Il y a à peine une semaine, des populations de la ville Kaolack et de la région éponyme, ont lancé sur les antennes d’une télévision privée, un appel à la mobilisation pour l’arrêt de travaux du Pont de Foundiougne. Celles-ci justifient leur appel par l’idée que la réalisation du pont condamnerait le port de Kaolack à un arrêt définitif de ses activités. Ce faisant, ce serait l’économie de toute la région qui serait ainsi détruite. Aussi, les populations qui manifestent leurs inquiétudes, en sont-elles même arrivées à interpeller les autorités religieuses de la région, pour que celles-ci saisissent promptement le Chef de l’Etat, pour faire arrêter les travaux du pont. On peut parfaitement comprendre les inquiétudes manifestées à Kaolack. On peut aussi de la même manière concevoir les réactions programmées dans tout le département de Foundiougne, et par-delà cette entité, dans toute la région de Fatick appelant à la mobilisation pour faire face à Kaolack. Tout antagonisme irréductible entre les populations des entités régionales, qui est de toute évidence factice, serait mal venu. Factice fatalement, en rappelant que ces deux entités administratives, auxquelles s’ajoutera la région de Kaffrine, vont constituer dans un avenir proche, dans le cadre de la territorialisation des politiques publiques, ce qui pourrait s’appeler le pôle territorial à orientation économique du Sine et du Saloum. Chaque partie tient naturellement à ses infrastructures : Kaolack à son port et Foundiougne a son pont qui est une belle et utile réalisation qui va coûter 42 milliards de FCFA à l’Etat.
Le manque d’informations, dit-on, fait le lit des peurs et de tous les excès. L’ignorance est la mère des guerres absurdes. C’est pourquoi, l’autorité doit toujours des explications aux populations de ces deux régions qui s’inquiètent de l’avenir d’infrastructures dont l’existence s’avère indispensable pour la viabilité économique de ces deux circonscriptions. On se fait fort de rappeler que dans le cadre du Plan Sénégal Émergent (PSE), notamment pour sa composante infrastructure, l’État du Sénégal s’est engagé à désenclaver l’ensemble du territoire par la construction de ponts afin de mieux garantir la circulation des personnes et des biens. C’est dans ce cadre que s’inscrit la réalisation du grand pont à péage de Foundiougne. Cela permettra de désenclaver définitivement la ville de Foundiougne, les îles du Saloum en partie et facilitera aussi l’accès à la région naturelle de Casamance et la République sœur de Gambie. Ce pont ainsi que les infrastructures portuaires de Foundiougne et de Kaolack favoriseront à coup sûr l’attractivité du Pôle territoire du Sine Saloum pour les investisseurs et pour les touristes. Ils consolideront le cordon ombilical du Sine Saloum et du Ndoucoumane à travers la coopération économique, culturelle et un dialogue politique constructif, conformément aux orientations de l’Acte III de la décentralisation.
Le dialogue des territoires et la coopération intercommunale et interterritoriale ne s’en portera que mieux. Et cela, il faut que les acteurs territoriaux, dans leur diversité, le comprennent. Je présume d’ailleurs qu’ils le comprennent bien, fort heureusement. Car, ces ressentiments tels qu’exprimés dans la presse ne me paraissent pas venir des icônes économiques, culturelles, politiques, religieuses de la ville de Mame Mbossé. Toutefois, considérant que les avis de tous les Kaolackois et de tous les foundiougnois comptent, il convient d’éclairer la lanterne de tout un chacun en rendant accessible l’information. Foundiougne et Kaolack forment une communauté de destin que rien ne saurait mettre en péril. Il nous appartient dès lors, nous qui sommes à des niveaux différents de responsabilité, d’être à l’avant-garde de ce commun vouloir de vie commune. Après la livraison des infrastructures, mes fervents parents talibés Baye des îles du Saloum continueront, avec un défilé impressionnant de pirogues parées aux photos du Saint-Homme, d’inonder Médina Baye et tout Kaolack durant les Gamous. Les commerçants de Kaloack continueront également de faire leurs affaires avec leurs homologues de Foundiougne, notamment durant les marchés hebdomadaires, comme le « louma » international de Passy. Ce qui va juste changer, c’est l’intensification de cette vie de relation au grand bonheur de la construction du pôle Sine Saloum et de ses populations. Le destin de Foundiougne et de Kaolack transcende le ressentiment de certains individus qui ne peuvent amener les autorités étatiques à casser un investissement de 42 milliards de FCFA.
