Dans une contribution intitulée « Coup de force un jour, coup de force toujours », envoyée à Senego, le Président du mouvement AGIR, Thierno Bocoum, répond à Aminata Touré après les incidents survenus devant les locaux du Conseil constitutionnel. In extenso la tribune.
Devant la presse, Madame Aminata Touré a fait la déclaration suivante : « Comme mandataire du candidat de Benno Bokk Yaakaar, le Président Macky Sall, j’ai commencé la queue hier lundi 10 Décembre à la porte du Conseil Constitutionnel, exactement à 15h42, devant les barrières de la gendarmerie clairement identifiables par le logo».
Si elle trouve nécessaire de nous éclairer sur le logo de la gendarmerie, elle aurait pu en faire autant sur la disposition légale qui l’autorise à ‘’commencer la queue’’ à exactement 15h 42. Cette question est d’autant plus intéressante que, se basant sur sa logique, il est utile de noter que des mandataires de candidats se sont rendus au Coonseil constitutionnel très tôt le matin bien avant elle.
Mieux encore, d’autres candidats s’y sont rendus avant le 10 pour s’enquérir des conditions de dépôt. Et la réponse à toutes ces mesures de précaution de candidats de l’opposition et de leurs mandataires a été constante de la part des préposés à la sécurité et du greffier: « Aucune mesure spéciale n’a été prise. Le dépôt se fera à minuit comme le prévoit la loi».
Alors, pourquoi donc commencer une queue précisément à 15h42 minutes et non la veille ou l’avant-veille, quand des candidats ou des mandataires de l’opposition se sont présentés devant le Conseil Constitutionnel ?
Et encore, le jour J, auto décrété par Madame Toure, pourquoi ceux qui sont venus tôt le matin n’ont pas eu le droit « de commencer la queue » à 7h, 8h, 9h29, 10h 15…? Pourquoi leur livrer la réponse constante sus indiquée et ne pas considérer leur présence comme étant le « commencement d’une queue » ?
Il fallait attendre que Madame Touré vienne au nom de son mentor pour « commencer la queue » sans que la réponse constante ne lui soit opposée comme ce fut le cas avec les autres mandataires.
Ma présence dans les locaux du Conseil constitutionnel, le jour des faits vers 17h30, m’a permis de prendre connaissance de la décision de respect des dispositions de la loi, de la part d’une autorité sous serment.
Par conséquent, tout ce qui se passait dehors n’engageait aucunement le Conseil Constitutionnel qui attendait 00h pour ouvrir ses portes pour les besoins du dépôt.
Toute la mise en scène de Madame Touré n’était alors que zèle et diversion. Cela n’avait aucune valeur juridique aux yeux de la loi et du Conseil Constitutionnel.
Alors qu’est ce qui explique qu’à l’approche de l’heure légale, que des forces de sécurité au service de la République, puissent recevoir l’ordre d’installer Madame Touré devant la porte du Conseil constitutionnel, en malmenant au passage un candidat à la présidentielle, en l’occurrence Malick Gackou?
Cette attitude illégale et antirépublicaine remet fortement en cause les fondements de notre démocratie.
Il ne s’agissait ni plus ni moins que d’un coup de force inacceptable avec l’aide des forces de sécurité qui, par ailleurs, ne doivent obéir qu’à la loi. En l’espèce, aucune disposition de la loi ne justifie une telle attitude.
Madame Aminata Touré est un bras armé mal inspiré. Elle s’est perdue dans ses explications et a du mal à justifier le spectaculaire coup de force accompli devant les locaux du Conseil Constitutionnel par le candidat Macky Sall.
Ce dernier n’est cependant pas à son premier coup d’essai. Pour rappel, lors d’élections dans sa localité à Fatick, il avait usé de sa posture de ministre de la République pour imposer la force et voter sans présenter sa carte d’identité nationale conformément aux dispositions du code électoral. Un fait qui révèle un état d’esprit qui veut qu’une volonté politique soit imposer à tout prix, quitte à violer la loi.
« Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire.”
Cette citation d’Albert Einstein doit être un postulat de base dans une méditation de l’opposition sur nos comportements face à l’arbitraire.
Dans cette affaire, il ne peut y avoir de gagnants au sein de l’opposition. Le pouvoir avait besoin de la première place, il l’a pris d’une manière illégale pour des desseins inavoués. Demain, il voudra autre chose, il le prendra de force, à moins que l’on ne lui mette une barrière haute qui arrêtera sa logique destructrice.
Thierno Bocoum
Président mouvement AGIR