10 des mensonges de Donald Trump sur le coronavirus

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Dans une crise comme celle du Covid-19, un chef d’État se doit d’être digne de confiance. Le président américain ne fait que semer chaos, confusion et désinformation.
 
ÉTATS-UNIS – Donald Trump a une réputation de menteur bien établie, avec plus de 16.000 mensonges à son actif en trois ans de mandat, selon les décomptes des médias. Confronté à l’épidémie liée au coronavirus, il a passé des semaines à minimiser au lieu de préparer son pays et a donc, encore une fois, multiplié les entorses à la vérité.
Les mots ont des conséquences, et le torrent de mensonges du président américain a sans aucun doute causé des dégâts. La plupart restent cependant difficiles à quantifier. Ses mensonges sur l’aide apportée à Porto Rico après l’ouragan Maria ont-ils eu un impact sur le soutien réel alloué à l’île par le gouvernement? Ses allégations sans fondement selon lesquelles les éoliennes seraient cancérigènes ont-elles affecté le secteur des énergies renouvelables? Son bulletin météo retouché au feutre sur l’ouragan Dorian a-t-il mis en danger les habitants de l’Alabama ?
Les dégâts causés par ses mensonges sur le coronavirus sont plus immédiats. Dans certains cas, ils contribuent à causer la mort de citoyens. Voici, ci-dessous dix des mensonges les plus néfastes de Donald Trump sur le coronavirus:

