Au Sénégal, Pour un « vieux » sabre prêté pour 5 ans, la France empoche des millards en contrats d’armes
La visite de deux jours du premier ministre français à Dakar a été placée sous le signe des armes avec la restitution d’un sabre et des contrats d’armements de plusieurs milliards. Mais cette restitution n’était qu’un leurre car selon Rfi l’objet est juste prêté au Sénégal pour une durée de cinq ans.
C’était une visite éclair placée sous le signe du sabre. Arrivé samedi soir à Dakar dans le cadre d’un déplacement de quarante-huit heures, le premier ministre français, Edouard Philippe, a « restitué » au Sénégal, dès dimanche, l’épée d’El Hadj Oumar Tall, fondateur de l’empire Toucouleur qui s’étendait de la Guinée au Mali et guide spirituel de la Tidjaniya, la plus grande confrérie soufie du Sénégal. Cependant Le site de la radio française Rfi révèle que « pour rendre définitivement le sabre, le dernier mot revient aux députés français qui devront voter une loi ».
Rfi est confirmé par un autre magazine en ligne spécialisé dans l’actualité de l’histoire de l’art et du patrimoine occidental. Il estime que le premier ministre français Édouard Philippe viole la loi sur l’inaliénabilité des œuvres des musées. Le site écrit que : « le ministère des Armées a rappelé au Premier ministre que la loi n’avait pas changé, et que cette restitution était parfaitement illégale. Le ministère de la Culture a également fait valoir la même position. Édouard Philippe a donc décidé de demander que le sabre soit déposé pour cinq ans ». Une information que les autorités sénégalaises ont omis. De ce fait nombreux pensent que ce sabre revient définitivement au Sénégal.
Mais ce que le gouvernement a sous-entendu de la visite du premier Ministre français qui étaient accompagné de six ministres – dont le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, et la ministre des armées, Florence Parly –, sept parlementaires des délégations culturelles, économique, institutionnelle, sportive et éducative, se sont les contrats d’armes à coup de Milliards.
Missiles et patrouilleurs
Sous le prétexte de renforcer l’arsenal militaire sénégalais, deux des accords signés dimanche comprenaient la vente, pour plusieurs millions d’euros, de trois patrouilleurs OPV58 du groupe français Kership ainsi que de missiles du groupe européen basé en France MBDA. Selon la France, ils permettront de protéger les infrastructures gazières et pétrolières offshore qui feront du Sénégal un pays producteur aux alentours de 2021. Ils serviront aussi à mener des missions de lutte contre la pêche illégale et contre la piraterie, conjointement à la mission française Corymbe qui patrouille les eaux du golfe de Guinée.
Partant du sabre d’Oumar Tall, symbole de la domination et de la spoliation coloniale, Edouard Philippe a cherché à inaugurer une nouvelle ère de collaboration sécuritaire ; rappelant que celui-ci, issu des forges de Klingenthal dans le Bas-Rhin, était d’abord le fruit de la métallurgie du fer née en 2500 avant Jésus-Christ en Afrique. En restituant ce sabre, « alliage de nos savoir-faire », le premier ministre a exhorté les Etats d’Afrique de l’Ouest à s’unir pour ne « laisser aucune chance, aucune prise » aux groupes djihadistes dans le Sahel.
Mais ceci n’est que saupoudrage. En effet, « La tribune de l’art » dit que le stratagème du prêt de cinq ans renouvelable n’est pas admis puisque le sabre doit revenir en France dès le 6 décembre 2019 en conformité avec les lois françaises.
Pour rappel, La France avait annoncé qu’elle comptait restituer des sculptures appartenant à l’Afrique. Et dans le rapport de Felwine Sarr et de Bénédicte Savoy, il était mentionné que le sabre d’El Hadj Omar faisait partie des objets qu’il fallait restituer tout de suite.
Qu’est ce que le Sénégal gagnera économique d’une telle restitution bidon qui n’en est pas une en réalité ? N’avons pas des urgences sur le plan sanitaire, éducatif et alimentaire au lieu de fêter en grande pompe un sabre même si c’est rempli de symbole culturel ?