Ce matériel a été saisi par erreur par les douanes tchèques, selon une enquête du quotidien italien La Repubblica. Le pays a reconnu les faits.
Alors que l’Italie a enregistré un nouveau «record» de 800 morts en 24h samedi 22 mars, la nouvelle a du mal à passer. 680.000 masques et respirateurs, envoyés par la Chine à l’Italie pour l’aider à endiguer l’épidémie de coronavirus, ont été, par erreur, récupérés par la République tchèque, selon le quotidien italien La Repubblica, confirmant des informations d’abord révélées par la Rai. C’est un chercheur tchèque, Lukas Lev Cervinka, qui a été le premier lanceur d’alertes en avertissant des ONG. Dimanche, la République tchèque a reconnu son erreur, assurant qu’elle ne connaissait toutefois pas la provenance de ces masques, récupérés par ses douanes.
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Mardi dernier, la République tchèque se vantait d’avoir réussi à saisir des masques et des respirateurs qui avaient été «volés à des entreprises tchèques par des criminels sans scrupule qui voulait les vendre à des tarifs majorés sur le marché international», raconte Lukas Lev Cervinka à La Repubblica. Reuters indiquait d’ailleurs le 18 mars que les autorités avaient saisi près de 700.000 masques, dont la provenance n’était pas claire.
Mais le chercheur a alors envoyé des photos et des vidéos à diverses ONG européennes pour faire éclater la vérité : à bord des camions de la police douanière, figurent des cartons estampillés des drapeaux italiens et chinois, avec des écrits en italien et en mandarin ne laissant aucun doute : «aide humanitaire chinoise pour l’Italie».
Le ministère de la santé tchèque a démenti dans un premier temps les informations du lanceur d’alerte, avant que la plupart des médias du pays ne s’emparent de l’histoire et ne diffusent les images. L’ambassade italienne à Prague a dans la foulée diffusé à son tour la version du chercheur, relayée par le très sérieux quotidien économique Hospodarské Noviny.
Le gouvernement tchèque a fini par admettre la vérité, affirmant que ce matériel provenait bien de la cargaison de la Croix-Rouge de la province chinoise du Zhejiang destinée à l’Italie, sans préciser comment elle s’était retrouvée sur le territoire tchèque. Le ministère de l’Intérieur a fait son mea culpa sur Twitter. « Le ministère de l’Intérieur a regretté ce malentendu et est en train de discuter avec la province du Zhejiang pour résoudre le problème », assure le texte, signé par le vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur Jan Hamacek.
Toutefois, assure le chercheur Lukas Lev Cervinka à La Repubblica, pour des «raisons logistiques», l’expéditeur aurait fait savoir à l’ambassade italienne qu’il laissait le matériel séquestré à la disponibilité des autorités tchèques et procéderait à une nouvelle expédition pour l’Italie. Pour l’heure, on ignore si la marchandise a déjà été distribuée aux services de santé tchèques.
«Ce n’est pas du tout un geste de politique européenne, c’est une histoire très honteuse», accuse encore Lukas Lev Cervinka dans le quotidien italien.