Même si ses origines sont à trouver dans la Mauritanie voisine, Cheikh Saad Bouh compte des milliers de fidèles au Sénégal. Son premier voyage à Saint-Louis en 1872 lui ouvrira les portes du Sénégal et permettra au saint homme d’élargir sa communauté déjà très forte. De sa tendre enfance à sa disparition, survenue aujourd’hui 12 juillet 1917, cette grande figure de la voie soufie « Qadriyya » n’a cessé de se conformer aux enseignements de ses prédécesseurs pour accomplir de manière éclatante sa mission.
Né en 1848, en pleine période de conquête coloniale, Cheikh Saad Bouh a grandi à Nimzat (dans le Trarza), objet de convoitise des colons et des rois du Sénégal d’alors. En effet, le Trarza a dû faire face aux agissements des voisins du Fouta avec Almamy Abdel Kader Kane et du Walo avec lequel il a écrit la triste histoire des femmes de Nder, etc. A l’âge de 18 ans, le religieux vient s’installer au cœur du Trarza sur commande son père, Cheikh Mohammed Fadhil. Ce déplacement freinera en quelques sortes le commerce d’esclaves, principale activité des colons et des puissances tribales qui font de cette contrée une zone de transit.
Petit-fils du prophète Mohammed (psl), Cheikh Saad Bouh se comporte en digne héritier et entend perpétuer l’œuvre de son père et de son grand père. Malgré l’insécurité qui règne dans le désert que constitue le Trarza, le Cheikh voit son audience grossir. Son influence sera telle que les populations autochtones vont adhérer en masse à sa confrérie suite à la confrontation (basée sur les savoirs islamiques) avec les érudits de sa localité.
Le Trarza conquis, Cheikhna Cheikh Saad Bouh voyagera au Sénégal dans le dessein d’élargir sa communauté et prêcher la bonne parole. Le choix de Saint-Louis qui l’accueille en 1872 s’explique doublement. Ndar est non seulement la capitale du Sénégal mais il est aussi le lieu où la plupart des érudits du pays sont formés. En y mettant les pieds, à une époque où les chefs religieux musulmans sont harcelés de toutes parts, le Cheikh démontre un engagement sans faille et une intrépidité qui n’a d’égale que la grandeur de sa foi. Il reviendra d’ailleurs à Saint-Louis, une deuxième fois, en 1881, et sera reçu avec les honneurs par le gouverneur de Lanneau.
Ces différents voyages sur le Sénégal vont permettre au Chérif, descendant du prophète, de nouer des relations saintes avec d’autres religieux de son époque dont Cheikh El Hadji Malick Sy et Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké. Doté d’une excellente maîtrise de l’arabe et de ses techniques d’écriture et d’expression, Cheikh Saad Bouh laissera à la postérité une production littéraire, juridique et gnostique difficilement égalable. Septuagénaire, il rend l’âme aujourd’hui 12 juillet 1917 mais des milliers de fidèles sénégalais continuent de lui rendre grâce à la fin de chaque mois de ramadan à Nimzat.
Sources : internet
Par Ababacar Gaye