« 500 milliards de francs Cfa minimum ont été investis au Sénégal dans le cadre de la recherche pétrolière avant que les découvertes n’arrivent en 2014 pour la première fois » a indiqué, vendredi à Saly, le ministre du Pétrole et de l’Energie, Mouhamadou Maktar Cissé, lors d’un séminaire d’informations et de partage avec la presse économique du Sénégal (Cojes).
Selon le ministre, « l’activité de recherche et d’exploration des hydrocarbures est extrêmement aléatoire et à risque. Personne ne peut vous dire avec une certitude scientifique que là où je suis, il y a du pétrole. Malgré toutes les données scientifiques aujourd’hui, disponibles que ce soit le sismique en 3D, peut-être bientôt, ils vont inventer des sismique en 4D, vous ne pourrez jamais avoir de la précision scientifique de trouver des hydrocarbures ».
« Il y a un facteur chance énorme qui fait que beaucoup de gisement doivent pouvoir être relativisé. C’est un secteur où le délit d’initié est quasi impossible. Parce que, vous ne pouvez pas savoir s’il y a des hydrocarbures ou pas. Il y a un grand parallèle entre échographie et recherche pétrolière. On ne peut pas savoir à partir d’une échographie que le bébé naitra vivant. Aucun médecin ne pourra vous le dire. C’est pareil. À partir d’une sismique, aucun scientifique ne pourra vous dire qu’il trouvera du pétrole. Il y a une part d’aléas. Vous le renvoyez à Dieu si vous voulez ou à la nature. En tout cas, il y a une part d’aléas qui est énorme. Une sismique, c’est comme une échographie qui lit l’intérieur du sol pour dire qu’il semble y avoir des traces d’hydrocarbures. C’est tout ce que la sismique avec plus ou moins de précisions » a-t-il expliqué.
« Après vous achetez, vous venez et vous investissez. Vous prenez le risque qu’il faut pour chercher. On a investi 500 milliards de francs Cfa sans avoir jamais trouvé. C’est documenté et cela existe. Parce que, quand vous venez prendre un permis d’exploration, vous avez des engagements d’investissements pour réaliser cette exploration. Ces engagements sont suivis par Petrosen. Si vous ne faites pas, Petrosen récupère les blocs et les remet dans le circuit. Voilà un peu où nous en sommes avec cette dépendance en hydrocarbure sur laquelle je reviens pour expliquer que nous sommes obligés donc, dans le cadre de notre politique énergétique de nous ajuster par rapport aux fluctuations du marché international. Et, ces fluctuations ne sont pas seulement le prix des hydrocarbures » note-il.
Casser la tyrannie des importations
« La maitrise de ces découvertes en hydrocarbures aura pour premier objectif, notre indépendance énergétique et notre souveraineté énergétique. Transformer le gaz en énergie, en électricité pour permettre d’avoir notre indépendance. Parce que, nous cesserons de dépendre des importations. C’est à partir de ce seul instant qu’on pourra envisager d’avoir une politique de maitrise des coûts et de la baisse du prix. C’est important. Parce que, quand on parle d’envisager, c’est un mot français, mais avoir une baisse du prix à un niveau important. Important, c’est un adjectif qui a également du sens. Ces variations des cours mondiaux ne permettent pas de dire à priori que nous allons baisser, que nous allons augmenter, cela ne peut pas dépendre de cela. Cela ne peut dépendre que des paramètres scientifiques maitriser par la Commission. Pour pouvoir avoir la maitrise et dire de façon certaine, nous allons faire ça et ça, il faut avoir la maitrise du coût. Et, vous ne pouvez avoir la maitrise des coûts que si vous produisez vos propres hydrocarbures » selon Maktar Cissé.
« Parce que, vous ne pouvez pas importer, ne pas savoir comment le marché va réagi et dire à priori, je vais vendre à tel prix. Il y a une question de bon sens. Par contre, si vous produisez vos hydrocarbures, vous pouvez même mettre dans vos centrales à perte. Parce que, ce sont vos hydrocarbures. Il s’y ajoute, que le Sénégal dans sa volonté de diversification de ses sources pour éviter la tyrannie des importations. Parce qu’on n’avait pas de découverte quand cette politique a été définie en 2012 pour avoir le volontarisme d’aller vers les énergies renouvelables. C’était cela le but pour avoir un mix énergétique qui nous a permis d’injecter près de 22% d’énergie renouvelables dans le mix de la Senelec. Cette injection d’énergie renouvelable dans le mix de la Senelec est une option politique pour casser la tyrannie et à termes maitrisé notre propre destin. Entre temps, les hydrocarbures sont arrivés et nous allons vers le gaz. Parce qu’on ne peut pas découvrir du gaz et ne pas l’utiliser comme source d’énergie pour essayer de baisser nos coûts. Cette politique de diversification à ses limites. Parce que, la question qui revient souvent, c’est de dire, nous avons du soleil toute l’année et on ne l’utilise pas. Justement, le système électrique du Sénégal, c’est du dual et qui pose problème à l’image du pays. Je pense que beaucoup parmi vous m’ont entendu, quand j’étais au budget que le risque du pays, c’est la fracture. Il faut éviter cette fracture » conseille-t-il.
« Le soleil, c’est évident que nous l’avons tous les jours. Les possibilités de stockage existent. Mais, le stockage coûte excessivement cher à ce jour. Si vous ajoutez du stockage dans le solaire que vous produisez, vous doubler le coût de production de l’électricité qui est déjà cher. Donc, vous êtes obligé de ne pas mettre du stockage. Vous pouvez au moins avoir le soleil le jour, le problème du stockage sera résolu progressivement. Parce que, les coûts avec les technologies baissent chaque année. Et, on arrivera à un moment où peut être le coût sera assez abordable pour pouvoir avoir et du solaire, l’éolienne et du stockage. Mais, en attendant, le Sénégal à l’image de sa population qui est dual, on a une moitié des jeunes et une moitié de vieux. Plus une moitié de femme et une moitié d’hommes d’après les chiffres. Vous les connaissez. Mais, on a également, une moitié de ruralité et une moitié qui vit dans le monde urbain. Le système électrique emprunte cette logique » dit-il.