Pourquoi fête-t-on Noël le 25 décembre ?

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On sait que c’est une fête chrétienne, célébrant la naissance de Jésus-Christ. Mais saviez-vous que c’est vers 330 après J.-C. que Noël a commencé à être fêté à la date qui s’est imposée?

Une étoile trace sa route dans le ciel crépusculaire de Judée. Trois hommes richement vêtus la contemplent un moment puis reprennent leur chemin. Au fond de la vallée, le Jourdain glisse sur une terre à la végétation pugnace. Des troupeaux s’abreuvent sous la bonne garde de leurs bergers. Dans la grande ville, les soldats s’affairent à canaliser des centaines de visiteurs, nombreux en cette probable période de recensement.

Nous sommes quelques années avant notre ère, sous le règne de l’empereur romain Tibère, et sous celui-ci, régional, du roi Iduméen Hérode. La Palestine est écrasée sous la dictature romaine et la tyrannie de leur vassal. La prêtrise judaïque est muselée; Jérusalem est une garnison militaire de l’Empire. Des groupuscules religieux (Esséniens), des courants sacerdotaux (Pharisiens, Saducéens), guerriers (Zélotes) tentent de maintenir l’honneur et les traditions du peuple juif. Ils sont réprimés, dispersés. Mais les prophètes proclament la venue d’un Messie, d’un sauveur.

Et les trois hommes, des mages venus de l’Est, marchent avec ferveur, suivant la trajectoire de l’étoile. Elle les mène à Bethléem, autour d’une étable, installée dans une grotte, où paissent un bœuf, une brebis et un âne. Les bras chargés de cadeaux, or, myrrhe et encens, les trois hommes s’agenouillent devant un petit enfant, sa mère et son père. En cette nuitée vient de s’écrire une belle page de l’histoire de l’Humanité.

Pourquoi un 25 décembre ?

Depuis quelque deux mille ans, il n’est pas un peuple qui n’ait osé nier l’impact que cette naissance eut, a et aura sur le destin du monde. Pourquoi cette belle histoire est-elle aussi probante pour beaucoup d’entre nous ?

Deux tiers de la planète humaine croient en l’existence de Jésus, que ce soit en tant que Dieu, prophète ou personnage charismatique. L’Eglise catholique romaine, les orthodoxes, les protestants, différentes obédiences chrétiennes, mais aussi l’islam, le bouddhisme, l’hindouisme, tous s’entendent devant la narration de l’existence du « fils de l’homme ». Mais qu’en est-il de son histoire ?

Ainsi, nous, civilisation judéo-chrétienne, berceau de cette croyance, fêtons-nous cette naissance, un jour de décembre, le 25, chaque année précisément, depuis des siècles.

Et pourquoi le 25 décembre ? L’histoire ne s’est pas écrite en un soir. Que serions-nous sans les rédacteurs des évangiles ? Matthieu, notamment, relate le miracle de l’étoile conductrice.

Les textes traduits de l’hébreu, de l’araméen, du grec puis du latin vers nos langues respectives, leur enseignement, mais aussi les alphabets, nous guident et nous orientent, les uns vers la foi, d’autres vers le questionnement.

Fête chrétienne ou païenne ?

Il faut attendre le IVe siècle de notre ère pour que Noël se fête un 25 décembre. Un choix des premiers chrétiens, semble-t-il assez stratégique; cette date correspond à la renaissance du Sol Invictus (Soleil invaincu) du solstice d’hiver et des Saturnales romaines. Un choix plus que diplomate dans une Rome encore divisée religieusement.

Dès lors, la date s’impose sur les calendriers au nom de traditions séculaires et dans le respect des coutumes païennes et d’autant de similitudes celtiques, gaéliques, latines, grecques et nordiques (qui comptent fêtes de la fertilité, de la maternité, de l’astronomie, etc.).

Les orthodoxes, l’Eglise apostolique arménienne, sous d’autres calendriers (julien, grégorien), juxtaposent ou postposent Noël sur le calendrier civil actuel.

Universelle

Et Noël se fête ! Partout ! Depuis des siècles, aujourd’hui plus librement dans des régions autrefois opprimées par des pouvoirs laïcs intransigeants, sur les terres d’intégristes religieux, mais aussi en Russie, en Chine, dans toute l’Asie où parfois, comme en Thaïlande, avec un arbre feuillu décoré de guirlandes et une crèche qui représente le Bouddha entouré de Ganesh et de Shiva !

En Afrique, aux Amériques, et dans cette île antillaise où un jour, une gouvernante, ne trouvant pas de figurine de bœuf à déposer dans la crèche y mit une langouste en plastique. Car dit-elle : « C’est une bête du Bon Dieu !« … En fait, Noël, c’est ça, cette universelle liesse autour d’un événement qui bien qu’identifié par les chrétiens, est devenu un élan œcuménique et pacifique pour la planète.

Noël, d’où vient ce nom ?

Le mot « Noël » trouverait son origine en latin, d’une contraction de « natus » (né), et de « dies », (jour), soit « le jour de la naissance ». Mais d’autres analogies du nom apparaissent.

« Noël ! » était un cri de joie au Moyen Age. Beaucoup d’étymologies résultent d’erreurs comme le « Neu Helle » du bas francique, le « nouiio » gaulois… « Weihnachten » en allemand désigne les nuits saintes, et fait référence aux fêtes païennes sacrées d’autrefois. Les « Jol » ou « Jul » scandinaves ont indiqué le solstice. « Christmas » (la messe du Christ) en anglais est une expression tardive, du XIe siècle.

Mais comment ignorer que le prophète hébreu Isaïe, 700 ans auparavant, annonce la naissance d’un messie qui s’appellera Emmanuel, nom qui veut dire « Naissance de Dieu qui nous sauve ». Le nom du messie, Jésus, signifie d’ailleurs « Dieu sauve ».

Qui est le Père Noël ?

Même si l’analogie est établie avec saint Nicolas, évêque de Myre, distribuant ses biens aux pauvres et protégeant les enfants, et même si la récupération de Julénisse – un lutin scandinave et généreux -, est évidente, ce sont Charles Dickens en 1843 et George Sand en 1855 qui écrivent la légende du Père Noël. Une légende bienvenue dans des pays se laïcisant comme la France ou l’Allemagne.

Dans le souci de faire oublier le rôle patronal des saints, l’Eglise protestante favorisait déjà le personnage.

Dans un journal américain, le caricaturiste Thomas Nast lui donne, le 1er janvier 1881, son apparence actuelle : gros, barbu avec un bonnet, et réminiscence d’un dieu celte appelé Gargan (inspirant Rabelais pour Gargantua).

Claude Rappé

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