Les États-Unis ont fait beaucoup plus de « tests » que n’importe quel autre pays, et de loin! D’ailleurs, en huit jours, nous avons fait plus de tests que la Corée du Sud (qui en pratique énormément) en huit semaines. Bravo! »
Donald Trump a régulièrement, et grossièrement, surestimé la capacité des États-Unis à tester les personnes présentant des symptômes de coronavirus. « Tous ceux qui ont besoin d’être testés sont testés », affirmait-il ainsi le 6 mars.
« Nous… Ils sont là. Ils les ont. Et les tests sont formidables. Tous ceux qui ont besoin d’être testés sont testés. »
Deux jours après, le Centre de prévention et de contrôle des maladies (CDC) n’avait effectué que 1 700 tests. La pénurie persiste encore aujourd’hui.
En quoi cela pose-t-il problème ?
Il est impossible de savoir où le coronavirus s’est propagé si l’on n’est pas en mesure de tester les gens qui pensent avoir des symptômes. Et si l’on ne sait pas où il se propage ni à quelle vitesse, on ne peut pas mobiliser les maigres ressources dont nous disposons, comme les respirateurs et les équipements de protection, en prévision d’une flambée de l’épidémie. C’est ainsi que des infirmières se retrouvent à utiliser des sacs poubelle en guise d’équipement de protection, et en meurent.
Manquer de kits de test –et prétendre que ce n’est pas un problème– met tout le monde en danger.
2. « Dans quelques jours [le nombre de cas positifs] sera de nouveau presque nul »
Après le déni complet d’un problème dont il affirmait qu’il se réglerait « miraculeusement », il a progressivement reconnu la gravité de la situation, mais n’a cessé de minimiser la menace représentée par le coronavirus.
« Quinze personnes ont été [testées positives]. Dans quelques jours, ce nombre sera de nouveau presque nul », a-t-il déclaré le 26 février. « Nous avons vraiment fait du bon travail. »
En quoi cela pose-t-il problème ?
Dire la vérité sur la menace de pandémie aurait permis de mettre l’accent sur l’importance des mesures de distanciation sociale et de confinement que les experts estiment essentielles pour ralentir la propagation du coronavirus.
3. « C’est leur nouveau canular »
Lors d’un meeting en Caroline du Sud, le 28 février, le Président a accusé les démocrates d’utiliser sa médiocre réaction face à au coronavirus (qu’il a qualifiée d' »excellent travail ») à des fins politiques.
« C’est leur nouveau canular », a-t-il affirmé. « Nous avons 15 [personnes testées positives au coronavirus] dans ce pays gigantesque, et c’est parce qu’on s’y est pris très tôt, très tôt. On aurait pu en avoir beaucoup plus. »
En quoi cela pose-t-il problème ?
Le jour même où le CDC a enjoint le pays de prendre des « mesures agressives » pour « prévenir la transmission massive du virus », le Président a brouillé le message avec un mégaphone beaucoup plus puissant.
La récupération politique du problème par Donald Trump a très probablement conduit nombre de ses partisans à ne pas considérer le virus comme un grave problème de santé publique et à refuser de faire le nécessaire pour éviter sa propagation.
4. Amnésie sélective répétée concernant le licenciement des spécialistes dont le travail était justement de prévoir ce genre de situation
En 2018, Donald Trump a démantelé l’unité de lutte contre les pandémies du Conseil de sécurité américain, un sujet dont il affirme tout ignorer à présent que les États-Unis sont confrontés au coronavirus.
Interrogé il y a quelques jours sur cette décision par la journaliste de PBS Yamiche Alcindor, il a déclaré ne « rien savoir », estimé qu’il s’agissait d’une « question piège » et est passé à autre chose (pour information, des preuves vidéo montrent qu’il était bel et bien au courant).
Il y a pire: en juillet 2019, le gouvernement a supprimé le poste d’un agent américain de la santé publique installé à Beijing, dont le rôle était d’aider à détecter les épidémies en Chine.
En quoi cela pose-t-il problème ?
L’unité de lutte contre les pandémies aurait certainement été très utile face au coronavirus.
« Ce service nous aurait été bien utile », a déclaré au Congrès le Dr Anthony Fauci, directeur de l’Institut national de lutte contre les allergies et les maladies infectieuses.
Le choix de Donald Trump de démanteler cette unité, puis de nier qu’il était au courant, montre qu’il ne s’attendait pas à une pandémie et n’était pas prêt à prendre les mesures nécessaires pour faire face à une telle situation, bien que des spécialistes au gouvernement aient effectué des simulations montrant qu’une pandémie pourrait causer des morts, des maladies handicapantes et des pertes d’emploi dont l’économie pâtirait.
5. « C’était totalement imprévisible »
Le 25 mars, Donald Trump a affirmé que la pandémie était un problème totalement inattendu auquel personne n’était préparé. Il a tenu ce genre de propos à de nombreuses reprises.
En quoi cela pose-t-il problème ?
Beaucoup de spécialistes avaient prévu cette situation.
« Le problème, c’est qu’il utilise ce genre d’information pour justifier ou expliquer, dans une certaine mesure, l’incompétence de son gouvernement, ce qu’il a fait (ou, plutôt, n’a pas fait) pour se préparer à une situation que nous savions imminente », déplorait jeudi le Dr Irwin Redlener, directeur du Centre national de prévention des catastrophes, dans une interview à la chaîne MSNBC.
« Le président n’est pas responsable du développement du virus », poursuit le spécialiste. Mais sa réaction à la pandémie, et le fait d’affirmer qu’elle était impossible à prévoir alors que le virus ravageait déjà l’Italie « mène le pays dans la mauvaise direction du fait de la désinformation, extrêmement néfaste pour les efforts que nous déployons dans la lutte contre cette calamité. »
6. Comparer le COVID-19 à la grippe
« L’an dernier, 37 000 Américains sont morts de la grippe », a tweeté Donald Trump lundi. « En moyenne, il y a entre 27 000 et 70 000 cas par an. Rien ne ferme, la vie et l’économie continuent. En ce moment, il y a 546 cas confirmés de coronavirus, et 22 morts. À méditer! »
Le président a tenté à plusieurs reprises de minimiser la gravité du COVID-19 et de détourner les critiques en comparant le virus à une maladie bien connue de tous.
En quoi cela pose-t-il problème ?
Pour commencer, c’est faux. Selon le Dr Fauci, le COVID-19 « a un taux de mortalité dix fois supérieur à celui de la grippe saisonnière. »
Pire encore, Donald Trump utilise cet argument fallacieux dans le but inciter les Américains à retourner travailler bien plus tôt que les spécialistes ne le jugent raisonnable.

