« Les voleurs se battent toujours à l’heure du partage du butin. Comment vous voulez qu’on les appelle ! N’est-ce pas que c’est leur code d’honneur ? Plus ils parlent de bradage foncier sur le domaine maritime, notre patrimoine commun, plus ils s’enfoncent. Les rancunes foncières sont meurtrières… surtout quand elles ont pour théâtre l’Atlantique !
Car les aveux sont circonstanciés. C’est la preuve irréfutable du tong-tong foncier auquel ils se sont livrés et se livrent encore et toujours dans une boulimie qui n’a d’égal que leur appétit insatiable. Et comme si cela ne suffisait pas de pomper nos terres à leur unique profit, ils nous pompent l’air ! Fed up, on en a marre !
Ce n’est pas seulement le dépeçage du littoral, donc sa défiguration, qui est choquant et scandaleux. C’est aussi et surtout la gourmandise avec laquelle les bénéficiaires, parce qu’étant dans des positions d’influence, ont mis la main sur un patrimoine exceptionnel. Empêchant ainsi le citoyen ordinaire, considéré de seconde zone, d’accéder à un droit fondamental : le droit à la terre, à la mer et à l’air. Gourmandise, avions-nous dit. Franchement, que fait-on avec des dizaines de milliers de mètres carrés pour juste un usage d’habitation quand 150 à 300 mètres carrés suffisent largement à notre bonheur ? Pire, il y en a parmi « les heureux élus de la terre » qui se livrent à de l’escroquerie pure et simple. Le chat a un nom : CHAT. TOUT SIMPLEMENT.
Le modus operandi de ces écumeurs consiste à demander d’importantes assiettes foncières sous prétexte de raisons industrielles. Faux prétexte bien entendu. A l’arrivée, non seulement ils n’y réalisent pas la plus petite unité de production. Pis encore, ils en revendent tout ou partie à prix d’or pour leur enrichissement personnel. Le fisc n’y voit que l’écume des vagues océaniques ! Vous voulez être riche, joni joni ? Ici et tout de suite ? Alors la spéculation foncière est la voie la plus rapide ! La voie royale même !
Une véritable industrie de l’escroquerie s’est établie dans notre pays avec la complicité coupable de l’État du Sénégal. Une vraie situation de rente sur nos têtes et nos terres. Et dans ce contexte l’Etat complice ose demander aux badolos, crève-la-faim, de se suffire du projet des 100 mille logements sociaux. Qui tardent d’ailleurs à sortir de terre. Fracture sociale, injustice sociale.
L’information majeure du conseil des ministres de ce mercredi est moins le fait que le président de la République ait tapé sur la table, en invitant ses ministres « à veiller au respect des règles de gestion foncière au plan national ». L’information, la vraie, est que l’Etat avoue encore son laxisme. Si sa ligne de défense est de dire : « Je n’étais pas au courant », c’est déjà une faute grave. Mais elle serait encore à la fois grave et lourde, si l’excuse consiste à confesser : « J’étais au courant mais je ne pouvais rien faire ». Double faute. Impardonnable. Il a fallu donc au gouvernement, avant qu’il ne se réveille, que le volcan endormi des Mamelles menace lui-même de se réveiller sous les coups de bulldozers. Mais bon, il n’est jamais trop tard pour se remettre d’aplomb. Il fait jour sur le tong-tong foncier. Rendons grâce à la lumière du phare des Mamelles.
Qu’on s’entende bien. Le propos n’est pas de soutenir qu’il faut se contenter de contempler la terre « tourner autour du soleil » en se gardant de toute mise en valeur. En effet, il ne s’agit point de dire que les terres, habitables ou arables, ne doivent pas être exploitées. Bien au contraire ! Au Sénégal, le constat est même que la terre n’est pas suffisamment valorisée. Le domaine public maritime ne devrait pas y échapper. Pourvu seulement que toute entreprise de valorisation soit organisée par l’Etat, à défaut d’être de son fait exclusif. Le Dpm est un bien commun et comme tel, il doit profiter à tous. Sa privatisation à outrance depuis de longues années n’est pas acceptable. D’ailleurs, que fait-on de la servitude non aedificandi qui interdit toute construction sur certaines zones ? Senghor, réveille-toi, ils sont devenus trop gourmands et débordent « Les Dents de la mer ». Assez de nous boucher le coin ! On étouffe. We can’t breathe. »