Les coalitions électorales Yewwi Askan Wi et Wallu Sénégal, ont décidé ensemble de ne pas participer au scrutin pour l’élection des membres du Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT) sous le fallacieux prétexte que l’institution serait inutile et budgétivore.
Une lecture, même superficielle des faits, permet d’affirmer que la vérité est toute autre. Conscients, en effet, qu’ils seront battus par la coalition BBY dans presque tous les départements, incapables de s’entendre sur des listes uniques et sans garantie de discipline de vote, Ils veulent, comme à leur habitude, tenter la ruse et la manipulation pour tromper l’opinion. Ils savent qu’aux termes de la loi organique N° 2015-24 du 14 juillet 2016 le « HCCT est une assemblée consultative qui a pour mission d’étudier et de donner un avis motivé sur les politiques de décentralisation, d’aménagement et de développement du territoire ».
Son utilité ne fait plus aucun doute dans un contexte marqué par la décision, unanimement saluée par les populations et l’ensemble de nos partenaires, de donner un souffle nouveau à la décentralisation par la territorialisation des politiques publiques.
La présence, massive, des élus locaux représentants des populations dans cette institution lui permet de jouer pleinement son rôle. Il est, au demeurant, remarquable de rappeler que les dirigeants de Taxawu, qui étaient députés à l’époque, y compris le maire actuel de la ville de Dakar, ont voté à l’unanimité le projet de loi créant le HCCT en 2016 ; comme il faut aussi rappeler que leurs amis de Wallu, eux, avaient créé un sénat qui allongeait les procédures d’adoption des lois.
Aujourd’hui, personne ne doute plus que le HCCT « élargit les espaces de dialogue, de consultation et de concertation dans le processus de prise de décisions qui engagent la vie des collectivités territoriales pour une meilleure inclusion des citoyens dans l’identification des besoins et des priorités ainsi que dans la conception et la mise en œuvre des politiques de décentralisation ». Le HCCT est, de ce point de vue, un maillon indispensable pour donner corps à l’acte III de la décentralisation.
Tout le monde a encore en mémoire la forte émotion de Khalifa SALL, qui n’a pu empêcher ses larmes de couler comme un torrent lorsque, soutenu et aidé par les élus municipaux du PDS, il a remporté le scrutin pour l’élection des membres du HCCT de la région de Dakar en 2017. Tout le monde a aussi en mémoire la victoire inattendue du PDS dans le département de Bounkiling lors de l’élection des membres du HCCT en 2017. Ceux qui prônent aujourd’hui le boycott du HCCT y ont siégé pendant cinq années sans jamais manquer un mois ou un jour de salaire. Ils continuent encore de siéger et de bénéficier de leurs indemnités. Jamais, ni eux, ni ceux qui parlent en leur nom n’ont dit que l’institution était budgétivore, ni n’ont renoncé à leurs indemnités. Et brusquement ils découvrent les vertus du boycott et le caractère budgétivore d’une institution dont ils n’ont renoncé à aucun des avantages qu’elle leur a accordés. Un politicien, membre de WALLU, a même parlé d’emploi fictif en pensant très probablement à son ami député de Yewwi qui est resté des mois sans aller à l’assemblée nationale, en n’oubliant pas de « toucher » ses indemnités.
Aujourd’hui qu’ils savent que leur défaite est inéluctable du fait de la forte représentation de notre coalition dans les communes et départements, ils ont trouvé une porte de sortie bien douteuse. Ils ne tromperont personne par des arguments spécieux de bas étage. Ils peinent à réaliser que le peuple se réveille et sait ce qu’il veut. Les élus territoriaux qui connaissent les enjeux de la territorialisation des politiques publiques et la nécessité de renforcer l’acte III de la décentralisation iront massivement voter pour élire leurs haut-conseillers.
Benno Bokk Yakaar