Bataille de Dakar : La première manche de la présidentielle

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Les dés semblent être jetés pour les élections locales de janvier 2022. Le président Macky Sall a choisi de jouer la carte Diouf Sarr pour ce scrutin. De l’autre côté, la coalition Yewwi Askan Wi ne va pas tarder à annoncer son candidat qui risque d’être sans surprise Barthélémy Dias qui aurait tendance à pousser Khalifa Sall à la retraite. La bataille de Dakar aura donc bel et bien lieu. Et de deux pour le Président Macky Sall qui jusqu’ici, n’a toujours pas gagné la capitale. Ces élections seront donc pour Macky la première manche de la présidentielle.
Dakar a connu à ce jour, vingt-deux maires. Quatorze avant les indépendances et sept de 1961 à nos jours. De Joseph Gomis (1961-1964) à Mamadou Diop (1984-2002), la mairie de Dakar a toujours été entre les mains de personnes favorables au pouvoir socialiste qui a dirigé le pays jusqu’en 2000. En 2002, avec l’avènement de Wade au pouvoir en 2000, Mamadou Diop quitte la mairie pour laisser le fauteuil au maire libéral Pape Diop.

Ceci montre combien le maintien de la capitale est important pour les différents pouvoirs qui se sont succédés. En outre, il est important de noter que la région de Dakar représente le quart de l’électorat sénégalais. Sans compter que la capitale, principale poumon économique du pays, est lieu d’exode. Les résidents sont ainsi capables d’influencer le vote dans les autres régions.

L’élection du socialiste Khalifa Sall en 2009 a fait dire à nombre de spécialistes que l’ère Wade n’allait pas tarder à prendre fin. L’exception confirmant la règle est que le président Sall n’a jamais gagné la capitale. Ce qui a fait qu’à la première occasion, il s’est empressé de se débarrasser d’un voisin « gênant ». En 2018, Khalifa Sall est révoqué de la mairie de Dakar au profit de son adjointe, Soham El Wardini dont la candidature se précise, avec le soutien occulte de son mentor, Khalifa Sall. Dakar a aussi un poids financier non négligeable.
L’éternel casse-tête de Macky
La perte de la mairie de Dakar par les libéraux, Wade l’a payée cher. Khalifa était un opposant de la première heure, socialiste dans le sang. L’on se rappelle que Wade, pour contrer les avancées de Khalifa, bloquait la plupart de ses projets, dont le rachat au groupe Sud d’un terrain de plusieurs hectares dans le centre-ville ou celui de l’aménagement de la Place de l’Indépendance qu’il projetait de rebaptiser Place Valdiodio Ndiaye. Il a tenté le coup tout ce temps, et au moment des élections de 2012, il a fait face au pouvoir libéral et activement participé à la défaite du président Wade. Régulièrement, le budget de la Ville de Dakar dépasse les 50 milliards de nos francs. Selon un analyste en politique, « il s’agit d’une redoutable machine de guerre qui a permis à Khalifa d’épauler l’actuel Président en 2012 dans sa quête du pouvoir »

Le président Macky Sall est donc arrivé au pouvoir au moment où Khalifa Sall était maire de Dakar depuis quatre ans. Mais le divorce entre les deux hommes n’allait pas tarder.

Le clash viendra des ambitions affichées de l’édile de Dakar de se présenter à la présidentielle de 2019. L’alliance fut éclair. Les hostilités sont déclenchées en juillet 2015 avec l’audit lancé par l’Inspection Générale d’Etat (IGE). Ce fut le début d’une longue et périlleuse descente aux enfers pour le maire socialiste qui avait puisé dans la caisse d’avance en usant de fausses factures. Mais il est surtout reproché à Khalifa d’avoir lorgné le fauteuil présidentiel.

Pour le président Macky Sall, il était hors de question qu’un potentiel concurrent dirige la capitale.

En janvier 2022, le fauteuil de la mairie de Dakar va être remis en jeu. Ce sera l’occasion pour le pouvoir en place de prouver son leadership dans la capitale sénégalaise. Ce pouvoir part avec une longueur d’avance puisque sur les 15 communes qui avaient été gagnées par Khalifa Sall, plus de la moitié des maires ont rejoint le camp présidentiel. Ce qui va poser problème pour la coalition Yewwi, dont les deux moteurs de tête, Pastef et Taxawu Dakar sont tenus de faire émerger de nouveaux leaders.

La grande inconnue reste, tout de même, le candidat de la coalition dirigée par Abdoulaye Wade. De ce côté-là, il vaut mieux s’attendre à tout, même à l’impensable : une candidature de l’ancien président sénégalais, officiellement presque centenaire…

Mais c’est aussi cela, l’exception sénégalaise

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