Les critiques qui se sont abattues en nombre sur la superstar brésilienne semblent avoir eu de l’effet.
Il n’y a que les idiots qui ne changent pas d’avis. Et visiblement, Neymar Jr est loin d’en être un. «Ce n’est pas un péché de grandir, d’être une star et d’avoir de grandes qualités techniques, note le sélectionneur brésilien, Tite. Evoluer et changer ce qui n’est pas bon, c’est aussi un signe de maturité. Neymar a réalisé des performances importantes et exceptionnelles. Mais il a aussi ce côté solidaire qu’il montre de plus en plus.» La superstar brésilienne du PSG semble en effet décidée à afficher un autre visage qu’au Mondial et lors du précédent exercice. Une saison 2017-18 tout sauf ratée sur le plan sportif, avec 28 buts en 30 matches. Mais il y a aussi eu le «penaltygate», des rumeurs (l’envoyant au Real Madrid) que l’intéressé ne démentait que du bout du lèvres et une attitude – au moins en apparence – détachée du club. Puis, la blessure, qui mettait un terme à sa saison et a un temps mis en doute sa participation à la Coupe du monde. Finalement, le «Ney» était bel et bien en Russie. Mais que pour devenir la risée de toute la planète en raison d’une accumulation de simulations grossières. Le tout sans avoir retrouvé l’intégralité de ses moyens.
N’en jetez plus ! La coupe était pleine et il était temps de changer. «C’était un mauvais moment dans ma carrière, jure-t-il face aux médias brésiliens. J’ai fait de gros efforts afin de revenir à temps pour la Coupe du monde. Bien sûr, je voulais être encore meilleur. J’ai donné tout ce que j’avais et je suis parti la tête haute.» Et d’ajouter, sur les simulations : «Je suis plus rapide, plus léger que mes adversaires et je subis beaucoup de fautes. Les autres joueurs ne me laisseront pas passer sans me tacler (sourire) ! C’est une expérience à retenir. Je vais m’améliorer, sur et en dehors du terrain.» C’est ce que l’on voit, au PSG ou avec la Seleçao.
D’ailleurs, Tite n’a pas hésité à confier le capitanat de la sélection à la star de 26 ans. «Le brassard peut lui permettre de voir l’aspect positif de la prise de responsabilité et de progresser. Il a encore beaucoup à faire pour grandir», note l’ex-international Gilberto Silva. Même son de cloche pour Dani Alves, grand frère de «Ney» à Barcelone hier et au PSG aujourd’hui. «Certaines choses dans la vie vous amènent à gagner en maturité. Quand les choses ne sont pas parfaites, c’est le moment de progresser, de vous réinventer. J’ai beaucoup parlé de cela à Neymar. Je crois qu’il en a conscience et qu’il gagne en expérience. (…) Grâce à cela, vous cessez d’être un gamin pour devenir un homme», lance-t-il dans les médias brésiliens.
Rattrapé par son image
Bien sûr, ce n’est pas facile de changer son image d’un coup de baguette magique. Même si depuis le début de la saison, terminé les triples roulades, les cris à la mort au moindre contact, au premier tacle appuyé. Exemple, lors du dernier Brésil-Salvador (5-0), quand l’arbitre attribuait un jaune pour simulation à l’intéressé alors… qu’il aurait dû siffler un penalty. La force de l’habitude. «Je ne sais pas ce que je dois faire pour vivre avec ça. Il est hors de question que je m’accommode de la situation. Ça doit cesser. Cela ne dépend pas de moi, peste Neymar. C’est un manque de respect. Pour moi et tous mes coéquipiers. Je pense que ce n’est pas correct. S’il pense qu’il n’y a pas penalty, OK, mais pas la peine de mettre un carton.»
Malgré cette saillie en conférence de presse, le Neymar cuvée 2018-19 semble bel et bien avoir pris du plomb dans la tête. Et retrouvé le sourire. Devant les médias, il prend le temps de disserter. Même quand les questions portent sur le Real. «J’ai un contrat avec le PSG et je vais y rester», affirme-t-il à une télévision catalane. En d’autres temps, il aurait simplement tourné les talons… Il accepte même d’être remplacé en cours de match par son nouveau coach, Thomas Tuchel ! Et de jouer en 10. Ce qui ne l’empêche d’ailleurs pas d’être décisif. «On est tous prêts à jouer où l’entraîneur le décide», déclare-t-il sur les médias du club.
Jusqu’ici, tout va bien, donc. D’autant que Neymar est plutôt très bon, même dans ce rôle de meneur de jeu. Un Neymar nouveau, tout en sobriété et en simplicité, qui n’hésite pas à faire le bonheur d’un gamin en lui offrant son maillot à Nîmes, mais qui n’oublie pas de chambrer le taquin public nîmois après un but. Chassez le naturel… En plus des critiques, l’aura grandissante de Kylian Mbappé y est-elle aussi pour quelque-chose ? «Il était blessé (au Mondial) et il devait se protéger, c’est tout», remarque le coach de Liverpool, Jurgen Klopp, rappelant que le Brésilien est surtout «un joueur exceptionnel». Il ne lui faudrait en tout cas pas tomber dans l’excès inverse et oublier ce qui a toujours fait sa force. Avec cette position plus axiale et reculée, il est moins provocateur, moins dribleur, plus passeur et organisateur. A l’image de son attitude. «Il ne doit pas perdre son audace et toujours tenter le dernier drible dans les 30 derniers mètres. C’est la marque de fabrique des joueurs brésiliens, pas seulement de Neymar, prévient Tite. En revanche, en ce qui concerne le comportement de Neymar, il parlera de lui-même et vous pourrez suivre son évolution.» On n’y manquera pas. Dès ce mardi à Liverpool (21h).