Amis depuis qu’ils se sont connus en Allemagne, Pep Guardiola et Thomas Tuchel se font face à Porto pour la finale de la Ligue des champions prévue samedi soir entre Manchester City et Chelsea. Depuis 2013, le bilan sportif penche en faveur de l’Espagnol.
Bataille de tacticiens, samedi soir à Porto pour la finale de la Ligue des champions entre Manchester City et Chelsea (en direct sur RMC Sport 1 et RMC Story). Après une confrontation en FA Cup et une autre en Premier League, Pep Guardiola (50 ans) et Thomas Tuchel (47 ans) vont s’affronter pour la troisième fois de la saison. Au moment de se saluer lors du protocole d’avant-match, les deux hommes s’autoriseront sans doute plus qu’un simple salut de courtoisie.
Ils ne cachent en effet par leur amitié, née il y a un peu moins de dix ans en Allemagne. À chaque fois qu’ils en ont eu l’occasion, les louanges de l’un pleuvent pour l’autre. Quant au terrain: l’avantage penche clairement en faveur de Pep Guardiola, avec quatre victoires et un nul contre deux défaites. Sauf que ces revers sont tout frais.
En Allemagne, aucune défaite de Guardiola
La première fois que Thomas Tuchel et Pep Guardiola se sont affrontés, c’était donc en Bundesliga, au cours de la saison 2013-2014. Le premier était à Mayence depuis un petit moment, le second venait d’arriver au Bayern Munich. Le résultat est logique et sans appel: les Bavarois s’imposent 4-1, même si Mayençais menaient à la mi-temps.
Que ce soit avec Mayence ou avec le Borussia Dortmund, Thomas Tuchel ne s’est imposé sur ses terres face au Bayern du Catalan. Mais s’il a aussi pris une gifle en étant à la tête du BVB (5-1 en 2015), l’Allemand était ensuite passé tout près de deux victoires. D’abord avec un 0-0 dominé en championnat, puis lors de la finale de la Coupe d’Allemagne 2016 qui s’était terminée aux tirs au but. Des performances qui, au vu de la différence de niveau intrinsèque des deux équipes (Lewandowski était déjà dans les rangs du Bayern) constituait déjà un petit exploit.
En fait, celui qui allait devenir le coach du Paris Saint-Germain a dû attendre que Carlo Ancelotti prenne la suite de Pep Guardiola pour enfin battre le mastodonte munichois.
En Angleterre, Tuchel renverse la vapeur
Durant ses deux ans et demi, Thomas Tuchel n’a pas eu l’occasion de se frotter à Pep Guardiola. À Chelsea, les retrouvailles ont eu lieu trois mois après sa signature. En demi-finale de FA Cup, mi-avril, Chelsea a su maîtriser Manchester City (1-0). Les Blues ont remis ça début mai, à trois semaines de la finale de la Ligue des champions, en s’imposant à la dernière minute contre les Skyblues en championnat (2-1).
Attention toutefois à ne pas tirer de conclusions hâtives. Même s’il est vrai que le 3-4-3 de Thomas Tuchel a donné des résultats probants (il l’avait aussi utilisé dans leur dernière confrontation en Allemagne), c’était à chaque fois contre des équipes remaniées de Manchester City. En FA Cup, Pep Guardiola avait fait tourner pour faire face à l’enchaînement des matchs. En championnat, la rotation était survenue quelques jours après la qualification obtenue contre le PSG.
Ce que Tuchel dit de Guardiola:
Avant les retrouvailles en FA Cup en avril: « Quand Guardiola était le coach du FC Barcelone, je regardais presque chaque match. J’étais très impressionné par la façon dont ils ont réussi avec le style de jeu pratiqué. Les jeunes du centre de formation, le football offensif, la possession… Ce qui était le plus impressionnant, c’était la mentalité avec laquelle l’équipe défendait à la perte du ballon. J’ai beaucoup appris en regardant les matchs, mieux compris le jeu et comment on pouvait aborder les matchs de manière aventureuse et courageuse ».
En 2015 dans les colonnes de Bild: « Même si je l’admire, je ne veux pas le copier ou être un clone de Pep. Cela ne marcherait pas de copier son coaching. Quand on entraîne ou réagit différemment, il en résulte quelque chose de nouveau. Je suis confiant dans la voie que je suis en train d’emprunter ».
Avant la finale de la Ligue des champions, au micro de RMC Sport: « Il a montré à Barcelone, à Munich, et maintenant à City, qu’il crée des équipes très dominatrices et très fortes. C’est toujours un certain style, c’était un autre style à Barcelone et à Munich. Il s’adapte toujours. Ce sont des matchs toujours difficiles contre lui ».
Ce que Guardiola dit de Tuchel:
En 2016, lorsque Pep Guardiola s’apprêtait à quitter la Bundesliga: « Thomas me manquera beaucoup, beaucoup. J’ai beaucoup appris en jouant contre ses équipes ».
À l’arrivée de Thomas Tuchel à Chelsea en janvier dernier: « C’est un entraîneur exceptionnel. Je suis sûr qu’il va avoir du succès. Je suis heureux de le voir ici. Quand j’étais au Bayern, j’ai joué contre lui à Mayence. La dernière saison à Dortmund, il a fait un boulot incroyable. La façon dont l’équipe jouait était remarquable. Avec le Bayern, nous avons dû beaucoup batailler pour gagner le titre. C’est un ami et je suis heureux de le voir ».
Avant la finale de la Ligue des champions: « Je travaillais au Bayern, et il avait organisé un dîner à Munich (…). On avait parlé football, football, football et football. J’ai beaucoup appris. Bonne nourriture, du bon vin, c’est toujours un bon moment pour partager. C’est un bon souvenir. Depuis, on a bien grandi. On a une bonne relation ».
Ils les ont connu tous les deux:
Ilkay Gündogan, qui a joué sous les ordres des deux coachs: « Ils sont très similaires. Ce sont deux grands managers, à un niveau tactique très élevé. Ils sont tous les deux capables de gérer les difficultés qu’ils peuvent rencontrer durant un match ».
Michael Reschke, ancien directeur technique du Bayern Munich au Parisien: « Le Bayern avait gagné les deux rencontres, mais Pep avait été marqué par le style de jeu de [Mayence]. Malgré les moyens de Munich, Thomas Tuchel avait voulu jouer pour gagner, et cette philosophie lui avait plu ». Puis à propos d’une première entrevue entre les deux hommes, racontée dans The Athletic: « C’était comme regarder deux grands maîtres d’échecs. Ou Cicéron et Socrate qui parlent de philosophie de football. J’étais un simple spectateur. Ils parlaient dans un mélange d’allemand et d’anglais et n’utilisaient aucun terme scientifique, mais il était parfois difficile de les suivre ».