Niarry Tally: Ibrahima Diop, guéri du Covid-19 « Je continue à être victime de stigmatisation »

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Vivant à Dakar, dans le populeux quartier de Niarry Tally, le jeune Ibrahima (29 ans) était loin d’imaginer qu’il allait séjourner à l’hôpital Dalal Jam pour cause de coronavirus. Ibrahima est conseiller commercial dans une boîte de la place. Il a contracté le virus au moment où il s’y attendait le moins. Guéri du Covid-19, aujourd’hui, il nous raconte les conséquences sur sa vie au quotidien.

Etiez-vous un cas contact ou un cas issu de la transmission communautaire ?

J’ai contracté le virus au boulot. En effet, un de mes collègues a été porteur puis dès que nous l’avons su, nous nous étions dits de faire le test à notre tour. Donc je suis un cas contact. Je n’allais plus au boulot, je suis resté chez moi tout en mettant un masque et en m’isolant du reste de la famille.
Après les premiers doutes, j’ai appelé les services du ministère de la Santé et de l’Action sociale pour signaler ma situation. Lorsqu’ils ont su que mon entreprise a eu d’autres cas, ils sont venus. Le test a été effectué et 48 heures plus tard, les résultats sont tombés : j’ai été diagnostiqué positif au Covid-19. Par la grâce de Dieu, je n’ai contaminé personne. Les tests effectués sur ma famille se sont avérés négatifs. En réalité, lorsque je sortais de ma chambre, je mettais un masque, lorsque j’entrais je me désinfectais les mains. Je ne partageais plus rien avec personne, que ce soit des assiettes, du thé etc…

Psychologiquement comment-vous vous êtes senti ?

A vrai dire, dès que j’ai su pour mon collègue, j’ai averti ma famille et nos voisins. Je m’attendais un peu à être infecté. Mais, en informant mon entourage, je me suis rendu compte que les gens me regardaient mal après.
Lorsque les services sont venus pour faire le test, une grande foule s’était rassemblée devant chez moi. Ce sont ces épisodes qui font mal. Le stress est permanent, on dirait que nous étions des lépreux ou des criminels. Le regard des autres est pesant mais je suis resté positif jusqu’à la fin contrairement à d’autres. D’ailleurs, une des patientes avec qui j’étais m’a montré la vidéo que les gens avaient prise de sa maison et de sa famille en quarantaine. D’autres encore me confiaient qu’ils ne pouvaient rien acheter à la boutique car stigmatisés. Je garde mon calme mais certaines personnes me reprochent encore de ne pas être resté chez moi. J’ai contracté le virus uniquement parce que j’étais parti gagner ma vie. Certains m’accusent gratuitement.

Comment se sont manifestés les premiers symptômes et quel traitement médical avez-vous pris ?

Au début, c’était comme si j’avais le paludisme. J’avais perdu le goût et l’odorat. J’ai pris un antipaludéen. J’ai retrouvé, par la suite, mes facultés gustatives. J’avais des toux aussi mais rien de bien méchant. J’étais hospitalisé à l’hôpital Dalal Jamm durant une semaine du 24 avril au 1er mai. Je discutais souvent avec les personnes. Le traitement n’était pas stressant. On n’a pas à se plaindre honnêtement. Le personnel soignant était très courtois. Côté nourriture ou prise en charge, il n’y a rien à dire. D’ailleurs après trois jours d’hospitalisation, le premier test est revenu négatif. Je n’ai pas eu de séquelles. J’ai été traité avec l’hydroxichloroquine avec de l’azithromicine. Même étant guéri, je dois continuer le traitement dix prochains jours après ma sortie d’hospitalisation. Je leur tire mon chapeau d’ailleurs aussi bien au personnel soignant que ceux de nettoiement. Cette maladie est réelle, pour l’avoir contracté, je peux en témoigner. Sachez également qu’à ma sortie de l’hôpital, j’ai mesuré que la vie était précieuse et j’ai envie de vivre et je le souhaite à tout le monde. C’est pourquoi je me suis engagé contre dans la lutte contre le Covid-19 bien plus qu’avant surtout à travers la sensibilisation.

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