Une loi pour fixer un pourcentage exclusivement consacré à l’éducation des filles et à la santé des femmes dans la distribution de la manne financière issue des ressources pétrolière et gazière. Tel est le sens du plaidoyer de la coalition ’’Deliver for good’’ (livrer pour le bien) au Sénégal dans le cadre de sa campagne d’une durée de 5 ans, préconisant des investissements financiers pour les filles et les femmes pour un changement durable pour et par les filles et les femmes afin de faire progresser la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) ».
L’éducation et la santé, axes prioritaires
« La campagne ’’Deliver for good’’ au Sénégal met l’accent sur la prise en compte du genre c’est-à-dire les filles et les femmes dans la mise en œuvre des ODD, décline Safiétou Diop, la présidente du réseau ’’Siggil Jigeen’’, face à la presse, ce mardi, 9 juillet, au siège de l’organisation. Il y a 17 ODD au plan mondial, (auxquels) le Sénégal a souscrit. Mais pour des besoins d’efficacité et particulièrement sur la base des priorités du peuple sénégalais, la coalition a choisi trois (3) domaines d’intervention ». Lesquels portent, d’abord, sur l’éducation, détaille-t-elle : « La priorité en matière d’éducation, le maintien des filles à l’école le plus longtemps possible, leur accès au savoir et pour pouvoir prouver leur leadership et participer au changement de ce pays. » Ensuite, la santé : « Particulièrement la santé de la reproduction des femmes et des filles. Vous connaissez le taux de mortalité maternelle et infantile, la faiblesse du taux de prévalence contraceptive aussi à 23% en couverture de contraceptifs ». La campagne a pour objectif une meilleure position « pour assurer vraiment une véritable autonomisation et aider cette jeunesse féminine à se maintenir le plus longtemps possible dans la recherche du savoir et du pouvoir ».
La capture du dividende démographique
Enfin, ajoute Safiétou Diop, « nous avons aussi choisi le domaine des énergies. Cela est tout à fait pertinent avec l’avènement du pétrole et du gaz, c’est en fait de nouvelles ressources additionnelles pour notre développement et nous considérons que les femmes ne doivent pas être laissées en rade dans la redistribution de ces richesses et particulièrement les filles. Et nous avons voulu choisir ce domaine-là pour orienter le plaidoyer vers une redistribution beaucoup plus juste prenant en compte les besoins des femmes et des filles, finançant les gaps en termes d’éducation et de santé dans ce pays pour que définitivement le Sénégal puisse rentrer dans le concert des nations émergents d’ici 2030 et connaître des résultats positifs en ce qui concerne la mise en œuvre des ODD. Les richesses de ce pays doivent être redistribuées de façon équitable et que les femmes et les filles puissent véritablement être servies sur les domaines qui les intéressent particulièrement la santé des femmes et l’éducation des filles. Nous avons des gaps de financements énormes. Nous voulons qu’on puisse commencer à développer une réflexion pour consacrer une partie de ces ressources-là à financer les gaps d’éducation et de santé pour que nous puissions véritablement rectifier les inégalités et assurer un développement durable sur la base d’une autonomisation des filles et des femmes dans l’équilibre pour que les 52% de ce pays-là, qui sont une force active et qui doivent véritablement participer au développement et puissent se retrouver dans cette manne financière pour que cela soit équitable et juste. »
En septembre 2017, le Sénégal et le Kenya ont été annoncés comme pays de référence pour des activités de plaidoyer dédiées, transversales et intersectorielles, dans le cadre de cette campagne, lancée le 2 mai 2019 par l’actuelle présidente du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Aminata Touré. Actuellement, 464 organisations y ont adhéré à l’échelle mondiale.
« Le non renouvelable doit financer le renouvelable »
Partant du principe que « le non renouvelable doit financer le renouvelable », le directeur régional Afrique de l’Ouest Energy 4 impact, Mathieu Dalle, insiste, lui, sur la formation. « Parce que le secteur énergétique, explique le co-leader de la coalition, n’est pas accessible au premier venu, il faut commencer par le comprendre. Je donne juste un exemple, cela peut être très facile de se dire que le gouvernement n’a pas bien négocié les contrats pétroliers. Mais si jamais on n’a pas la connaissance de comment on négocie un contrat pétrolier, quelles sont les forces en présence au moment de la négociation, quels sont les coûts que cela représente, etc . On risque de faire un plaidoyer qui n’a aucun lien et qui n’est pas valable. C’est pour cela qu’on pense qu’il est nécessaire de former d’abord la société civile à comprendre ces aspects-là. »
Sur le « potentiel de ces énergies renouvelables » et les « spécificités pour les femmes », il propose des « solutions décentralisées comme par exemple trouver un moulin solaire, un frigo solaire, une lampe solaire, etc. Ce sont des solutions qui servent aux femmes parce qu’elles se trouvent en milieu rural et elles n’ont pas toujours accès à certaines solutions d’approvisionnement. »