La pandémie du coronavirus a un impact sur tous les secteurs. Malick Sow, acteur de la série « Pod et Marichou » qui joue le rôle de M. Lopez, trouve qu’elle a montré nos failles et les Sénégalais doivent en tirer des leçons. En effet, il estime que l’Etat a tendance à prendre des décisions unilatérales sans concertation avec les acteurs concernés. Par exemple, le gouvernement n’a pas consulté les enseignants quand il a pris la décision de fermer les écoles. Idem pour les transporteurs et beaucoup d’autres acteurs. A l’en croire, le mieux aurait été de les consulter avant ce qui aurait permis d’éviter certains problèmes qui se posent actuellement.
Autre faille, l’Etat a fait une mauvaise communication sur la pandémie. Beaucoup de nos concitoyens doutent de l’existence de la maladie. La communication de crise se scinde en deux points : la communication sociale et la communication technique. La communication sociale c’est comment faire pour que la population ne tombe pas dans la psychose. Et depuis le début, c’est comme si on faisait tout pour installer la peur. L’assouplissement de l’état d’urgence a pour but de déplacer le problème mais pas de le solutionner. Par exemple, sur l’interdiction de rassemblement, si on interdit aux boutiquiers de vendre du pain, on crée paradoxalement des rassemblements devant les boulangeries. En limitant le nombre de passagers dans les transports en commun, on déplace le problème au niveau des arrêts ainsi de suite.
Un autre problème, c’est qu’au Sénégal, on n’a jamais respecté le code de l’urbanisme. Nos marchés, construits n’importe comment, en sont la preuve. Pareil pour la violation de l’interdiction du transport interurbain, qui montre les failles de notre code de la route, et du couvre-feu. Une bonne concertation avec les acteurs concernés aurait évité tous ces manquements.
Sur un autre registre, M. Sow est revenu sur son absence dans la dernière saison de « Pod et Marichou ». Il indique qu’il n’est pas apparu sur la dernière saison mais il participe activement aux castings, entre autres. Et si on a le sens de l’observation, on peut aisément voir que la série a été un peu bâclée à cause de la pandémie. En d’autres mots, il aurait dû faire son apparition dans la saison 4 mais la production a été obligée d’écourter la saison. Il nie l’étiquette collée à Marodi consistant à dire que quand un acteur signe avec une autre maison de production, il est de suite zappé. Lui-même dit avoir joué dans d’autres séries pendant que « Pod et Marichou » était en stand by. D’autres acteurs du film ont joué dans d’autres productions et ils sont toujours dans Marodi. C’est juste des rumeurs. Marodi n’a pas d’acteurs, il a des projets. Des acteurs qui ont joué dans d’autres séries jouent aussi pour Marodi. Donc, il travaille toujours pour Marodi.
Pourquoi joue-t-il à chaque fois le rôle du méchant dans les téléfilms ? Malick Sow impute la faute à la mauvaise conception des réalisateurs. En effet, explique-t-il, quand un acteur réussit un rôle dans un film, les réalisateurs ont tendance à faire automatiquement appel à lui pour des rôles similaires au lieu de faire un casting. C’est ce qu’on appelle un casting ciblé. Maintenant, Lopez est un acteur, il faut donc s’attendre à le voir jouer par exemple le rôle d’un imam parce qu’il en a, dit-il, les aptitudes. Malick Sow est à la base un enseignant de profession. Il dit avoir fait 10 ans dans les salles de classe, il est maintenant en service au niveau de l’Inspection d’académie de Pikine-Guédiawaye dont il est le chargé de communication.
L’actualité est marquée ces derniers temps par la tension entre confréries. Malick Sow, qui se dit réticent à s’exprimer sur des sujets d’ordre confrériques, vu leur sensibilité, a toutefois estimé que les principaux responsables de cette situation sont nos guides religieux. Ce sont eux qui doivent très tôt mettre le holà. Par exemple, au niveau de l’éducation, quand le Président a décidé de la fermeture des écoles, on était à trois jours de l’évaluation du deuxième trimestre. S’il avait consulté les acteurs éducatifs, ils lui auraient demandé de leur laisser du temps pour l’évaluation puisqu’on était à quelques jours des vacances de Pâques. Idem pour la mesure d’interdiction du transport interurbain qui a fait que beaucoup de Sénégalais se sont retrouvés bloqués hors de nos frontières. S’il avait consulté les transporteurs, ils lui auraient suggéré d’attendre au moins trois pour permettre à tous ces gens-là de rentrer chez eux.
La Sodav a dégagé une enveloppe pour soutenir les acteurs et les artistes-comédiens, Malick Sow dit être contre. Parce qu’il y a, selon lui, une mauvaise organisation des acteurs culturels au Sénégal. L’Etat a créé un fonds pour les acteurs impactés par la pandémie. Mais, il estime qu’on peut être dans un secteur et ne pas être impacté. Si on devait donner une aide aux acteurs, à qui le donnerait-on ? Parce qu’il n’y a qu’une seule organisation qui réunit les acteurs culturel, c’est Arcos. Maintenant, il y a des gens qui sont membres d’Arcos, qui font des répétitions mais n’ont jamais joué dans aucun film. Faut-il, s’interroge-t-il, donner une aide à ceux-là et délaisser ceux qui ne sont pas membre d’Arcos et qui jouent dans des téléfilms ? Comment doit-on cibler les ayants-droits s’ils ne sont pas organisés ? Même avec les cartes de la Sodav, le problème reste entier parce qu’il y a des gens qui sont détenteur d’une carte et qui ne sont pas impactés. L’intention est bonne mais, selon lui, c’est l’applicabilité qui pose problème.
Pour terminer, Malick Sow a lancé un appel à ses collègues acteurs. Il les exhorte à aller se former parce que, selon lui, c’est la formation qui fait défaut. C’est ce qui fait que beaucoup d’acteurs ne puissent pas vivre de leur art. Il les exhorte à faire de la recherche, à avoir l’humilité de poser des questions aux gens qui ont plus d’expérience. Il dit avoir remarqué que quand il y a un casting, il y a tellement de monde qu’il se demande si au Sénégal tout le monde veut devenir acteur. Il y en a qui ne cherchent que le buzz, d’autres aiment le cinéma et veulent en faire leur métier, d’autres encore ne sont motivés que par l’argent. C’est un métier comme les autres mais il faut mettre l’accent sur la formation, maitriser les arcanes pour pouvoir signer des contrats avec des maisons de production de sorte que chacun puisse y trouver son compte.
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