CE QUE LES PRÉSIDENTS AFRICAINS ONT DIT À L’ONU
Sécurité, démocratie, développement, multilatéralisme ou encore plaidoyers pro domo : tour d’horizon des déclarations des chefs d’Etat africains à la tribune de la 73ème Assemblée générale de l’ONU à New-York.
• Paul Kagame, président du Rwanda et président en exercice de l’Union africaine (UA)
« L’évolution positive qu’a connu l’Afrique au cours de l’année écoulée mérite l’attention [de la communauté internationale], a lancé le président rwandais, Paul Kagame, rappelant les avancées enregistrées par l’Union africaine en une année : la réduction de 12 % du budget de l’institution, la hausse de la contribution financières des États africains à ce budget et aux opérations d’appui à la paix, mais aussi l’accord sur la Zone de libre-échange africaine.
« Dans aucune autre région, la solidarité transnationale et l’unité ne sont ressenties aussi profondément qu’en Afrique », a déclaré Paul Kagame, pointant toutefois du doigt la situation sécuritaire délétère dans certains pays – Centrafrique, Libye, Sahel et Soudan du Sud – et la fragilité des transitions politiques, notamment dans la Corne de l’Afrique et au Zimbabwe. « Nous avons cédé la responsabilité de notre avenir à d’autres, non pas par la force, mais par défaut. Mais les temps changent rapidement. Et, partant, la position mondiale de l’Afrique doit changer également », a-t-il martelé.
• Joseph Kabila, président de la RDC
Attendu notamment sur les problèmes sécuritaire et politique dans son pays, Joseph Kabila, le président congolais s’est montré offensif. « Nous avons réussi à inverser la tendance dangereuse au centre du pays et à améliorer significativement la situation, pendant qu’au Nord-Est, les efforts méritoires fournis par les forces de défense et de sécurité, nous permettaient de contenir les attaques terroristes » a affirmé Joseph Kabila.
« Vingt ans après le déploiement des forces onusiennes » et « en raison de leurs résultats largement mitigés au plan opérationnel » il a exigé le « début effectif et substantiel du retrait de cette force multilatérale ».
À propos de la situation politique en RDC, Joseph Kabila s’est dit enthousiaste du fait que son pays « gagne en lisibilité » ; « toutes les échéances prévues au calendrier électoral, en vue des prochains scrutins, étant à ce jour tenues ».
• Saadeddine El Othmani, chef du gouvernement du Maroc
Le représentant du roi Mohammed VI, Saadeddine El Othmani, a plaidé pour des « approches innovantes visant à faire avancer le multilatéralisme, qui connaît une crise conceptuelle ».
Le chef du gouvernement marocain s’est également prononcé sur la crise israélo-palestinienne, appelant les Nations unies à relancer le processus de création d’un État palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale.
El Othmani a ensuite dénoncé « l’ingérence de quelques puissances régionales dans les affaires internes de certains pays arabes » en Afrique du Nord et au Moyen orient. « Cela porte atteinte à notre sécurité, à notre stabilité, à notre souveraineté et à notre intégrité territoriale et nationale », a-t-il affirmé, appelant « ces puissances à arrêter toutes les mesures qui vont à l’encontre du droit international et des principes de bon voisinage ».
À propos du conflit au Sahara occidental, l’envoyé du roi Mohammed VI estime qu’il est une « source d’instabilité » et « un obstacle à l’intégration maghrébine ». Il a notamment appelé à trouver une « solution politique pérenne », accusant l’Algérie d’avoir « créé et renforcé cette crise », et l’invitant « prendre ses responsabilités historiques et politiques ».
• Muhammadu Buhari, président du Nigeria
Le président nigérian a alerté sur la situation sécuritaire qui a « empiré » dans le Sahel et dans le bassin du lac Tchad. Affirmant que le terrorisme qui sévit dans ces zones est alimenté par des « facteurs dynamiques locaux, mais aussi par le mouvement jihadiste international, les anciens combattants de l’Irak et de la Syrie et des armes provenant de la désintégration de la Libye », Muhammadu Buhari a également évoqué les problématiques climatiques.
Il a appelé la communauté internationale à accompagner les efforts de reconstitution du lac Tchad, « source essentielle de moyens de subsistance pour plus de 45 millions d’habitants de la région », qui subit un « rétrécissement dramatique » provoquant « l’assèchement des terres arables ». Cette situation est une aubaine pour le terrorisme et cause de migrations, a insisté le président nigérian, appelant par ailleurs à accélérer la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU pour le rendre plus « équitable » et « représentatif ».
• Matamela Cyril Ramaphosa, président de l’Afrique du Sud
Pour sa première session de l’Assemblée générale des Nations unies, le chef d’État a centré son intervention sur la jeunesse. « Cette époque est une époque de jeune », a lancé Cyril Ramaphosa, président de l’Afrique du Sud. « Nous somme dans un monde où plus de la moitié de la population a moins de 30 ans. Ce phénomène est encore plus prononcé sur le continent africain », a-t-il déclaré, insistant sur la nécessité de respecter les dispositions du Programme de développement durable à l’horizon 2030, du Programme d’Action d’Addis-Abeba sur le financement du développement et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques. Ce dernier étant, selon lui, un « engagement commun à faire échec à la pauvreté, au sous-développement et la détérioration de l’environnement ».
« Nous devons tout faire pour que la génération future ne subisse pas les répercussion des guerres actuelles » , a ajouté le chef d’État sud-africain, avant de conclure : l’Afrique est la « prochaine frontière de la croissance mondiale ».
• Arthur Peter Mutharika, président du Malawi
La recherche de la paix et du développement humain ont été au cœur de l’intervention d’Arthur Peter Mutharika, chef de l’État du Malawi. « J’exhorte les membre de cette Assemblée à défendre l’étendard de la paix, comme l’avait fait mon frère Kofi Annan », a-t-il plaidé.
« La paix est une aspiration humaine universelle », a-t-il également lancé, en appelant par ailleurs à la responsabilité collective pour assurer la sécurité aux réfugiés.
• Abdel Fattah al-Sisi, président de l’Égypte
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi a consacré une bonne partie de son discours aux conflits au Yémen, en Syrie et en Libye. « Nous ne pouvons pas, aujourd’hui, nous contenter de solutions partielles. Des crises de cette ampleur requièrent des solutions globales et non partielles », a-t-il avancé. La résolution des conflits internationaux, juge Abdel Fattah al-Sisi, requiert « l’engagement en faveur de solutions pacifiques et durables ».
Le développement durable est également, selon lui, une « condition préalable à la stabilité dans le monde, et la meilleure façon de prévenir les conflits armés et les crises humanitaires ».
• Adama Barrow, président de la Gambie
« Après une impasse politique, un moment difficile en décembre 2016, les Gambiens sont parvenus, avec l’appui de nos partenaires, à rétablir la démocratie et l’État de droit ». Deux ans après son élection la tête de la Gambie, Adama Barrow a défendu son bilan, listant les mesures prises pour restaurer la démocratie dans son pays. « Nous avons mené à bien pleinement notre processus électoral avec l’organisation d’élection à la fois législatives et locale ».
Le chef d’État gambien a également présenté le « Plan de développement national 2018-2021 » ayant comme axes principaux la construction d’infrastructures, la croissance de la production agricole et de l’emploi.