La coalition dirigée par Khalifa Sall se vide de plus en plus de son monde. Depuis quelques temps, plusieurs responsables de cette entité ont rejoint la mouvance présidentielle. Le dernier cas est celui du maire de la Médina, Bamba Fall, qui a renoué avec la direction du Parti socialiste.
Autour de Khalifa Sall, c’est presque le vide. En plus de ses déboires judiciaires, l’ancien maire de Dakar perd de plus en plus de soutiens. Et pas des moindres. En effet, le dernier en date, est l’édile de la Médina. Bamba Fall a, à travers une sortie radiophonique, confirmé son retour à la maison du Parti socialiste.
Si, dans un passé récent, Bamba Fall a posé la libération de Khalifa Sall comme principale condition pour les retrouvailles de la famille socialiste, aujourd’hui, son discours est tout autre.
‘’Le passé est derrière nous. Ensemble, nous allons reconstruire le parti pour qu’il soit beaucoup plus attractif. Je suis dans le parti et j’y retournerai. Ensemble, nous montrerons à tout le monde qu’on a le plus grand parti du Sénégal’’, a déclaré Bamba Fall sur la Rfm.
Avant Bamba Fall, d’autres membres de Taxawu Senegaal ont aussi déserté les rangs pour rejoindre la mouvance présidentielle.
Dans ce lot, figure le maire de Dakar-Plateau Alioune Ndoye qui, accompagné d’autres maires de la majorité du département de Dakar, a affiché sa volonté ferme de tourner le dos à la coalition Taxawu Senegaal de Khalifa Sall, à la veille des élections du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct). Mieux, Alioune Ndoye a été choisi par le secrétaire général du Parti socialiste, Ousmane Tanor Dieng, pour remplacer Khalifa Sall à la mairie de Dakar, mais cette tentative sera vaine.
L’élection du maire de Dakar a été un moment décisif pour Khalifa Sall et ses soutiens. Des divergences ont encore refait surface au sein de la coalition Taxawu Senegaal. Cette fois, c’est le maire des Parcelles-Assainies, Moussa Sy, et celui de la Patte d’Oie, Banda Diop, qui lâchent leurs ‘’frères’’ de la coalition. En effet, ils sont tous les deux candidats pour succéder au maire socialiste avec qui ils partagent jusque-là la même alliance.
Pour Moussa Sy, c’était l’occasion rêvée de divorcer avec le maire de Dakar. «Je n’étais pas parti pour être maire de Dakar. J’étais parti pour poser un acte politique, pour dire à Khalifa Sall que j’ai arrêté, je pars. Ma candidature était pour confirmer mon divorce d’avec Khalifa Sall», fait-il savoir.
Moussa Diaw (politologue) : ‘’Les perspectives ne sont pas bonnes dans la coalition de Khalifa Sall’’
L’édile de la Patte d’Oie a, pour sa part, commencé à geler ses activités au sein de la coalition Taxawu Senegaal, au lendemain de l’élection du maire de Dakar, après la victoire de Sokham El Wardini. Et c’est à la veille de la présidentielle que Banda Diop rend public son soutien au président Macky Sall. «Je tiens à préciser que je ne rejoins pas le parti de Macky Sall, mais je soutiens le candidat qu’il est pour l’avenir», a-t-il laissé entendre face à la presse. Mieux, il a été désigné président du comité électoral de la mouvance présidentielle dans sa commune.
Pour l’enseignant-chercheur à l’Ugb, les départs notés dans la coalition Taxawu Senegaal de Khalifa Sall sont des manœuvres politiques entamées d’abord par Macky Sall, ensuite par Ousmane Tanor Dieng. Ce, afin de mener des négociations fortes pour la composition du gouvernement à venir. Pour Moussa Diaw, les perspectives ne sont pas bonnes dans la coalition dirigée par l’ancien maire de Dakar. «C’est l’incertitude, il n’y a rien qui indique que Khalifa Sall sortira dans de courts délais. Aucune annonce claire n’est décelée pour pouvoir penser à un avenir clair avec lui», constate Moussa Diaw.
A ses yeux, c’est cette incertitude qui crée un vide et pousse les proches du maire de Dakar à partir. «Leur nouvelle destination est beaucoup plus sûre, car c’est un appareil qui a une représentation au niveau national et a une capacité de mobilisation. S’il y a un vide autour de Khalifa Sall, c’est parce qu’il y a la reconstitution ailleurs et cette reconstitution fait que ceux qui ont des ambitions politiques veulent se retrouver avec ceux qui ont l’appareil politique au niveau national», analyse l’enseignant-chercheur.