La mort de l’hippopotame à Kédougou continue de faire des vagues avec une pluie d’indignations. Une source officielle, qui a requis l’anonymat, est revenue pour nous sur les conditions dans lesquelles la décision d’abattre l’animal a été prise.
MANQUE DE SEDATIF
« C’est vers 7 heures que les officiels ont été alertés de la présence d’un hippopotame dans la commune de Kédougou. De concert, nous avons pris le soin de nous en référer aux textes quand on a pris connaissance de la taille de l’animal. En pareilles circonstances, la législation nous dit qu’il faut abattre l’animal s’il représente un danger public. Nous aurions pu le faire automatiquement, mais nous avons fait en sorte que cela ne soit qu’un dernier recours. L’instruction qui a été donnée aux différentes équipes présentes sur les lieux c’était d’essayer de l’orienter vers le fleuve. Et avec sa masse, si l’hippopotame se rapprochait d’un individu, il pouvait le blesser voire pire, le tuer. Nous avons essayé de voir si on pouvait disposer de sédatif, pour l’endormir et voir ensuite comment le déplacer et l’amener à proximité du fleuve pour qu’à son réveil, il puisse replonger dans les eaux. Malheureusement, en mettant à contribution les services des eaux et forêts qui gèrent les parcs, on s’est retrouvé face au constat qu’il n’y avait pas de sédatif à disposition dans toute la zone. »
SUREXCITATION DE L’ANIMAL
« A un moment donné, l’animal était affolé. Il était même entré dans un campement, « Chez Moïse ». S’il avait trouvé quelqu’un là-bas, ça aurait pu être un drame. Quand, on s’était arrangé pour le sortir du campement, nous avons demandé de faire un rideau pour l’encadrer tout en éloignant la foule. Si vous regardez bien la vidéo, vous verrez les éléments de sapeurs en train de former un rideau pour l’encadrer. L’idéal, c’était qu’il se dirigeât du côté du fleuve, grâce à son flair. En plus, toute la population était sortie massivement pour regarder l’animal, tandis que le temps filait. Avec cette clameur, mais également avec le fait que le soleil commençait à taper, l’animal s’excitait de plus en plus et avec la lumière du jour, n’arrivait pas à voir. Dans ces conditions, il faut savoir que sa vue est presque proche du néant, il se dirige par son flair pour sentir le chemin qui mène au fleuve. Mais quand il y a un vacarme tel que celui qu’il y avait, naturellement, l’animal est perturbé et plus on avance dans le temps, plus il s’énerve et s’excite à force de tourner en rond. Finalement, lorsqu’il s’est dirigé vers le marché, le danger était devenu plus grand parce que dans un marché, il y a des personnes âgées et un animal de cette envergure qui les trouve là par surprise, ça peut créer des dégâts inestimables. C’est en ce moment que la décision de l’abattre a été prise et la réquisition faite au monsieur qui disposait d’un fusil de chasse. C’est une décision qui a fait mal, mais nous étions en présence d’un cas de force majeur, et dans ce contexte, la sécurité des populations était prioritaire. Nous l’avons prise en dernier recours, après plusieurs heures. »
RÉQUISITION DU CHASSEUR FRANÇAIS
« Ce qu’il faut savoir, c’est qu’un hippopotame, c’est un animal de grande envergure, très résistant. Les armes de petits calibres 5.5, les pistolets automatiques (comme ceux des gendarmes) ne pouvaient pas l’abattre. Il fallait au minimum une arme de calibre 7.5. Il n’y a que l’armée en possession de ce type d’armes. Mais le souci, c’est que c’est une arme de gros calibre, qu’on ne peut pas utiliser n’importe comment, surtout pas en ville. Le fusil avait des balles en plomb et il a fallu qu’il tire 5 cartouches pour abattre l’animal, qui dans sa course, était tombé dans une fosse septique et on ne pouvait pas l’en tirer puisque les filets à disposition ne sont faits que pour des animaux d’une centaine de kilos. Il faut savoir que ce n’était pas un petit hippopotame et qu’il n’était donc pas possible de le capturer avec les filets dont les Sapeurs-pompiers disposent. L’animal pèse plus de 700 kilos et les filets en question sont prévus pour les animaux dont le poids tourne autour d’une centaine de kilos. »
IMAGES SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX
« On ne peut pas interdire aux gens d’utiliser leurs smartphones. Nous sommes dans une ère où les gens cherchent toujours à filmer et à diffuser sur les réseaux sociaux. Gérer la situation d’urgence et demander à chacun de ne pas filmer, c’est impossible. »