L’ex-président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a annoncé ce samedi 7 mai qu’il allait « retourner au combat » pour briguer un troisième mandat afin de « reconstruire » le pays. Il s’est allié avec le centre droit pour cette élection d’octobre dans un pays très polarisé depuis l’élection de Jair Bolsonaro.
« La reconstruction et la transformation du Brésil, qui seront plus difficiles que l’élection elle-même », a avertit Luiz Inacio Lula da Silva, 76 ans, lors d’un meeting devant 4 000 partisans à Sao Paulo. Douze ans après avoir quitté le pouvoir avec un taux d’approbation stratosphérique (87%), Le vieux lion de la gauche brésilienne va briguer un troisième mandat. L’ancien syndicaliste est le seul à pouvoir battre dans les urnes un Jair Bolsonaro (67 ans) qu’il distance dans tous les sondages, mais qui semble prêt à tout pour conserver le pouvoir.
« Politique criminelle »
« Que voulons-nous?? Le Brésil de la démocratie ou de l’autoritarisme?? Le choix n’a jamais été aussi simple », a scandé Lula devant la foule qui l’acclamait. « Le Brésil est trop grand pour être relégué au rang de paria », a encore lancé l’ex-président, répétant qu’il prétendait « restaurer la souveraineté » du pays, face à « la politique irresponsable et criminelle du gouvernement ». L’ancien syndicaliste estime que son héritage – réduction des inégalités, politiques sociales, promotion de l’éducation – a été « détruit, démantelé ».
Lula, costume marine et col de chemise ouvert, s’est contenté de lire son discours, regardant assez peu le public et évitant les grandes envolées dont il était spécialiste. Ses proches lui ont conseillé de montrer un visage rassurant, après des déclarations controversées. Lors d’un entretien au magazine Time cette semaine, il s’en est pris au président ukrainien Volodymyr Zelensky, ce « bon humoriste » qui est « aussi responsable » de la guerre dans son pays que son homologue russe Vladimir Poutine.
Union sacrée
Dans le but de montrer une union sacrée pour battre Jair Bolsonaro, le candidat à la vice-présidence de Lula, Geraldo Alckmin, ancien gouverneur de centre droit de Sao Paulo, a déclaré dans son discours en vidéo conférence qu’ « aucune divergence » ne pourrait l’empêcher de remplir « sa mission, la défense de la démocratie ».
Cette nouvelle candidature a un goût de revanche pour l’ex-président, dont le bannissement de la course en 2018 avait permis l’élection de Jair Bolsonaro. Emprisonné un an et demi pour corruption, sa carrière politique semblait terminée jusqu’à ce que la Cour suprême annule ses condamnations en mars 2021.
Dès la semaine prochaine, Lula va partir en campagne et sillonner le pays – comme le fait depuis des mois le président-candidat Bolsonaro. La présidentielle des 2 et 30 octobre témoignera de l’extrême polarisation de l’immense pays émergent de 213 millions d’habitants.