Dans un passé récent, il a demandé que l’on «fusille les transhumants», aujourd’hui, le pyromane, la fausse fierté en bandoulière, revient avec ce discours incendiaire invitant le Président Sall à «mater» ceux qui veulent exprimer leur opposition à la hausse du prix de l’électricité.
Cet homme qui parle sans mesurer l’impact de son discours dans un climat social tendu, a pourtant assumé des fonctions au sommet de l’Etat, avec un Me Wade aux commandes. Il prétend connaître l’Etat, en étalant ses formules : «Un Etat ne recule pas…il ne faiblit pas…il doit rester fort». Mais comment peux-t-on parler d’une chose que l’on n’a jamais su incarner. Un vrai homme d’Etat – malheureusement le magister de Me Wade a fait sauter les verrous de l’enquête de moralité –sait au moins une chose : la singularité des situations n’autorise aucun président de la République à appliquer des formules toutes faites, sans une bonne lecture du contexte, structurée autour de ce qu’on pourrait appeler l’intelligence de l’instant.
Haine envers le peuple !
Dans quelle école de sciences politiques a-t-il appris qu’un «Etat ne recule pas» ? Mon Dieu ! D’ailleurs, le transhumant qui s’est fait hara-kiri peut-il nous donner des exemples dans le monde où l’Etat a pris le dessus face à un peuple déterminé ? Croire que la répression est la panacée pour contenir ce vent de contestation légitime, c’est vraiment«taper poteau», pour parler comme mes frères ivoiriens. Preuve que le chef de l’Etat n’est pas toujours entouré de bons conseillers. Gageons que le Président Sall n’écoutera, sur ce dossier, ces oiseaux de mauvais augure qui prêchent pour leur chapelle. Leur discours a une telle résonnance personnelle et intéressée, qu’il a du mal à s’élever pour titiller les sommets de l’intérêt général.
Mais qu’est-ce qui expliquerait tant de haine envers un peuple qui vous a tout donné ? Pourquoi tant de mépris à son égard au point de le taxer de «… gens» et de «hors-la-loi» ? Pourquoi tant d’impertinence à l’égard des populations qui veulent juste exprimer, de manière pacifique, leur colère contre une hausse qui va gruger le budget familial ?
S’il avait lu Augusto Del Noce …
Lui et l’autre pyromane défenseur des «mandats à perpétuité» ne peuvent comprendre le sens du combat du peuple dont la sueur a permis d’arroser leur jardin d’Eden. S’il avait lu Augusto Del Noce, ce brûleur «fusillé» aurait une autre approche de l’Etat : «La valeur ultime à laquelle le régime démocratique est ordonné n’est pas l’avantage matériel de la nation ou de la classe, mais l’idée de la non-violence (ou de la persuasion)». La force aveugle qu’il souhaite voir répandre sur la place de l’indépendance ne laissera certainement aucune place à l’objection. Mais attention à la métastase …contestataire !
L’éthique : quand la pratique contredit la théorie ?
Sa sortie pourrait poser le problème de l’éthique en politique. Un sujet qu’il a théorisé lors de son discours inaugural face aux étudiants de l’IAM en 2015 autour du binôme «Ethique et Politique», comme l’a rappelé avec brio mon confrère, Serigne Saliou Guèye dans son excellent papier «Leçons non sues d’un vil transhumant». L’ex Pm s’est-il réellement tracé une ligne rouge dans son positionnement politique ? Tout comme le théoricien des «mandats à perpétuité», la pratique politique semble montrer quelques conflits avec l’éthique qu’il définie comme : «une pratique, un comportement dans des situations réelles, comportement que l’on juge en conformité avec le juste, le légal, le responsable, à l’équitable, l’impartial, le transparent, le démocratique… il me semble cependant que nous continuons de vivre un déficit éthique important et qu’en dépit des déclarations courantes sur les progrès de la bonne gouvernance, en dépit de la création d’organes de surveillance, en dépit des séminaires et rencontres internationaux nombreux sur l’éthique et la transparence, le peuple reste dubitatif, insatisfait. Le peuple est en attente d’une plus grande rigueur dans le comportement éthique de nos politiciens».
Espérons que le Président Sall ne tombera pas dans le piège des pyromanes. Il gagnerait à adopter une posture pacifique en établissant le fil du dialogue avec les manifestants. L’Etat doit se donner les moyens d’encadrer le rassemblement à la Place de l’indépendance.
Complot ambiant
Ce n’est pas ce peuple qui a élu Macky Sall à plus de 58% des suffrages qui menacera son pouvoir, mais ces pyromanes qui créent des phobies artificielles autour du chef de l’Etat. Le complot n’est ni rampant ni debout, mais ambiant. Que Dieu protège son Excellence de ces incendiaires.