Les tests jouent un rôle majeur dans la lutte contre le coronavirus, car ils nous aident à détecter de nouveau cas et dresser une cartographie de l’étendue de la maladie.
Le Centre africain pour le contrôle et la prévention des maladies, qui coordonne les ripostes sanitaires aux pandémies sur le continent, indique qu’il existe un écart important entre les taux de dépistage dans les différents pays.
Quels sont donc les pays qui réussissent à effectuer des tests et ceux qui sont à la traîne ?
Qui teste le plus et le moins ?
Certains petits pays d’Afrique ont obtenu des taux de dépistage nettement supérieurs à ceux de leurs grands voisins.
Maurice et Djibouti, par exemple, ont tous deux atteint des taux de dépistage élevés par habitant.
Le Ghana a également été félicité pour son niveau de dépistage, qui, selon son gouvernement, contribuera à contenir la propagation du virus une fois que le confinement sera levé.
L’Afrique du Sud a également poursuivi une stratégie intensive de dépistage massif, et a jusqu’à présent géré plus de 200 000 tests. Mais ce chiffre est bien inférieur à ceux de pays comme la Corée du Sud, l’Italie et l’Allemagne.
On craint que le pays le plus peuplé d’Afrique, le Nigeria, ne procède pas à un nombre suffisant de tests, bien que le gouvernement insiste sur le fait qu’il se concentre sur des « groupes » de cas positifs.
Le correspondant de la BBC au Nigeria, Chi Chi Izundu, affirme que les autorités intensifient les tests.
« L’objectif est d’atteindre 5 000 tests par jour, mais ils ne sont même pas arrivés à 1 000 ».
Il convient d’ajouter que certains pays du continent ne disposent pas de données sur les tests, comme l’Erythrée et l’Algérie.
Certains n’ont pas de capacité de test, tandis que d’autres, pour diverses raisons, ne fournissent pas de données.
Par exemple, le président Magufuli de Tanzanie a déclaré que la publication de telles données suscite la peur.
Son pays n’a publié des informations que de manière intermittente, se contentant parfois de donner le nombre de personnes qui se sont remises du virus.
Quels sont les obstacles à la réalisation de tests de masse?
Il peut être difficile de se procurer les réactifs chimiques nécessaires pour la réalisation des tests, car les pays africains ne produisent pas leurs propres réactifs et doivent se battre pour obtenir des réactifs sur des stocks mondiaux limitées et sollicités à leur maximum.
John Nkengasong, du Centre africain de contrôle des maladies, déclare que « l’effondrement de la coopération mondiale et l’échec de la solidarité internationale ont évincé l’Afrique du marché des diagnostics ».
Selon lui, les pays africains pourraient disposer de fonds, mais « 70 pays imposant des restrictions sur les exportations de matériel médical » ont rendu difficile l’achat des biens nécessaires.
Il existe également d’autres obstacles à l’augmentation des tests, notamment les mesures de confinement et de fermeture des aéroports visant à restreindre les déplacements, qui peuvent rendre difficile l’accès aux sites de test ou l’achat de réactifs en masse.
Cependant, Ngozi Erondu, chercheur associé au Centre pour la santé universelle de Chatham House, affirme que le problème principal est celui de l’équipement.
« Il n’y a pas assez de kits et de réactifs », explique le Dr Erondu.
Le Centre de contrôle des maladies du Nigeria dispose actuellement de 18 laboratoires d’analyse qui peuvent effectuer des tests permettant de déterminer si vous êtes atteint de la maladie. Mais il a lancé un appel urgent en faveur d’équipements de test essentiels.
Le Kenya a également admis avoir des difficultés à se procurer des kits de dépistage, des écouvillons et des réactifs, et son chiffre global de dépistage a donc récemment baissé.
Le chef de l’un des gouvernements régionaux du Kenya a récemment déclaré qu’il n’y avait que 5 000 kits de dépistage dans le pays et qu’ils en attendaient 24 000 autres.
D’autres facteurs sociaux et politiques pourraient également faire obstacle à une augmentation du nombre de tests.
« Dans certaines communautés, le fait d’être atteint du coronavirus pourrait conduire à une stigmatisation », explique Ngozi Erondu. « Il se peut aussi que les dirigeants locaux se rebellent contre le dépistage s’ils sont candidats à une élection ».
L’Union africaine et les Centres africains de contrôle des maladies ont lancé une initiative, le Partenariat pour l’accélération des tests COVID-19 (PACT), qui se concentre sur le suivi, le dépistage et la traçabilité.
L’initiative vise à mettre en place environ un million de tests en quatre semaines sur l’ensemble du continent.
Les précédentes épidémies de coronavirus en Asie et en Europe ont donné aux États africains le temps de réfléchir à leurs réponses, et l’expérience de la gestion d’épidémies telles que le virus Ebola les a également aidés.
Mais l’acquisition de kits de dépistage sur un marché mondial concurrentiel, l’acheminement des tests là où ils sont nécessaires et la mise en place de laboratoires pour traiter les échantillons ne sont pas une tâche facile pour les pays dont le poids économique est moindre et les systèmes de santé plus faibles.