Pape ! Non, PDF, comme on t’appelait au Cesti. Je me permets de te saisir confraternellement. « Cestien, un jour, Cestien pour toujours » : le slogan que nous avons tous timbré sur nos dermes de pensionnaires du Cesti. Je me rappelle cet après-midi, mercredi précisément, où on était obligé de nous « positionner » au Carrefour d’actualité. La météo était impitoyable, il faisait chaud, mais il fallait être là, sous peine de ce que tu sais.
On n’avait pas apprécié ce que les dames, venues exposer ce jour devant nous, avaient dit des journalistes. Nos interventions, toi et moi, avaient déstabilisé et mis Mame Less Camara si mal à l’aise qu’il a sorti une phrase que je me réserve de rappeler ici. C’est dans les annales du Cesti. On s’était excusé pour nos propos durs mais vrais. Je ne les regrette pas. Je pense que le respect qu’on se voue date de ce jour.
Mon estime pour toi, tu le sais. Inutile d’épiloguer là-dessus. Mon respect pour toi ne souffre d’aucune ambiguïté, tu le sais aussi. Je me réjouis de te voir « émouvoir » certains téléspectateurs et des usagers des réseaux sociaux. Cependant, dans ce contexte, je me permets de te parler en frère sénégalais et confrère musulman. Je réitère mes félicitations pour tes positions politico-spirituelles courageuses.
Pape ! Quand tu affirmes, dans le « Jaakaarlo » du vendredi passé, qu’à Kolda ou ailleurs dans le pays, les populations n’ont pas de savons, d’huile ou autres produits ; je rejette ton propos. Veux-tu dire qu’avant le Covid19, les populations que tu as maladroitement prises en exemple ne se douchaient pas avec du savon ou ne mangeaient pas ? Je te suggère de faire quelques villes ou villages du Sénégal des profondeurs.
Pape ! Tu as déploré le fait que la visite du Président Macky Sall au port où était stocké les milliers de tonnes de riz ait été médiatisée. Tu as déploré, usant du « pathos », que certaines responsables politiques prennent des images des dons qu’ils font aux populations et les publient dans les médias classiques ou sociaux. C’est ton droit, je te le concède dans le respect de l’Article 8 de notre Constitution. Pape !Quelque chose m’intrigue.
Pourquoi aimes-tu rappeler que Serigne Mountakha Mbacké, Khalife Général de Touba, adonné 200 millions au bénéfice de « tous les sénégalais » ? Pourquoi tous les journalistes Mourides donnent en boucle cet exemple ? Rien que pour vendre son image et offrir les Mourides comme un bon exemple de générosité. Un propos qui renvoie à une image n’est autre qu’une image. On a pris les mêmes cours de sémiologie.
Par ailleurs. Je refuse de croire que la vocation du Mouridisme est de donner à manger, à boire ou toute autre forme d’offrande. La voie spirituelle Mouride, je ne te l’apprends pas, est une récompense divine des œuvres de dévotions de son réceptacle. Dévotion, j’ai dit. Sur ce sujet, je peux me tromper, les Mourides ne l’emportent pas sur les autres. Je ne détaille pas. Dieu qui sonde les cœurs et reçoit les œuvres Sait mieux.
Revenons à la visite de Macky Sall au port. Faut-il rappeler que le Chef de l’Etat « n’offre » pas ces vivres et autres produits aux sénégalais ciblés ? L’argent appartient aux sénégalais et a été utilisé pour venir en appui à une partie du même peuple. Ne serait-ce que pour une raison de transparence (en vogue et je le salue), ces images sont nécessaires. Sinon qu’est ce qui le prouverait mieux ? Des articles sans images ?
Pour rappel, lors de la conférence de presse du Ministre Mansour Faye, un journaliste a pertinemment poser la question sur le lieu de stockage du riz que le sénégalais d’origine libanaise doit livrer. Pourquoi cette question si ce n’est pour vérifier la véracité de la disponibilité de ce riz polémique ? Pourquoi cette adresse-image de ce riz est importante si ce n’est pour aider l’opinion à se faire son idée ?
Pape ! « Le journaliste n’est pas une star. C’est l’information qui fait de l’organe de presse la star », aimait nous rappeler un de nos maîtres. Je te concède tes positions politiques et espère que tu me rétrocèdes les miennes. Dans un contexte aussi chargé, on peut mettre nos appartenances politiques et spirituelles à côté et nous engager pour l’essentiel. Nos mentors politiques et guides spirituels ont donné l’exemple. Une « image » à s’approprier.