Écouté et respecté à travers le monde pour sa fermeté et ses positions tranchées en faveur de l’Afrique, notre chef d’État Macky Sall, s’il n’économise pas son énergie à défendre nos intérêts collectifs, ne parvient pas à réconcilier son propre pays, où l’opposition lui fait une guerre sans merci. Tandis qu’il se bat pour la sécurité alimentaire du continent avec des trésors de diplomatie, il peine à rayonner dans son territoire autant qu’il en impose à l’étranger.
Si les armes auront toujours le dernier mot dans ce monde guerrier, la diplomatie reste cependant l’une des répliques clefs de l’Afrique pour peser sur le cours des évènements. Contrairement aux idées reçues, la diplomatie n’est pas l’arme des faibles et l’entretien du président sénégalais Macky Sall, président en exercice de l’Union Africaine, avec son homologue russe Vladimir Poutine à Sotchi est à noter comme un haut fait de médiations diplomatiques qui apportent la preuve que l’Afrique a sa voix dans le concert des nations.
Les deux dirigeants ont débattu de la guerre en Ukraine, et en particulier du blocage des exportations de céréales de ce pays vers l’Afrique. Macky Sall à ce sujet ne cesse d’alerter sur le blocus russe en mer Noire qui fait peser un risque de famine sur les pays africains.
Comment se plaindre à la fois de l’impuissance politique de l’Afrique et critiquer une telle démarche, à la fois non alignée et ferme quant à la volonté de faire taire les armes en Ukraine.
C’est toujours la même histoire depuis nos indépendances, chacun a de bonnes raisons de tenter de s’immiscer dans la gestion des pays africains pour mieux les contrôler, mais dès qu’il est question de protéger leurs intérêts, y a plus personne.
Pour exemple, au nom du droit au développement, l’Afrique veut pouvoir exploiter ses importantes réserves de gaz fossile, mais lors du sommet du G20, les occidentaux ont décidé d’en arrêter l’exploitation en 2021… « Nous l’interdire serait injuste » plaidait notre président qui demande aux instances mondiales que le gaz naturel soit considéré comme une énergie de « transition ».
Et voilà qu’aujourd’hui avec la guerre en Ukraine et les nouveaux besoins en gaz, ce sont les occidentaux qui font volte face et viennent faire la danse du ventre en Afrique. Enfin, passons !
Pour revenir à la guerre en Ukraine, comment s’aligner sur des positions qui condamnent l’Afrique ? Pourquoi ne pas intégrer dans les décisions internationales, que les embargos et autres sanctions économiques sont des armes à double tranchant qui désorganisent les circuits de production et frappent durement les populations les plus faibles ?
Il est vrai que le blé, et plus globalement la sécurité alimentaire, est aussi un enjeu et un moyen de pression sur l’Union Européenne exercé par le président Poutine, lequel conditionne l’exportation des céréales ukrainiennes à la levée des sanctions à l’encontre de son pays. Mais les sanctions européennes sur le système bancaire russe posent des problèmes de paiements des céréales russes… Les Européens ont promis, lors du dernier Conseil européen, de prendre en compte cette problématique. « La guerre est à l’origine des problèmes, mais les sanctions les ont aggravés », affirme Macky Sall sans relâche.
Oui il faut y croire et se battre encore. Même sans arme, l’Afrique peut faire bouger les positions des différents protagonistes, particulièrement sur les conséquences que ce blocage des céréales fait peser sur la stabilité nutritionnelle du continent, c’est ce que croit en tout cas notre président qui multiplie les interventions à l’étranger.
C’est pour cela qu’il ne cesse de réclamer pour l’Afrique un fauteuil permanent à l’Organisation des Nations Unis. La mondialisation impose cette responsabilité aux occidentaux car elle a « accentué les inégalités », accuse notre président. Le chef de l’État du Sénégal reproche également une « inégalité » de traitement des pays africains dans la manière dont ils sont évalués par les agences de notation financière. « Nous sommes 1,4 milliard d’habitants sur le continent africain et plus de 600 millions n’ont pas encore accès à l’électricité », martèle-t-il.
Pendant ce temps là, dans le golfe d’Odessa, ce sont des mines lestées ou ancrées au fond de la mer et qui ont été installées par les deux belligérants qui empêchent les navires d’accoster. Dans le port, une partie du blé commence à pourrir en même temps que l’Afrique en manque cruellement.
Voici pourquoi le caractère ferme et courageux de la diplomatie sénégalaise tout en restant ouvert à « tous les souffles de l’esprit » a toujours compté et porte encore davantage sa voix par l’autorité de Macky Sall.
Mais cependant qu’il parcourt le monde et dirige l’Union Africaine en travaillant aux intérêts de son pays, soutenu en cela par son ministre des finances et du budget Abdoulaye Daouda Diallo, qui lui aussi résiste aux instances internationales dont Le Fmi qui nous demande d’arrêter les subventions et les mesures sociales envers les ménages les plus démunis, il ne peut hélas que constater l’immuable rituel de la discorde qui sévit au Sénégal. Comme à l’accoutumée, dans la perspective des législatives de juillet, l’opposition pour tout programme, dénonce dans la rue une cabale menée contre elle, et pour unique combat, déclare que son seul ennemi est Macky Sall. Nul n’est prophète en son pays !
Oumou Wane