En disant publiquement et sans langue de bois qu’il ne signera pas la charte de non violence, Sonko fait ce qu’il sait faire le mieux à savoir retourner une situation, une pression contre ses « auteurs »… la contre offensive. En lançant la pétition, les religieux comptaient mettre la pression sur les politiques qui n’oseraient pas prendre le risque d’être traités de politiciens violents en refusant de la signer… Comme on le sait, dans de pareille situation, les politiques rasent souvent les murs et refusent d’assumer leurs positions et donc de donner leurs contre arguments.
Sonko, en se prononçant publiquement et sans langue de bois, règle deux problèmes :
– il pousse les religieux à poser le débat de manière claire sur la question des violences et donc les amener à identifier tous les types de violence sans partie pris… et à identifier les moyens de lutte contre chaque type de violence… le message de Sonko est clair, net et précis, il dit aux auteurs de la charte : convainquez moi de votre impartialité et de votre engagement à lutter contre toutes les violences avant que je ne signe… Sonko le dit à sa manière en rejetant la charte… et donc en interpellant indirectement les religieux…
– il déplace ainsi la pression du côté des auteurs de la charte qui devront prouver qu’il s’agit d’une vraie charte qui ne défend que l’intérêt général et est contre toutes les violences (les violences administratives à savoir, entre autres, les restrictions abusives des libertés, le non respect des droits des uns et des autres, les violences policières, les répressions aveugles des manifestations, les violences judiciaires a savoir entre autres le sentiment d’une justice a deux vitesses, les violences verbales et physiques a savoir entre autres les discours musclés des uns et des autres…)…
On ne peut pas faire l’économie de ce débat. La lutte contre les violences passe d’abord par un discours de vérité. Pour la fin de l’apartheid en Afrique du Sud, ils étaient allés chercher Mandela en prison pour négocier avec lui alors qu’ils pouvaient négocier avec une marionnette… Mais ils savaient que la marionnette n’aurait aucune chance après pour faire appliquer les résultats des négociations, la base allait tout rejeter. Ils ont donc préférer négocier avec Mandela sachant qu’ils ne pouvaient pas le manipuler et que les négociations allaient être plus difficiles, mais au moins avec une certitude : Mandela avait la crédibilité et la légitimité pour faire respecter tout pacte signé avec lui. Juste pour dire que quand on veut la paix et la paix seulement il ne faut pas avoir peur de poser les vrais débats avec les vrais acteurs…
PS : Une charte de non violence ne saurait être un simple contrat d’adhésion, on l’élabore après avoir écouté tout le monde, identifier toutes les sources et types de violence et les moyens de les éradiquer…
Sayyidina Abu Bakr As-saddiq