Sa déclaration du 2 mars a immédiatement été rectifiée par le Dr Fauci: « Permettez-moi de préciser certaines […] informations », a-t-il dit, ajoutant qu’un vaccin pourrait être mis au point « au plus tôt dans un an, un an et demi, quelle que soit la vitesse à laquelle nous y travaillons », ce que le spécialiste assure avoir dit au président avant la conférence de presse.
Une fois de plus, Donald Trump a ignoré les faits et mis en avant une vision des choses plus optimiste, mais fausse, pour minimiser la gravité de la situation, ce qui a pu encourager certaines personnes à adopter des comportements susceptibles de propager la maladie. Au lieu d’une transparence rassurante, le président a brouillé le message et provoqué la confusion.
Lors d’une réunion d’information, la semaine dernière, il a plusieurs fois vanté les mérites d’un médicament antipaludéen, la chloroquine, en affirmant qu’il s’agissait d’un traitement potentiel contre le coronavirus, allant même jusqu’à suggérer que l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA) l’avait approuvé comme remède au COVID-19.
« Les résultats préliminaires sont très encourageants. Très, très encourageants. Et nous allons pouvoir rendre ce médicament disponible presque tout de suite. Là-dessus, la FDA a fait un travail formidable. Ils ont suivi tout le processus d’approbation; ça a été approuvé. Et ils l’ont fait. Ca aurait dû prendre des mois, mais ça va être immédiat. Nous allons donc pouvoir rendre ce médicament disponible sur ordonnance, ou [selon les règles en vigueur] dans chaque État », a-t-il claironné.
La FDA n’a pas approuvé l’usage de la chloroquine comme traitement contre le COVID-19, ce que l’agence a dû souligner après la conférence du Président. Les spécialistes soulignent que ce médicament peut être mortel s’il est mal utilisé et qu’il n’existe aucune preuve, en dehors de quelques témoignages anecdotiques, de son efficacité contre le COVID-19.
Néanmoins, la déclaration de Donald Trump a incité au stockage du médicament dans le monde entier, y compris aux États-Unis, où des médecins peu scrupuleux ont commencé à s’en auto-prescrire.
En Arizona, un couple a été hospitalisé dans un état critique après avoir entendu le Président vanter les mérites de ce prétendu remède miracle à la télévision. Ils ont bu un produit nettoyant pour aquarium qui contenait de la chloroquine en croyant que cela leur éviterait de contracter la maladie.

Donald Trump n’a cessé de répéter différentes versions de cette phrase toute la semaine, pour affirmer que l’impact du COVID-19 sur l’économie était pire que la maladie elle-même, et que les Américains devraient donc cesser d’appliquer les consignes de distanciation sociale et retourner travailler d’ici Pâques.
En quoi cela pose-t-il problème ?
Les ravages économiques liés à la fermeture de la majorité des entreprises à cause des restrictions liées au coronavirus sont indéniables. Mais mettre fin trop tôt aux mesures de distanciation sociale ne fera que prolonger la crise, mettre à l’épreuve le système de santé (en augmentant le nombre de décès) et rendre le coronavirus plus difficile à maîtriser à long terme, ce qui risque de causer encore plus de dégâts sur le plan économique.
10. « Je ne suis pas du tout responsable »
Lors d’une conférence de presse, le 13 mars, Donald Trump a déclaré l’état d’urgence. Interrogé sur les retards répétés dans la production et la distribution de kits de test pour le coronavirus, il s’est totalement lavé les mains de ce fiasco.
« Je ne suis pas du tout responsable », a-t-il déclaré aux journalistes.
En quoi cela pose-t-il problème ?
Bien qu’il se soit vanté d’avoir eu la clairvoyance de « fermer [le] pays à la Chine », il n’a pas pris des mesures plus rigoureuses qui auraient pu ralentir la propagation du coronavirus aux États-Unis, et sauver potentiellement des milliers de vies. Il a mis très longtemps à réagir, en dépit des avertissements des experts et des agences de renseignement américaines, qui l’avaient prévenu en février que le coronavirus pouvait représenter un danger mondial, selon le Washington Post.
Son évaluation exagérément optimiste de la menace d’une pandémie aux États-Unis pourrait avoir été influencée par les affirmations rassurantes du président chinois, Xi Jinping, que M. Trump a souvent félicité pour sa gestion de l’épidémie en Chine. Quand cette erreur de jugement est devenue flagrante, il s’est rabattu sur un autre argument – raciste – et s’est mis à qualifier le coronavirus de « virus chinois ». Cette semaine, après une flambée d’agressions contre des Américains d’origine asiatique, le Président a annoncé qu’il allait peut-être arrêter d’employer cette expression.
En déclarant n’être « pas du tout responsable », le président a radicalement changé de refrain par rapport à 2013, quand il tweetait: « Gouverner: quoi qu’il arrive, vous êtes responsable. Si ça n’arrive pas, vous êtes aussi responsable. »
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