Confidence de Mademba Ramata Dia* : « Cheikh Béthio m’a sauvé la vie »

0 25

Il est des moments où se taire devient un crime. Surtout si l’homme vous a épargné d’un possible drame qui pouvait même vous coûter la vie. Il s’agit de Cheikh Béthio Thioune, guide des « Thiantacounes, aujourd’hui disparu.

Chasse au pisse-copie

Nous étions en 1997. A l’époque, j’étais jeune reporter et correspondant à Mbacké du quotidien le « Matin » ( ancêtre de Direct Info). Avec la fougue qui me caractérisait et la passion que j’avais pour le journalisme, je tentais toujours de sortir des sentiers battus.. Un jour, j’ai écrit un article très acerbe sur la gestion de la communauté rurale de Touba, dirigée à l’époque par Cheikh Béthio avec la bénédiction de Serigne Saliou Mbacké. Cette parution a fait monter l’adrénaline du côté de ses talibés. Très en colère contre ma personne, ils se sont dit qu’il fallait corriger cet impénitent pisse-copie. Ce fut la chasse à un sorcier du nom de Mademba Ramata Dia. Cet article était perçu comme une offense à leur guide. A bord d’un pajero, cinq personnes m’ont trouvé à Mbacké dans ma chambre. Après les avoir installés, ils m’ont fait savoir que mon article a provoqué un tsunami à Janatoul Mahwa, fief du Cheikh. Son entourage était dans tous ses états. Le Cheikh demande à te rencontrer.

Des questionnements s’enchevêtrent dans ma tête : que veulent-ils réellement ? N’était-il pas risqué d’aller dans leur véhicule ? Ont-ils un agenda caché ? Autant d’interrogations qui m’envahissaient. Il fallait prendre une décision. Mon option a été la suivante : laisser la tempête passer et aller voir le marabout le lendemain.

Un homme affable et un grand républicain

Leur insistance a fini par payer. Je m’y rends avec la peur au ventre. Une fois arrivé , le Cheikh m’accueillit avec son humour légendaire. Nous nous expliquions dans la sérénité. J’ai découvert en lui un homme affable , un haut fonctionnaire et un grand républicain. A la fin de la rencontre , il lâcha cette phrase ; « j’ai tout pardonné . Serigne Saliou m’a instruit de ne pas verser dans l’adversité ‘. Sur ces entrefaites, il ordonna à ses disciples de tout enterrer et de plus me considérer comme Lucifer ( le Démon).

Ce fut la délivrance pour moi. La réaction de certains talibés était imprévisible. Mais le Cheikh a indiqué la Direction et a tempéré les ardeurs débordantes des uns et des autres. Ainsi, je pouvais allègrement déambuler dans les artères de la ville sainte sans coup férir. Cheikh Béthio venait ainsi de m’éviter l’irréparable : ma vie a été sauve grâce au guide des Thiantacones. Que le Paradis soit sa demeure éternelle

A ,,, Dieu Cheikh Béthio Thioune

*Journaliste et analyste politique

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.