La radio privée Europe 1, qui ne cesse depuis une dizaine d’années de plonger dans les sondages, vit depuis ce vendredi une situation inédite : la rédaction entière se met en grève.
C’est une triste première à Europe 1. Tous les journalistes, réunis en intersyndicale, entament un bras de fer périlleux avec leur direction. Ils contestent la mise à pied d’un jeune journaliste, Victor Dhollande, qui avait surpris mercredi une employée des ressources humaines en train d’enregistrer en cachette les propos d’une réunion interne. Il s’en était pris à elle avec véhémence.
Les salariés d’Europe 1 voient dans cette sanction disciplinaire le signe d’un management par la terreur, déjà éprouvé par les rédactions du groupe Bolloré, comme dernièrement au service des sports de Canal+.
L’industriel Vincent Bolloré est en effet monté au capital du groupe Lagardère qui possède la station. Il souhaite développer des synergies entre la radio Europe 1 et la chaîne télévisée d’information continue CNews. Une chaîne qui a opéré ces derniers mois un radical virage à droite.
La société des rédacteurs de la chaîne privée refuse de devenir un média d’opinion à l’aube d’une année électorale, et affirme craindre de perdre son bien le plus précieux : son capital de crédibilité auprès des auditeurs.
Cette crise éclate donc dans un climat tendu, au sein d’une rédaction déjà « déprimée » par le plan de départs volontaires engagé au printemps pour supprimer une quarantaine de postes et redresser les comptes de la radio, dont les audiences peinent à remonter.
Europe 1 est en grève jusqu’à lundi 21 juin à 10h. La suite donnée au mouvement sera décidée lors d’une nouvelle assemblée générale ce jour-là.