AFFAIRE KARIM WADE : « IL Y A UN MALAISE, DOUBLÉ D’UN DILEMME »
Le dossier de Karim Wade, exhumé à Genève, devant le Comité des droits de l’homme, a fini par créer une cacophonie dans la communication gouvernementale. C’est du moins, l’avis des invités de l’émission Lr du Temps, ce dimanche, 19 octobre 2019.
D’emblée, l’enseignant-Chercheur en Sciences politiques, Jean Charles Biagui, campe le débat. Pour lui, il y a un malaise dans la Com’ gouvernementale. « Nous sommes dans un pays où les fonctionnaires n’ont pas généralement une certaine liberté de ton. Si les fonctionnaires du ministère de la Justice ont cette liberté, ça pourrait susciter des questions. Est-ce que réellement, ils avaient mandat pour parler de ce dossier, comme ils l’ont fait ? Ou bien, ils ont outrepasser leur limites ? Ce sont des questions et on attend des réponses », a-t-il laissé entendre.
Selon lui, la réaction du ministère des Affaires étrangères, après que les propos du directeur des droits de l’homme, Moustapha Ka, ont été rendus publics, prouve qu’il y a un réel problème de communication dans ce dossier. « Dans les systèmes politiques contemporains, la communication gouvernementale occupe une place importante. Ce que vous dites et comment vous le dites sont des choses importantes (…). D’une manière générale, il y a un malaise doublé, peut être, d’un dilemme. Le gouvernement Sénégalais est dans une posture de réconciliation. Il y a cette volonté de désamorcer la crise, d’apaiser. En même temps, il y a la volonté de ne pas remettre Karim (Wade) au centre du jeu pour des questions électoralistes légitimes. C’est la politique politicienne à la Sénégalaise », a estimé M. Biagui.
Ayant travaillé au ministère des Affaires étrangères, Hamidou Anne, lui, reconnaît qu’il a un problème de coordination sur ce dossier. « Nous n’avons pas l’habitude de voir des fonctionnaires tenir des discours qui ne proviennent pas de leur hiérarchie (…). Il y a un principe d’interministérialité. Que des fonctionnaires du ministère de la Justice et ceux des Affaires étrangères se lèvent pour aller à Genève sans aucune coordination, c’est un problème. En matière de diplomatie, l’Etat du Sénégal parle d’une seule voix », a rappelé l’Essayiste, auteur de : ’’Penser l’ Afrique qui vient ’’.
Pour M. Anne le dossier Karim Wade constitue un vrai problème pour l’Etat du Sénégal. « Depuis 8 ans, l’Etat ne parvient pas à se départir de ce dossier », a-t-il constaté. S’il en est ainsi, estime Hamidou Anne, c’est parce que : « ce dossier n’est pas seulement juridique. Elle est aussi politique. Et, c’est ce facteur qui qui crée beaucoup plus de problèmes ».