Les élections qui devaient se tenir dimanche 30 décembre sont reportées au mois de mars dans les deux circonscriptions électorales de Beni au Nord-Kivu et de Yumbi dans la province de Maï-Ndombe, a annoncé la Commission électorale congolaise (Céni).
Dans les villes de Beni et de Butembo dans le nord-est du pays, les élections n’auront pas lieu dimanche. Motif invoqué : l’épidémie d’Ebola qui continue de sévir dans cette zone. Les déplacements de populations, la promiscuité dans les bureaux de vote, tout cela augmente le risque de contagion. Un risque auquel seraient exposés les agents électoraux et les observateurs, explique la Céni pour justifier le report.
L’autre zone concernée est le territoire de Yumbi dans la province de Maï-Ndombe dans le sud-est du pays. Le conflit interethnique qui a eu lieu à la mi-décembre est invoqué pour justifier le report. « Le déplacement massif de population (entre 4 000 et 8 000 selon les sources) la destruction de tous les matériels et documents électoraux (…) ainsi que la tension persistante » ne permettent pas « la tenue dans cette circonscription de scrutins apaisés dans le délai imparti », estime la Céni dans sa décision n°55 rendue publique ce mercredi.
Impact sur le futur Parlement
Les conséquences sont importantes. D’abord pour la présidentielle qui se tient dimanche et dont les électeurs de ces territoires se retrouvent exclus. C’est plus d’un million deux cent mille électeurs (1 256 241) en moins sur quarante millions environ pour élire le nouveau président dimanche.
Ce report pourrait également avoir un impact sur l’ensemble des résultats pour les législatives, puisque le quotient de représentativité et donc la clef de répartition des sièges s’applique sur base des résultats à l’échelle nationale.
Avec ce report partiel, l’Assemblée nationale comptera quinze députés de moins sur les 500 attendus. Des députés qui seront élus en mars mais vont donc largement compliquer le fonctionnement de la nouvelle Assemblée issue du scrutin du 30 décembre 2018.
L’Eglise parle d’« agenda caché »
Peu après l’annonce du report partiel, un porte-parole de l’influente église catholique congolaise a dit craindre un « agenda caché » dans le processus électoral. « C’est une décision très grave. Il y a quelque part un agenda caché », a déclaré à la presse le porte-parole et le secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), l’abbé Donatien Nshole, dans une première réaction « personnelle ».
A l’annonce de la commission électorale, la Cenco s’apprêtait à présenter avec l’Eglise du christ du Congo (ECC, principale église protestante en RDC) une communication « pour des élections transparentes, crédibles et apaisées ».
A Butembo, Crispin Bindule, député national estime que cette épidémie d’Ebola est un prétexte pour priver une zone proche de l’opposition d’aller voter.