Dans son rapport public sur l’Etat de la gouvernance et de la reddition des comptes rendu public hier, l’Inspection générale d’Etat (Ige) a fait une plongée dans l’enseignement supérieur sénégalais. Il y a d’abord la lancinante question des bourses, dont les retards de paiement qui mettent régulièrement les universités dans la tension. Sans mettre de gants, elle estime qu’il «y a lieu de s’interroger sur la soutenabilité du paiement des bourses». Bien sûr, plusieurs couacs escortent le processus. Par exemple, «l’Etat ne met des fonds à la disposition d’Ecobank comme prévu par la convention avec cette banque», elle fait recours aux avances de l’établissement bancaire. Ce choix génère des coûts exorbitants liés à la rémunération des prestations de ce dernier (commissions de services, taux d’intérêt et pénalités de retard). Pour elle, la «viabilité de la généralisation des allocations doit être appréciée à l’aune des capacités financières de l’Etat», mais ces manquement sont favorisés par «l’insuffisance de couverture budgétaire pour le paiement des bourses durant toute l’année universitaire». Pour une dotation de 39,294 milliards dans la Loi de finances de 2018, un montant de 24,921 milliards avait été engagé 5 mois après le début de gestion. Seulement, estime l’Ige, le reliquat de 14,372 milliards F était insuffisant pour couvrir le reste de l’année académique, surtout que celle-ci est désarticulée depuis des années. Que faire ? «L’Ige préconise l’évaluation de la stratégie d’externalisation du service financier de certaines dépenses publiques récurrentes, en particulier celles des bourses et autres allocations. Dans le même ordre d’idées, l’opportunité et le cas échéant les modalités du rappariement au Trésor du paiement des bourses et autres allocations d’études pourraient être envisagées», suggèrent les vérificateurs.
Il faut savoir que l’Etat et Ecobank ont signé le 15 juillet 2008 une convention d’une durée de 5 ans pour l’externalisation du service financier de certaines dépenses publiques. Par contre, regrette l’Ige, les «délais fixés par la convention d’externalisation ne sont pas strictement respectés, les relations fonctionnelles et la circulation de l’information entre ces structures n’étant pas optimales». Durant sa mission, elle «a constaté un défaut d’harmonisation des fichiers informatiques des allocataires des bourses et d’aides tenus par la direction des Bourses et la direction générale du Budget». Face à autant de manquements, elle «préconise l’instauration d’une concertation permanente entre les structures chargées de la gestion des bourses et la mise en place d’un système d’interfaçage entre les différents fichiers électroniques tenus en la matière par les ministères de l’Enseignement supérieur et des Finances».
Par ailleurs, les vérificateurs ont aussi fait une évaluation de l’orientation des bacheliers par l’Etat dans les Etablissements privés d’enseignement supérieur (Epes) où 40 mille 108 étudiants ont été orientés sur 227 mille 918, soit 17,60% entre 2013 et 2017. Evidemment, tout le monde savait que c’était un gouffre financier. De 2013 à 2017, 23 milliards 585 millions 389 mille F de crédits budgétaires sont alloués aux Epes. Sans oublier un reliquat de 4,456 milliards à éponger et 2,673 milliards versés en termes de bourses aux étudiants orientés dans ces établissements. Dans son rapport, l’Ige, qui annonce que l’Etat et les Epes ont décidé d’auditer la facturation de façon conjointe, considère «impérieuse l’évaluation de l’orientation des bacheliers dans l’enseignement supérieur privé compte tenu de son caractère inédit, des ressources financières mobilisées et l’acuité persistante de certaines problématiques dans la qualité et le financement de l’engagement sup’ nonobstant les travaux de la Cnaes et les initiatives prises par l’Etat».
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