L’histoire du Walo peut être visitée au niveau des archives nationales, et à l’Ifan. Et le 7 mars 1820 n’est qu’une conséquence du traité de Ndiao de 1818 sur la colonisation agricole du Walo. Les propos sont de la sociologue Fatou Sow Sarr, fondatrice de l’institut Genre et Famille. Dans un entretien à Seneweb, en prélude à la journée de la Femme célébrée le 8 mars par la communauté internationale, elle rappelle que la journée du 7 mars est célébrée au Sénégal depuis 2008, en mémoire du sacrifice ultime consenti par les femmes de Nder, capitale du Walo, le 7 mars 1820.
7 mars 1820, 7 mars 2020 : Nder, une tragédie bicentenaire
En effet, « Quand l’Angleterre a décidé de mettre fin à l’esclavage parce que l’agriculture industrielle était en train de se développer, la France a été obligée de suivre la mouvance globale avec la rétrocession des différentes colonies. Parce que l’intérêt économique de l’Occident n’était plus dans l’esclavage », explique la directrice de recherche qui revisite un pan de l’histoire coloniale du Sénégal.
A l’époque, l’intérêt de l’Occident « c’était d’exploiter les colonies du point de vue agricole. Et le Walo s’était offert comme l’espace écologique favorable à mettre en place des plantations comme cela a été fait dans les autres DOM-TOM. C’est là qu’ils (les Français : ndlr) ont signé un traité avec le Brack du Walo pour faire du Walo une colonie agricole, qui sera à la base d’une expérimentation du jardin de Richard qu’on appelle Richard-Toll aujourd’hui. Mais cela ne plaisait aux voisins du Walo, ils ne voyaient pas d’un bon œil cette alliance de la France avec le Walo et cela a créé des frustrations et mettait en péril leurs intérêts économiques comme la traite de la gomme pour le Fouta et les razzias pour le Trarza ».
Autant de frustrations qui motiveront l’assaut dont la capitale du Walo fera l’objet. Attaque au cours de laquelle les femmes poseront un acte courageux. A leur tête, la Linguère Fatim Yamar Khoury Yaye Mbodj, qui demandera à une de ses suivantes de brûler la case. Mais auparavant, elle fera évacuer ses deux filles de 10 et 12 ans, Ndjeumbeut Mbodj et Ndaté Yalla qui bien des années plus tard vont gouverner le royaume.
« Les femmes de Nder ont préféré la dignité en se donnant la mort plutôt que d’être prisonnières de guerre »
Fatou Sow Sarr de rappeler que le Brack, un métis et traitant négrier n’avait aucun intérêt à cette colonisation agricole. Il a joué un double jeu avec le Walo pour ensuite pousser le Trarza à attaquer le royaume. Le Brack s’est retrouvé la jambe cassée par des balles et allait se traiter à Saint-Louis. Les autres étaient à Ndiao. La capitale Nder, vide, a été attaquée en l’absence des hommes. Alors, les femmes se sont déguisées en hommes et ont repoussé l’ennemi, mais ont ôté très tôt leurs turbans. Quand ils ont découvert que c’étaient des femmes, les assaillants sont revenus à la charge. Quand elles ont terminé leurs munitions, les femmes de Nder ont décidé de se tuer.
« Les femmes ont préféré la dignité en se donnant la mort plutôt que d’être prisonnières de guerre en sachant le sort qui va les attendre », insiste-t-elle.
A ceux qui pensent que c’est des légendes, « C’est des vérités historiques qui ont seulement deux cents ans. Et 200 ans, ce n’est rien dans l’histoire humaine », minimise Fatou Sow Sarr selon qui les femmes de Nder doivent être données en exemples à la jeune génération.