsque je ne suis pas au travail ou à la descente que je vis mon art. A chaque fois que j’ai du temps libre, soit je répète avec mon ami ou j’accompagne des artistes.

Vous y trouvez votre compte ?

Dieu merci, j’y trouve mon compte. Ce boulot me permet de vivre et d’entretenir ma fille. J’ai des chantiers un peu partout et je gagne ma vie.

Quelle est votre situation matrimoniale ?

Je suis toujours célibataire. Vous savez, les filles sont foncièrement jalouses et si vous êtes dans le show-biz et que vous n’avez pas une femme qui n’a pas un esprit de dépassement, bonjour les dégâts. Mais je pense sortir bientôt de ce cercle…

PROPOS RECUEILLIS PAR OUSSEYNOU THIAM

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