Alors que la France commémore en ce moment les événements de juin 1940, lors de la débâcle du début de la Seconde Guerre mondiale, à Chasselay, au nord de Lyon, c’est à des tirailleurs africains que l’on pense. Les 19 et 20 juin, près de 200 d’entre eux furent froidement assassinés par les Allemands. C’est l’un des plus importants massacres de soldats noirs commis alors quasi systématiquement.
Pour beaucoup de militaires allemands, ils n’étaient pas des soldats, ni même des hommes, mais plutôt des « Affen », des singes. La preuve de la dégénérescence de la France et de son armée, selon la propagande nazie. C’est gorgé de cette haine, de cette peur, qu’ils déchaînent leur violence contre les troupes coloniales tandis que la France s’écroule.
Le 17 juin, le maréchal Pétain appelle à cesser le combat. Au nord de Lyon, les 19 et 20 juin, le 25e régiment de tirailleurs sénégalais résiste, suit l’ordre de l’état-major de freiner la descente allemande vers le Rhône. Les combats sont inégaux et les tirailleurs contraints à la reddition. Les militaires noirs fait prisonniers sont séparés des blancs et abattus par les mitrailleuses des panzers. D’autres sont également assassinés lors d’une véritable chasse aux tirailleurs engagée dans les environs.
Une nécropole de 196 stèles
Aujourd’hui, 196 stèles peuplent la nécropole nationale de Chasselay, entourées de quatre pyramides bardées de pieux, ocres elles aussi, et gardées par des masques traditionnels. Le « Tata » (« enceinte sacrée » en wolof), construit dès 1942 à l’initiative d’un ancien combattant, Jean Marchiani, qui a lui-même acheté le terrain, garde vive la mémoire de ces hommes morts pour la France en région lyonnaise.