L’excès de zèle qu’on a constaté ce soir à travers ces violences policières est aussi le fait des autorités politiques qui auraient donné l’ordre d’agir de la sorte. Les mesures prises sont peut-être pertinentes, mais la méthode utilisée pour leur mise en œuvre reste critiquable. Il n’est pas prudent dans un pays comme le Sénégal de passer à la répression 24h après avoir décrété l’état d’urgence. D’une part, tout le monde n’a pas écouté le discours du président de la République pour diverses raisons. Il faut donc quelques jours pour que le message soit bien diffusé. D’autre part, l’état d’urgence et le couvre-feu sont des régimes presque méconnus au Sénégal. Avant cette crise, l’état d’urgence n’a été décidé que deux fois et la dernière application remontait à 1988. Dans ces conditions, il aurait été plus approprié de se passer de la brutalité en agissant avec pédagogie sans perte de temps. La frappe doit être focalisée sur le covid-19 et non sur les sénégalais.
Ferdinand Faye
Docteur en droit public
Chargé d’enseignement à l’Université de Reims et à Sciences Po