APS, SORTEZ DE VOTRE POSTURE SUICIDAIRE ! PAR ADAMA GAYE
Il faut, comme disent les wolofs, que les gens de l’agence d’information se remettent en question “Kholaat senn bopp” – Le temps des financements publics d’agences budgétivores inutiles ou propagandistes est révolu.
APS, SORTEZ DE VOTRE POSTURE SUICIDAIRE !
Il faut, comme disent les wolofs, que les gens de l’agence d’information se remettent en question “Kholaat senn bopp” – Le temps des financements publics d’agences budgétivores inutiles ou propagandistes est révolu
L’Agence de presse sénégalaise (APS) est à l’article de la mort. Son personnel et l’Etat y sont pour beaucoup. Son déclin était inévitable à force d’être restée une tribune des pouvoirs d’Etat et donc de perdre crédibilité et lectorat à mesure que la presse, assiégée par la nouvelle tecHTonique des plaques, perdait en pertinence – son business model classique devenant chaque jour plus obsolète.
Deux précisions avant d’aller plus loin :
1- Je ne souhaite pas sa mort mais sa réinvention, sous le leadership de gens capables, modernes, commercialement intelligents et agiles.
2- J’ai un lien avec cette Agence de presse pour y avoir fait mon premier stage de jeune journaliste. Je m’en souviens comme si c’était aujourd’hui : c’était un 10 juillet 1978, en compagnie de feu mon brillant promotionnaire Momar Kebe Ndiaye, nous attendions au pied de l’Immeuble qui l’abritait en face de la nouvelle Cour des comptes en construction. Il était 8 heures du matin. Les images d’une voiture officielle déboulant à vive allure du palais de la République avec à son bord l’alors Président de Mauritanie, Moctar Ould Daddah, avaient retenu mon attention. Sur les ondes courtes des radios internationales, on venait d’annoncer le coup d’Etat l’ayant renversé au cours de la nuit.
Peu après, sac noir en main, vêtu d’un kaftan de Broussard, un homme de teint noir foncé était passé devant nous pour monter à l’étage. C’est Amadou Dieng, Directeur de l’APS, dis-je à Momar, qui ne me crut pas sur l’instant tant l’homme était quelconque.
Il dut se rendre à l’évidence quand nous prîmes l’ascenseur pour le retrouver, au milieu d’une pile de journaux, sur son siège directoral. C’était lui donc !
Le stage à l’APS sous la férule d’agenciers émérites dont feu Souleymane Diop, Julaps, et Makhtar Wane, fut riche. J’y appris à utiliser les verbes actifs et le passé composé. Et à connaître sur le tableau noir les événements à couvrir, plus versés dans l’officialite -deja ; et les cartes postales, envoyées par les reporters qui accompagnaient le président Senghor, dans un style qui préfigurait nos postes virtuels ici sur le net. Je rêvais de cette vie. Du grand monde, du grand large.
Autant dire que l’APS a sa part dans le moule qui me contient aujourd’hui. Il n’en demeure pas moins vrai que déjà je voyais les limites d’un projet éditorial et commercial accroché aux basques d’un État porte sur le contrôle de la pensée et des informations.
Malgré ses déclarations, vœux de changement, jamais hélas, l’APS n’a eu le courage de couper le lien ombilical avec l’Etat-providence. En acceptant que ses rédacteurs en chef continuent de se coller aux basques des pouvoirs politiques tandis que sa direction était occupée par des larbins, faisant le sale boulot des pouvoirs successifs, y compris jusqu’à prendre la défense d’une fille d’un président, il était clair que l’APS courait à sa perte. Ses quelques tentatives pour s’éloigner de l’officiante, en donnant droit aux faits divers et de société, ne pouvaient qu’être illusoires.
Comme pour l’Agence panafricaine d’information privée de financement et étranglée, dans un état de mort clinique, l’APS, elle aussi, se trouve moribonde. L’oxygène ne venant plus, sa mort n’est plus une hypothèse secondaire mais une perspective plus que plausible.
Dans ce contexte où la presse, de manière générale, est obligée de se réinventer, sauver l’APS suppose un nouvel état d’esprit de la part de ses agents, un esprit de conquête, une capacité d’adaptation et une audace pour être à la page.
Certes, puisque l’incendie qui s’est déclarée risque de l’emporter, y verser de l’eau, sous forme d’un apport financier de l’Etat, est le minimum à espérer.
Mais après il faut, comme disent les wolofs, que les gens de l’APS se remettent en question. “Kholaat senn bopp”. Puisque le temps des financements publics d’agences budgétivores inutiles ou propagandistes est révolu.
Ayez du courage, il en va de votre survie !
Je vous soutiens mais en vous priant de sortir de ce culte du journalisme d’Etat -meme le Soleil, la RTS, donc l’APS devront s’adapter. Ou périr !
Les larmoiements et explications sur une utilité loin d’être avérée ne suffisent plus. C’est une posture suicidaire…
Bonne chance à l’APS !