Accord Sénégal-Ue : Le thon vendu à 30 euros le kg en Europe et jusqu’à 2,7 millions d’euros à Tokyo
Un communiqué de la délégation de l’Union européenne à Dakar ne suffira pas pour atténuer la tempête qui a jalonné l’approbation, par les députés européens, de l’accord de pêche scandaleux entre l’Ue et le Sénégal. Car pour un scandale, c’en est un très gros. Et pour cause !
Au moment où les pêcheurs sénégalais, confrontés à la raréfaction des ressources halieutiques, se font tuer sur les côtes mauritaniennes, faute de licences de pêche ou se reconvertissent convoyeurs de migrants clandestins, l’Etat du Sénégal brade à vil prix les ressources halieutiques. Dix mille tonnes de thon et 1 750 tonnes de merlu noir cédées pour la modique somme de 3 millions d’euros (2 milliards de francs CFA). Il y a de quoi faire sursauter un mort.
Le thon vendu à 30 euros le kilo
Surtout si l’on sait que le thon, ce poisson de luxe, est vendu à prix d’or en Europe et un peu partout dans le monde. Entendre la délégation de l’Union européenne parler de «partenariat gagnant-gagnant» est plus que révoltant. Un petit calcul donne envie de s’étrangler.
Le kilogramme de thon est vendu en Europe à 30 euros. Sachant que 10 000 tonnes font 10 000 000 de kilogrammes, à raison de 30 euros le kilo, les 10 000 tonnes font 300 000 000 d’euros, soit 196?931?205?000 F CFA. Sur ce gros pactole, le Sénégal ne gagne que 3 millions d’euros (2 milliards de francs Cfa), soit un 1/100 de la valeur réelle du produit. C’est ahurissant !
Un thon de 278 kg vendu à 2,7 millions d’euros aux enchères à Tokyo
Ça l’est encore plus, à la lecture de cet article de Francebleu.fr qui fait état d’un thon vendu à un prix record. En effet, le 5 janvier 2019, «un thon rouge de 278 kilos a été vendu à un prix record de 2,7 millions d’euros à Tokyo (Japon). La somme équivaut à près de 10 000 euros le kilogramme. Du jamais vu. Le gros poisson a été acheté par une chaîne de restaurants de sushis», indique le média français.
Une raison supplémentaire pour renégocier cet accord léonin, dénoncé jusque dans la métropole française par des politiques.
«Les pauvres gens qui sont là, 50 % d’entre eux vivent de la pêche. On va faire arriver la grosse marine marchande européenne qui va tout racler. Et les pauvres gens qui sont là, quand ils seront ruinés, parce que vous leur aurez pris tout le poisson, qu’est-ce qu’ils deviennent ?», dénonce Jean-Luc Mélenchon.