Arrêté après avoir tenté d’étrangler sa tante Rokhaya Thiam, La mère de l’accusé, âgée de 71 ans, réclame de voir son fils avant de mourir.
Amady Dia a comparu à l’audience de la chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar. Il répondait des faits de tentative d’assassinat sur la personne de Rokhaya Thiam. Le parquet a requis 20 ans travaux forcés contre lui. L’affaire a été mise en délibéré pour être rendue le 2 avril prochain.
Il était là, l’air triste se souvenant certainement de cette folle journée où a débuté sa privation de liberté. Amady Dia a comparu devant la chambre criminelle du Tgi de Dakar en mobilité réduite car sur un fauteuil roulant. La vieille mère de l’accusé, âgée de 71 ans, s’apitoie sur le sort de son fils malade et réclame de le voir avant de mourir. Dans son réquisitoire, le parquet dit s’intéresser aux faits en soutenant que l’instabilité mentale n’est pas cause de l’imputabilité. « Il faut que la déficience soit constatée par un homme de l’art », fait-il savoir. Pour le défenseur de la société, la démence ne peut pas prospérer, le prévenu ne souffre d’aucune défaillance mentale.
Revenant sur les faits, le substitut du procureur déclare que la partie visée était vitale puisque l’accusé a tenté de tuer la partie civile. Il avait surpris de dos sa victime assise dans son salon en enroulant une corde autour du cou de Rokhaya Thiam pour lui ôter la vie. Elle sera sauvée par ses employés qui ont tapé à la porte, l’accusé a alors pris la fuite. Pour la répression, le parquet a requis 20 ans de travaux forcés. Il soutient qu’il y a eu tentative d’assassinat puisque le mis en cause avait l’intention ferme de commettre l’acte pour lequel il a été arrêté. L’avocat de la défense a tenté de sensibiliser sur le cas de son client interné au pavillon spécial de l’hôpital Le Dantec et qui prend énormément de médicaments pour tenir. Il faut prévoir des méthodes de sûreté pour pallier aux phénomènes criminels Selon l’avocat, la place de son client est dans la société, il faut enlever cette lourdeur des poursuites. Et de citer l’article 8 de la déclaration des droits de l’homme qui dit que « la loi ne doit pas établir des peines que si elles sont strictement nécessaire ». Une peine nécessaire doit prendre en compte la personnalité de l’accusé. La partie civile prétexte un malentendu entre sa tante et la famille. « Je l’ignore mais la famille a un sentiment haineux envers moi », déclare Rokhaya Thiam. Et la plaignante de rappeler que si elle est encore en vue c’est parce que ses employés sont venus à son secours.
Les faits se sont produits dans le salon de la victime. Selon Me Samb, l’acte univoque doit prendre en acte l’intention d’ôter la vie dans la tentative d’assassinat. Ce qui n’est pas évident dans le cas d’espèce le cas même si le médecin dit avoir constaté des signes d’étranglement, a soutenu le conseil du prévenu. Selon lui, la corde alléguée ne peut pas engendrer des traces pareilles. « Même si l’accusé avait étranglé la victime, il n’avait pas l’intention de lui donner la mort », a poursuivi l’avocat. A titre principal, il a plaidé l’acquittement au bénéfice du doute en accordant au prévenu malade et diminué physiquement des circonstances atténuantes. Répliquant après la défense, le ministère public a soutenu que la justice doit agir sans état d’âme. Elle doit être objective. « La vie d’un humain est sacrée et on ne doit pas la prendre comme on veut », a martelé le substitut du procureur. Et de rappeler qu’à la maison d’arrêt et de correction de Camp pénal, on trouve des détenus présentant des cas de maladies ou d’infirmités plus graves et dont les auteurs ont été condamnés à perpétuité. Sans laisser le maître des poursuites terminer, la défense déclare qu’on ne doit pas faire abstraction de la personne incriminée. Le tribunal a le pouvoir d’interpréter et d’analyser l’acte. Terminant sa plaidoirie, Me Samb sollicite une application bienveillante de la loi. Au final, la chambre criminelle du Tgi de Dakar a mis l’affaire en délibéré pour le 2 avril prochain.
Le Témoin