De son inculpation pour enrichissement illicite à son procès devant la Crei
Du 03 juillet 2012 qui marqua le début des auditions de Karim Wade par la gendarmerie au 23 mars 2015, date de sa condamnation définitive à six ans de prison ferme et 138 milliards d’amende par la Crei, le procès de l’ancien ministre libéral du « Ciel et de la terre » fut loin d’être un long fleuve tranquille pour les protagonistes. Retour sur un feuilleton judiciaire aux allures de marathon qui a longtemps tenu en haleine la République.
L e 3 juillet 2012, Karim Wade, ancien ministre de la Coopération internationale, des Transports aériens, des Infrastructures et de l’Énergie, surnommé le « ministre du Ciel et de la terre » est auditionné par la gendarmerie de Colobane sur la gestion de ces différents ministères au sein du précédent pouvoir. Le 17 avril 2°13 , il est inculpé d’ « enrichissement illicite » avant d’être, incarcéré à la prison de Reubeuss.
Ouvert le 31 juillet 2014, le procès du fils de l’ancien président de la République a vu défiler, pendant 6 mois, des témoins à charge ou à décharge devant le président de la Crei, Henri Grégoire Diop, et cie. Qui plus est, la salle 4 du Palais de justice de Dakar a abrité un procès émaillé d’incidents. Tout d’abord, Karim Wade a été amené de force au tribunal pour sa comparution. Ensuite, toutes les exceptions de nullité soulevées au début du procès sont restées vaines. Pis, Me Amadou Sall, un de ses conseils (ancien ministre de la Justice), a été évacué de force de la salle d’audience sur instruction du président de la Cour. Des incidents qui ont ravivé la tension entre la Cour et le collectif des avocats de Karim et cie qui finira par boycotter les audiences. Cela, pour protester contre les «provocations» du président de la Crei et le non-respect des droits de la défense.
Néanmoins, le procès suit son cours normal et le verdict est programmé pour le 23 mars 2015. Le 4 février, devant des milliers de sympathisants de la coalition de l’opposition menée par le Parti démocratique sénégalais (Pds), Abdoulaye Wade se dit « prêt à donner sa vie » pour empêcher une condamnation de son fils et qualifie la Crei de « machin ». En janvier, Karim Wade avait observé une grève de la faim de quelques jours pour, selon ses avocats, « faire respecter ses droits ». D’après ses partisans, il avait été auparavant « frappé et blessé » au tribunal, à la suite de son refus de comparaître « pour ne pas participer à une parodie de justice »
LA MAIN LOURDE DU PARQUET
Le 17 février, le parquet requiert contre lui sept ans de prison ferme, plus 250 milliards de francs Cfa d’amende avec une privation de ses droits civiques et une confiscation de ses biens. Le 23 mars 2015, Karim Wade est condamné par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) à 6 ans de prison ferme assorti d’une amende de 138 milliards avec la confiscation de tous ses biens
GRÂCE PRÉSIDENTIELLE ET EXIL À DOHA
Coup d’éclat, dans la nuit du jeudi 23 au vendredi 24 juin 2016, Karim Wade, condamné à 6 ans de prison assortie d’une amende de 138 milliards de francs Cfa est libre de tout mouvement. Bénéficiant d’une grâce présidentielle, l’ancien ministre d’État quitte le sol sénégalais à bord d’un jet privé à destination du Qatar, plus précisément Doha. Quid de l’affaire dite ‘’Karim Wade’’, qui a tenu en haleine le peuple sénégalais pendant près de 4 années ? Aujourd’hui gracié par le chef de l’État, après moult interventions, quelles viennent des familles religieuses, d’hommes d’affaires ou encore de chefs d’État de pays amis, l’ex-ministre «du ciel et de la terre» avait pourtant refusé de solliciter une quelconque grâce. Tout ce qu’il voulait, selon certaines indiscrétions, c’est l’application de l’avis du Groupe de travail de l’Onu qui avait ordonné sa libération.
RETOUR SUR INFO Affaire Karim-Quand la charge fond comme du beurre !
Mis en demeure le 15 mars 2013, après une audition par la Commission d’instruction de la Crei, de justifier, dans un délai d’un mois, l’origine licite de ses avoirs ainsi que ses biens (voitures, propriétés immobilières, sociétés…) et comptes bancaires, l’ancien ministre d’État sera inculpé d’«enrichissement illicite». Le document de 3000 pages produit et présenté par ses conseils n’y fera rien. L’ancien ministre est emprisonné à la Maison d’arrêt et de correction (Mac) de Rebeuss, avec sept (7) autres personnes, le mercredi 18 avril. De 694 milliards, le montant de la charge fond cependant jusqu’à 117 milliards, dont 47 milliards d’un compte dit de Singapour vidé avant l’envoi de la commission rogatoire internationale par la Crei, ainsi que 22 sociétés qui lui sont attribuées, dont la seule société Dubaï Port World (DP World) fait 400 milliards de francs Cfa. Ce qui est jugé «invraisemblable» par sa défense qui estime que cette société contrôle 300 ports dans le monde, y compris ceux de Hong-Kong et de New York.