Pour ceux qui ne comprennent pas encore le communiqué, c’est simple. Il y eût « La Flèche des Almadies » de Senghor. Ensuite arriva « La Pointe de Sangomar » qui accompagna les 19 ans de Diouf et une partie des années Wade. Et vint par Wade « La Pointe Sarène » dont hérita Sall qui vient de décider, à son tour, de ranger le vieil appareil au Musée des archaïsmes.
La lecture du communiqué du Ministre porte-parole du Gouvernement amène à poser la question suivante : que s’est-il passé pour que le Sénégal soit obligé… en seulement 10 ans, de changer d’avion pour le président de la République (!) Comme on changerait de chemise ? L’A-319 acquis en seconde main en 2011, sous la présidence Abdoulaye Wade, était-il déjà vétuste ? Les 20 milliards de francs CFA annoncés officiellement comme étant le prix de l’avion alors utilisé par le président français Nicolas Sarkozy, se justifiaient-ils pour un tel aéronef ? Erreur de jugement. N’aurait-il pas été plus judicieux d’acquérir un nouvel appareil à l’époque ? Avec le recul, oui. Mais que n’aurions-nous pas dit !
Le même questionnement accueille l’arrivée prochaine du nouvel avion de commandement présidentiel. Son prix d’achat de 57 milliards donne de l’urticaire à de nombreux acteurs politiques et de la société civile. Normal. A chacun son rôle. Et les critiques peuvent se comprendre au regard du court intervalle entre les deux Airbus qui auront finalement coûté près de 80 milliards sans compter toutes les autres charges liées à leur exploitation. Le contexte de rareté de l’argent consécutif à la difficile période de pandémie et le plaidoyer du Sénégal pour l’annulation de la dette africaine ne sont pas moins des arguments en défaveur de l’acquisition du luxueux A-320.
Cependant, à côté de toute thèse il y a une antithèse. Pour légitimes que soient les interrogations sur l’opportunité de la dépense et les exigences de transparence exprimées, il est à reconnaître qu’un Avion présidentiel n’est pas un luxe encore moins un jouet. C’est une question de souveraineté. De rang. De prestige. De sécurité surtout du président de la République. Et de sûreté de l’Etat. S’y ajoute que le Chef de l’Etat ne sera pas le seul passager de l’avion. D’autres vont l’emprunter.
Loin d’être un jet privé, l’appareil est plutôt un bien public que le propriétaire, l’Etat du Sénégal met à la disposition du président de la République. Certes, il s’appelle aujourd’hui Macky Sall. Mais demain, il se nommera X ou Y. Quant au coût, 57 milliards jusqu’à plus ample informé, les modalités du règlement, étalé sur 24 mois nous semblent acceptables. 2 milliards 375 millions par mois, ce n’est quand même pas la mer à boire pour un Etat qui n’est pas en situation de banqueroute. Si on y soustrait les 5 milliards qui seront récupérés de la vente de la défunte Pointe Sarène, on peut dire que le compte est bon.
Le 16 juillet, la République réceptionnera son nouveau bijou. Remarquez qu’on sera à 2 jours près du 14 juillet, fête nationale de la France. Le 16 et non le 14 juillet, les symboles sont ainsi saufs. Heureusement. Bienvenue à bord, décollage imminent… !