“La culture de la paix ne peut jamais être une posture de faiblesse” (Elimane Kane)

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Comment pouvons-nous comprendre la décision d’un responsable politique aspirant à la magistrature suprême de notre démocratie, de refuser une proposition d’engagement multi partite pour garantir la paix dans ce même pays ?

L’attitude publique du Président du parti Pastef est très surprenante, encore davantage le fait de revendiquer (en assumant) publiquement sa réputation de “nitu fitna”.

L’enseignement coranique comme la prophétie mohametanne nous ont mis en garde à propos de la “fitna”, car comme le disait l’autre sage Amadou Ampathé Ba : il n’ya pas de petite querelle “. Le feu qui se propage dans la forêt n’épargnera pas le roi de la forêt.

La perception que j’ai d’Ousmane Sonko est celle d’un homme pieux, calme et affable. J’ai du mal à le reconnaître dans ce discours va-t-en guerre persistant, que certains apprécient comme une marque de courage.

Non, courage ne signifie pas témérité. Le courage n’exclue pas l’apaisement, le compromis pour la paix et l’effort collectif de la construction nationale.
La violence est à bannir de quelques bord qu’elle puisse provenir. Nous avons toujours dénoncé l’abus de pouvoir des autorités, les violences inutiles des forces de l’ordre, la violence verbale et physique des acteurs politiques, alors nous ne pouvons pas ne pas relever cette attitude belliqueuse, à la limite inacceptable d’un leader de parti et d’opinion qui peut être suivie comme un mot d’ordre dans l’espace public.

Du point de vue de la communication politique, nous pouvons comprendre que le candidat aux futures élections présidentielles de 2024 cherche à mettre la pression sur ses impitoyables adversaires, qui n’hésitent pas à utiliser des armes non conventionnelles pour éliminer des concurrents sérieux, en usant de l’intimidation. Mais la peur et la violence ne peuvent être des armes efficaces en politique. C’est plutôt la pertinence du projet politique et l’attitude responsable d’homme d’état qui sont les meilleurs arguments pour convaincre durablement et donner confiance aux citoyens.

Même si l’analyse des rapports de force est objectivement faite par Ousmane Sonko et son équipe, il existe bien d’autres manières de montrer à l’adversaire qu’on ne se laissera pas faire, dans un message qui lui est directement adressé, au lieu de mêler dans ce jeu d’autres acteurs dont les motivations sont au dessus des calculs et tactiques politiques, pour préserver notre espace commun. C’est même aller trop loin que d’insinuer l’hypocrisie pour apprécier une initiative noble, volontariste et indépendante prise par des concitoyens respectueux de par leur trajectoires riches en contribution dans ce pays et leurs postures équidistantes des chapelles politiques. Le cadre unitaire qui a proposé la charte est connu pour ses actions fédératrices et constructives en vue de rassembler les musulmans du Sénégal autour d’un agenda commun, mais aussi de préserver notre pays de la déflagration qui nous menace. Epris de paix et agissant dans le sens de prévenir des situations difficiles pour tous les sénégalais souvent créés autour d’enjeux politiques, l’attitude la plus responsable de tout acteur qui a la prétention de diriger ce pays est de les écouter d’abord avant de se prononcer publiquement de la sorte.

Ces initiatives de culture de paix et de médiation entre les acteurs politiques sont une tradition dans ce pays. C’est ce qui a permis la révision du code électoral en 2012 et permis l’organisation élections correctes en 2000, ayant occasionné la premiere alternance au Sénégal Pour rappel, à la veille de l’élection présidentielle de 2012, les candidats avaient signé un code de conduite élaboré à l’époque par le Forum civil et un grouoe d’acteurs indépendants pour éviter la violence et l’usage des milices lors de la campagne électorale, ça n’a pas empêché à l’opposition d’alors de triompher du pouvoir en place. L’affaire Barthélemy Diaz qui revient à la surface dans ce contexte est la preuve du niveau de violence qui prévalait à l’époque, dans la période pré -électorale.

En mars 2021, tout le pays a été ébranlé et tout le monde a subi les conséquences, jusqu’aux familles innocentes qui ont perdu de leurs membres. Aucun vrai patriote ne veut revivre une situation aussi regretable avec son lot de pertes humaines. En majorité, c’étaient des jeunes qui sont toujours mobilisés par des slogans et se retrouvent victimes de l’attitude guerrière de leurs leaders qui eux, se retrouveront plus tard avec leurs adversaires au gré de leurs intérêts du moment.

Comment l’adversité entre acteurs politiques peut-elle être mise en jeu au point de fragiliser la stabilité de tout un pays ? Le gain personnel en vaut il le sacrifice collectif ?

Quelque soit la surmédiatisation faite de l’action politique partisane dans ce pays, il est temps que les protagonistes du jeu politique comprennent qu’ils ne font pas la majorité de ce pays et ne sont pas le centre d’intérêt de l’essentiel des sénégalais qui travaillent au quotidien pour maintenir ce pays débout.
Dans cette approche (ce n’est pas celle de tous les acteurs politiques), l’’action ou l’agitation politique est à la limite une grosse arnaque qui mobilise nos ressources, organise leur prédation pour des sinécures à se partager entre partisans, les coalisés. Toutes ces coalitions d’intérêts et contre nature qui se font et se défont au gré du vent ne font que démontrer la cupidité et l’avidité de certains leaders politiques qui mènent leurs militants en bâteau, en prenant leurs ambitions personnelles pour les aspirations des populations.
Si vraiment, ils soutiennent l’intérêt du Sénégal, comment peuvent ils être des instigateurs de violence et de saccage des biens publics et privés acquis par la dure labeur de sénégalais méritants ?

L’histoire des procès de l’humanité est mise en relief par la pédagogique délibération du Roi-prophète Salomon qui, pour départager les deux femmes qui se disputaient la maternité d’un bébé, les a mises en situation pour observer leurs attitudes. Ce qui a permis au sage juge de faire la différence en attribuant l’enfant à celle qui l’aimait le plus, à savoir celle qui a privilégié sa survie plutôt que son partage en lambeaux.

J’invite le peuple sénégalais à la même sagesse pour trancher dans le sens de l’intérêt collectif.

Par Elimane H KANE

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