« Je vois le Président Macky Sall quand je le veux et quand il le veut, matin, midi, soir… » (Madiambal Diagne)
Le journaliste Madiambal Diagne n’est pas dans le clair-obscur. Dans une interview accordée à Seneweb, le journaliste polémiste, soutient de manière claire que le Président de la République, Macky Sall a droit à un troisième mandat. Sur ce point, renchérit-il, aucun juriste ne peut m’apporter des contre-arguments. Mieux, il rame contre la limitation des mandats. Au passage, il a vanté ses relations avec le Président de la République, Macky Sall qu’il voit quand ce dernier le veut ou quand Madiambal le veut, matin, midi, soir. A l’inverse, il a donné les arguments qui sous-tendent ses sorties critiques contre Ousmane Sonko qu’il n’hésitera pas à féliciter s’il est élu Président de la République. Entretien.
Après 8 ans de présidence, vous quittez aujourd’hui la tête de l’Union de la presse francophone. Parlez-nous de l’UPF?
Ça ne peut faire que le malheur des peuples africains. La Russie a commencé par la Centrafrique. Est-ce qu’aujourd’hui la Centrafrique peut être érigée comme un modèle de réussite d’une coopération ? Je ne le pense pas. C’est plutôt tout le contraire de ce qu’il faut faire. Après la Centrafrique, la Russie a cherché à venir en Afrique de l’Ouest au Mali. Mais les Maliens sont aujourd’hui tombés dans une désillusion après avoir tenté l’expérience russe. Le Mali qui disait « France dégage » et qui faisait flotter des drapeaux russes ont changé de discours. Il faut aussi éviter la propagande russe. Certes on a parfois envie de la nouveauté, ce qui pousse à tenter des nouvelles expériences. Je crois honnêtement, envoyer des mercenaires de Wagner en Centrafrique et au Mali participe à tuer des populations civiles comme constaté, je ne pense pas qu’il faudrait remplacer une coopération institutionnelle par une coopération avec des militaires. Je respecte le choix des peuples, des pays et le choix de leurs dirigeants qui sont des autorités souveraines. Mais je considère que la situation au Mali continue de se dégrader depuis l’arrivée de la Russie.
“Il n’y a pas quelqu’un de l’opposition directement ou indirectement qui ne vient pas me voir ou qui ne trouve pas des canaux de discussions avec moi”
Il n’y a rien entre Ousmane Sonko et moi. Je lui dis juste mes vérités. Quand il ment, je dis qu’il ment et il n’arrête pas de mentir. Je suis dans les faits et à chaque fois que je dis une chose, personne n’apporte des preuves pour démentir. Quand je dis que Ousmane Sonko n’a pas le droit de dire qu’on doit déloger le Président de la République ou qu’il n’a pas le droit d’appeler à l’insurrection, je donne des faits et des déclarations de lui. Quand je dis que Ousmane Sonko a préconisé la violence, je donne des faits. Donc, personne ne peut me rapporter un propos qui n’ait pas été étayé par des arguments factuels. Ce que je dis, je l’assume. Encore une fois, je n’ai aucun problème personnel avec Ousmane Sonko mais quand il appelle à la violence, je le relève, je le dénonce et je le condamne. De même quand il pose des actes anti-démocratiques comme je l’ai toujours fait avec tout autre homme politique. Si ça déplaît je m’en balance pourvu simplement que je garde mon indépendance, ma liberté d’expression et que je puisse être tranquille dans ce que je fais. J’ai la conscience tranquille. “Je refuse de dire des contre-vérités”
Récemment vous avez agité un débat à propos de la rencontre entre Ousmane Sonko et le président Embalo. Quel était l’intérêt ?
L’intérêt est que le public était curieux de savoir ce qui s’est passé et ce qui s’est dit. Et mon rôle de journaliste, c’est d’informer les gens sur ce qui les intéresse. Il s’agit d’un Chef d’Etat, d’un pays qui a reçu un chef de l’opposition d’un autre pays. Quand j’ai dit ce que j’avais à dire, personne ne m’a démenti. Même le Président Embalo a confirmé mes informations. Alioune Tine lui-même au début a voulu infirmer mais a confirmé mes dires dans ses explications. Ousmane Sonko, quant à lui, n’en a jamais parlé. Parce que tout simplement, lorsque Madiambal Diagne dit une chose, il est sûr de ce qu’il dit. J’ai tellement d’orgueil et de respect pour ma personne que je refuse de me faire démentir. Je refuse de dire des contre-vérités. Il s’agit d’une exigence que je m’impose. Et quand je veux dire quelque chose, je ne me cache derrière personne pour le dire.
Des confidences par rapport à la rencontre ?
Tout ce que je sais c’est que la rencontre a eu lieu à la demande de Ousmane Sonko. Elle a été facilitée par Alioune Tine. Ils ont parlé de la politique intérieure au Sénégal et de celle de la Guinée Bissau. Ils avaient prévu de se revoir le mois suivant. La rencontre a été autorisée par le Président Macky Sall parce que Embalo a souhaité recueillir l’avis du Président. Ce dernier avait déclaré n’y trouver aucun inconvénient.
“Ousmane Sonko sait pourquoi je suis énigmatique sur une autre affaire postérieure à celle de Adji Sarr…”
Dans une de vos chroniques intitulée « Ousmane Sonko à poil », vous écrivez : « …Ousmane Sonko a rappliqué dare-dare de Ziguinchor pour des entrevues à Dakar et dans la banlieue, dans la nuit du 13 au 14 mai 2022. Assurément, il cherche coûte que coûte à étouffer une affaire qui a éclaté postérieurement à l’affaire Adji Sarr. Ignore-t-il que des preuves et autres témoignages vidéos de père, mère, frères et sœurs, ainsi que «le corps du délit» ont déjà pu circuler ? » De quelle affaire parlez-vous, peut-on en savoir plus ?Le jour où j’aurais besoin d’en parler, je ne ferai pas dans l’énigmatique. Quand je décide de dire quelque chose, je le dis avec mes mots et ma propre plume. Ousmane Sonko, vous ne l’entendrez jamais parler de ça. Ousmane Sonko sait pourquoi je suis encore énigmatique.
Comment percevez-vous les rapports entre le leader de Pastef et la presse sénégalaise ?
Il n’y a pas quelqu’un qui méprise autant la presse sénégalaise plus qu’Ousmane Sonko. La preuve, c’est qu’il transforme les journalistes en caisse de résonance. Il n’accorde jamais d’interview et empêche les journalistes de faire correctement leur travail. Ils se contentent de rapporter ses discours sans oser commenter encore moins analyser de peur d’être insulté ou d’être traité de corrompu. C’est ce terrorisme qui est en train d’être exercé sur l’opinion publique au point que les intellectuels, les gens n’osent même plus donner une opinion critique sur un opposant. C’est facile de traiter les gens de corrompus mais jamais il n’en apportera les preuves. Si jamais Ousmane Sonko sort sa liste de médias corrompus, ces médias déposeront des plaintes contre lui pour qu’il en apporte les preuves.
Question provocatrice, si Sonko est élu président en 2024, que fera Madiambal Diagne ?
Je le féliciterai pour avoir obtenu le suffrage des Sénégalais. C’est cela la démocratie. Par contre, personne ne m’enlèvera cette liberté de donner mon point de vue sur les faits et dires d’un homme politique qui aspire à diriger ce pays. Encore une fois si Sonko devient Président, je lui dirai Monsieur le Président de la République.