A Dakar, le calvaire des écolières s’adonnant au travail domestique

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Des milliers de jeunes filles s’adonnent au travail domestique à Dakar pendant les vacances scolaires, afin de pouvoir satisfaire leurs besoins financiers avec leurs propres moyens. L’achat des fournitures scolaires est un casse-tête dans de nombreux foyers sénégalais, ce qui pousse certains élèves à se débrouiller en exerçant de petits boulots. Pour bien s’habiller et aller à l’école avec ses fournitures scolaires, le jour de la rentrée.

Les filles ne sont pas en reste. Certaines d’entre elles, privées des loisirs qui rythment le quotidien d’autres filles vivant dans des familles plus aisées, se ruent vers Dakar pour décrocher des emplois domestiques de plus en plus rares. Elles viennent pour la plupart des zones rurales des régions de Fatick, Diourbel, Kaolack (centre), Thiès (ouest), etc. C

ertaines d’entre elles parcourent des kilomètres par jour à la recherche d’un hypothétique emploi domestique, allant de maison en maison. « C’est la première fois que je viens à Dakar. L’année dernière, mes parents estimaient que j’étais trop petite pour ce genre de travail. Mon père prend de l’âge et ne peut plus subvenir à nos besoins financiers », explique Salimata, l’aînée d’une fratrie de quatre enfants. A la différence de Salimata, Ndaté dit se livrer au travail domestique pour alléger le fardeau financier de son père.

Ce dernier a les moyens de la prendre en charge, affirme la jeune fille, qui dit préférer travailler pour se prendre en charge avec ses propres moyens. « Je déteste tendre la main pour demander quoi que ce soit, même à mes parents. Je ne viens pas d’une famille pauvre, mais j’ai choisi d’être autonome sur le plan financier », soutient Ndaté, toute souriante.

Pour éviter de parcourir de longues distances à la recherche de travail, certaines filles se retrouvent tous les jours à des endroits où des employeurs font la ronde, à la recherche de travailleuses domestiques. On retrouve ces filles par dizaines aux alentours du carrefour de Liberté 6, un quartier dakarois, où des employeurs viennent marchander leurs services.

« C’est très difficile de trouver du travail à cette période. La plupart des ménages ne veulent pas de travailleuses qui vont rentrer chez elles à la rentrée scolaire », explique Diouldé, âgée d’une vingtaine d’années, assise sur un banc, le foulard bien noué, le regard hagard. Khady, originaire de Mbour (ouest), est poussée à la recherche d’un travail domestique par le refus de « tendre la main », une attitude qu’elle partage avec Ndaté.

A la différence de nombreuses filles, Khady est une ancienne étudiante. « J’ai fini mes études de gestion et je n’ai pas encore trouvé un emploi. En attendant, je veux me mettre au travail domestique pour satisfaire mes besoins financiers et ceux de mes frères et sœurs qui vont à l’école. Mais c’est très difficile d’en trouver. Depuis plusieurs semaines, j’en cherche », s’inquiète la Mbouroise tout en espérant décrocher l’emploi tant rêvé.

Nafi est, elle aussi, dans l’impossibilité de trouver un emploi domestique, malgré la fréquentation quotidienne du carrefour de Liberté 6. « Ça fait plusieurs semaines que je cherche du travail. Je suis allée chez mon employeur de l’année dernière, mais il n’y a plus de place disponible », affirme, désespérée, cette fille âgée de 16 ans et originaire de Thiès.

A Dakar, des courtiers jouent les intermédiaires entre les employées de maison et les ménages. Mouhamed Bamba Diakhaté, vêtu d’un Lacoste jaune et d’un pantalon kaki, le corps dégoulinant de sueur, est l’un de ces courtiers. Carnet d’adresses et téléphone portable à la main, il fait des va-et-vient aux abords du carrefour de Liberté 6, cherchant à nouer le contact de l’offre avec la demande. « Chaque année, on reçoit de nombreuses filles, qui sont élèves. Elles attendent d’éventuels employeurs et viennent souvent de villages lointains.

Certaines d’entre elles n’ont même pas de famille d’accueil à Dakar », affirme Mouhamed Bamba Diakhaté. Il ne suffit pas de trouver l’emploi tant recherché pour voir le bout du tunnel, car certaines travailleuses domestiques disent subir de mauvais traitements et se désolent de la lourdeur des tâches à accomplir dans les ménages. « A l’heure des repas, je me contentais des restes, après que la famille de mon employeur quittait la table à manger. Et lorsque je me suis révoltée, j’ai été renvoyée immédiatement », raconte Oulimata, venue de Fandène, dans la région de Thiès.

 

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