Les dirigeants européens réunis en sommet ont conclu, lundi 30 mai à Bruxelles, un accord sur un embargo frappant le pétrole russe. Mais en prévision de ce sixième paquet de sanctions contre Moscou, beaucoup d’entreprises occidentales avaient déjà suspendu leurs activités début mars et désormais elles sont de plus en plus nombreuses à acter leur départ du pays.
Une file d’attente gigantesque devant un McDonald’s du centre-ville de Moscou… c’était le 8 mars dernier pile, quel symbole, devant le même magasin ouvert il y a un peu plus de trente ans – le 31 janvier 1990- : premier restaurant étranger de l’Union soviétique, quelques mois avant sa dislocation. Il y avait eu plus de 30 000 clients le premier jour et certains avaient attendu jusqu’à 8 heures pour être servis.
Le 8 mars dernier donc ce sont tous ces souvenirs, une génération à peine, qui sont remontés quand McDonald’s a annoncé la suspension de ses activités.
Tout début mars de nombreuses enseignes ont fermé en quelques heures dans les grandes villes russes : ameublement, habillement… parfois plusieurs annonces en une journée, et à chaque fois une ruée des clients pour les derniers achats possibles.
Beaucoup de groupes avaient alors surtout annoncé une suspension de leurs activités, le maintien des salaires des employés et certains continuaient à vider les stocks, via les boutiques en ligne. Dans d’autres secteurs comme la banque ou l’industrie, le mouvement a été plus disparate.
Ceux qui partent et ceux qui restent
L’université de Yale, aux Etats-Unis, tient depuis le début un décompte de ceux qui partent et de ceux qui restent parmi quelque 1200 grandes entreprises étrangères présentes en Russie. Un décompte actualisé quasiment tous les jours par une équipe d’experts, de chercheurs et d’étudiants. Au 30 mai, hier soir donc, la formule de l’université américaine est « presque 1000 entreprises ont réduit leur activité » : ça implique celles qui l’ont fait, au-delà bien sûr des sanctions qui s’imposent à tou(te)s.
Ces entreprises sont même notées de A à F selon « l’exhaustivité du retrait » : on apprend par exemple qui s’est retiré du marché, qui se contente de maintenir des usines ou qui continue à embaucher -voire augmente ses livraisons. Sans surprise dans ce dernier cas on retrouve beaucoup d’entreprises chinoises. Ce tableau, très détaillé, met en évidence un pivotement en cours, celui de l’activité économique russe de l’Europe et des Etats-Unis vers l’Asie.
Que va-t-il advenir des entreprises qui se sont retirées ?
Certaines n’ont pas communiqué pendant plusieurs semaines avant d’annoncer une revente. Ainsi pour Renault, la semaine dernière, et l’acheteur c’est l’Etat russe. Le groupe français avait réussi à redresser la marque Lada mais l’aventure se termine avec la première nationalisation d’ampleur en Russie depuis le 24 février.
Quant à Mac Donald, l’Etat russe entend en garder si ce n’est la marque du moins l’esprit : les mêmes menus seront vendus, reste à trouver le logo. Le ministère de l’Industrie et du commerce a même lancé pour ça un concours il y a dix jours. Evidemment, certains s’en sont donnés à cœur joie et on a aussi vu arriver des propositions comme « PutinMak » ou dans la série patriotique des « Good bye America », ou Zadonald – le Z de l’« opération spéciale » comme dit le Kremlin – soit au total plus de 200 propositions. On ne sait pas encore laquelle va être retenue.
Rfi