Pour rappel, le grand pont à péage de Foundiougne est un ouvrage financé par Eximbank China et l’Etat du Sénégal pour un montant de 42 milliards de F CFA hors taxes. C’est un ouvrage d’art à caractère exceptionnel jamais réalisé au Sénégal et dans la sous-région. En résumé, on soulignera les configurations techniques de l’infrastructure, pour expliquer que les craintes de populations de Kaolack ont été prises en compte par le projet. L’État n’imagine pas installer une infrastructure économique importante pour en tuer une autre qui est tout aussi fondamentale dans l’économie nationale et qui, depuis 1932 joue un rôle inestimable dans la circulation des biens et des services. Le pont en construction se présente ainsi qu’il suit : un linéaire de 1635 mètres ; un tirant d’air de 28 mètres pour garantir la navigabilité du fleuve Saloum ; un endiguement des fondations de 10 mètres sur les deux voies navigables pour permettre le dragage futur du fleuve par l’ANAM ; un tablier en mini-caissons multiples ; un linéaire de bretelle de raccordement à la route nationale N9 de 1540 mètres est également prévu. Qu’est ce qui peut alors bien, à juste titre, inquiéter Kaolack, au sujet de la navigabilité permanente sur le fleuve en tout temps ? Les techniciens apportent la réponse en donnant les solutions techniques arrêtées. Ils soulignent ,à cet égard, que l’une des contraintes majeures du projet de construction du pont, à ce jour, « consiste à maintenir la navigabilité du fleuve Saloum afin de tenir compte du fonctionnement des ports de Ndakhonga et de Kaolack. Cela justifie principalement la prolongation du délai d’achèvement des travaux de 8 mois. A cet effet, un phasage de réalisation est conçu de manière à disposer pour toute la durée des travaux et jusqu’à la mise en service de l’ouvrage au moins d’une travée navigable d’ouverture de 40 mètres et de hauteur libre minimale de 25 mètres ».
Ce qui suffit à ce jour que le passage des bateaux devant aller ou quittant le port de Kaolack, est assuré en permanence. Pour l’ouvrage une fois achevée, il est prévu « relativement à la navigabilité du fleuve deux travées navigables situées au milieu du pont entre les piles P16-P17-P18. Les deux voies navigables présentent chacune une ouverture (largeur) circulable de 40m et de hauteur libre 28m. Relativement au chenal navigable, dans le cadre du projet, il a été intégré un endiguement des fondations au niveau des travées P16-P17-P18 pour disposer d’un tirant d’eau de 10 mètres. Pour la pérennité du chenal, l’ANAM (Agence Nationale des Affaires Maritimes) va procéder au dragage du chenal en question. »
Les populations de Kaolack peuvent être rassurées, le pont de Foundiougne ne gênera nullement la navigabilité. De loin les équipages et autres matelots pourront contempler le pont, la beauté de l’ouvrage d’art et passeront doucement dessous. Les touristes vont aller prendre des photos de souvenirs sur ce magnifique pont. Entre les régions de Fatick et de Kaolack, il ne saurait y avoir d’antagonisme. Elles sont complémentaires. C’est dans cet esprit que le gouvernement est allé des ports de Kaolack et de Foundiougne, engageant un important travail, à travers une grande étude économique et technique, en vue d’établir une plateforme de mise en cohérence des infrastructures portuaires, pour assurer une exploitation optimale de chacune d’elle dans une belle mise en harmonie économique nationale.
Pour en revenir au cas spécifique de Foundiougne et Kaolack, soulignons que depuis le démarrage des travaux de construction du pont, une collaboration continue a été toujours maintenue entre l’AGEROUTE et l’ANAM, ainsi qu’avec l’entreprise chinoise en charge des travaux, pour mieux tenir compte des aspects liés à la navigabilité du fleuve en cours des travaux et après la réalisation de l’ouvrage. Foundiougne aura son pont et Kaolack son port encore plus dynamique avec le nouveau projet de mise en valeur des ports.