Le centre de recherches Timbuktu Institute en partenariat avec la Fondation Konrad Adenauer a présenté jeudi 27 mai son rapport sur la situation sécuritaire dans la région de Kédougou, au sud-est du Sénégal, une zone frontalière du Mali et de la Guinée.
« La bataille de l’Est » aura bien lieu, et il faut s’y préparer. Situation géographique frontalière et excentrée, répartition inégale des richesses minières, circulation d’explosifs utilisés dans les mines d’or, ou encore infrastructures de base défaillantes… L’étude du Timbuktu Institute fait état d’un « cocktail de facteurs de risques » dans la région de Kédougou. Pour ses auteurs, « les frustrations socio-économiques apparaissent comme les principales causes de radicalisation ».
Le rapport indique qu’en 2019 et 2020, « le nombre d’arrestations d’individus, pour l’essentiel d’origine étrangère, avec des explosifs, a connu une hausse inquiétante » dans la zone.
Le paradoxe, c’est qu’une grande majorité des personnes interrogées – 85% – disent « se sentir en sécurité ». 65% affirment « ne pas être concerné par la crise malienne ».
« Le Sénégal a toujours été présenté comme un îlot de stabilité dans un océan d’instabilité, explique Bakary Sambe, directeur du Timbuktu Institute. Cette absence de prise de conscience de la population montre aussi un défaut de sensibilisation de la part de l’État sénégalais qui ces dix dernières années est passé d’un déni de cette réalité à une prise de conscience progressive récemment. Le Sénégal doit passer à une étape de mise en place d’une politique de prévention assumée sachant que cette exception tant vantée n’est pas durable si on ne renforce pas la résilience ».
Les chercheurs recommandent, entre autres, une meilleure organisation de l’exploitation minière, et la formation des chefs religieux et coutumiers sur les enjeux des conflits transfrontaliers. Lors de la présentation du rapport, le représentant du ministère de l’Intérieur, Alpha Diallo, a lui insisté sur la collaboration des populations en matière de renseignement.